La plainte de l’Azerbaïdjan contre « Cash Investigation » irrecevable
Les journalistes Elise Lucet et Laurent Richard étaient poursuivis par l’Azerbaïdjan pour avoir qualifié cet État de « dictature » et son dirigeant de « despote » : la justice française a jugé mardi cette plainte irrecevable. L’État caucasien avait porté plainte peu après la diffusion, le septembre dans l’émission « Cash Investigation » sur France , d’un reportage sur les coulisses des voyages présidentiels de François Hollande, largement consacré à l’Azerbaïdjan. La présentatrice Elise Lucet avait introduit le sujet en présentant le régime de Bakou comme une « dictature, l’une des plus féroces au monde ». Évoquant le même jour sur France Info ce reportage dont il est l’auteur, le journaliste d’investigation Laurent Richard – également jugé dans cette affaire, comme la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte – avait lui qualifié le président azerbaïdjanais Ilham Aliev de « dictateur »etde« despote ». Le tribunal correctionnel de Nanterre a cependant estimé mardi que « la plainte avec constitution de partie civile de l’État d’Azerbaïdjan » qui les visait « était irrecevable ». « La loi sur la liberté de la presse a pour objectif d’assurer la liberté d’expression et ne permet pas à un État d’engager des poursuites contre un particulier », a souligné la présidente du tribunal, rappelant qu’en la matière, « la loi pénale était d’interprétation stricte » et que l’Azerbaïdjan n’avait « pas plus de droits que l’État français ». L’avocat de l’État d’Azerbaïdjan Olivier Pardo a aussitôt dénoncé un « déni de justice », indiquant qu’il allait conseiller à son client de faire appel. « Il est parfaitement aberrant de dire qu’un État ne serait pas recevable à agir en diffamation » car« cela signifie qu’on pourrait insulter un État comme on veut » sans que celuici« puisse se défendre », a-t-il déclaré. L’avocat a concédé que l’Azerbaïdjan n’était certes « pas une démocratie parfaite », mais qu’il a « aboli la peine de mort », « signé la Convention européenne des droits de l’Homme » et abrite notamment « partis politiques ». L’État caucasien occupe néanmoins la e place sur dans le dernier classement de la liberté de la presse établi par l’organisation Reporters sans frontières (RSF).