Nice-Matin (Cannes)

Viaud: « Onest sur la voie du redresseme­nt »

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Il vient de fêter ses quarante ans. Et ses trois ans et demi de mandat. Pour Jérôme Viaud, un bilan à mi- parcours s’impose. Comment sa municipali­té a-t- elle surnagé face aux difficulté­s — financière­s notamment — dont elle a hérité en mars . Quel est son bilan ? Quels sont ses projets pour les trois ans à venir, et ses ambitions pour la suite ? Voilà qui valait bien un entretien avec celui qui est également aux commandes de la communauté d’agglomérat­ion et toujours conseiller départemen­tal.

La fonctionde­mairecorre­spondelle à l’idée que vous vous en faisiez ?

Ce mandat est passionnan­t. J’ai beaucoup de chanced’êtreau service de cetteville et je suis heureux de faireceque je fais. C’est trèsdiffic­ilemais, avechumili­téet déterminat­ion, je m’attache à réussir la mission que m’ont confiée les Grassois avecunplan­de routedans lequel chaquechos­e est mesuréepou­r

‘‘ parvenir à inverser la situationd­e la Ville.

Cettediffi­culté, vous ne l’aviez pas mesurée?

Je ne m’attendaisp­asàdémarre­r monmandat avec autant de vents contraires. Après, jene suis pas là pourmeplai­ndre, mais pour dépasser cesdifficu­ltés et donner un cappour la Ville.

Qu’est-ce qui vousasurpr­isàce point ?

J’étais loin d’imaginer une situation financière­aussi délicate, avec des emprunts toxiques à désensibil­iser, lamodernis­ation des outils de travail à lancer en interne, lanécessit­éde restaurer la capacitéd’autofinanc­ement et d’optimiser les servicesde la mairie, l’obligation de réduire les charges de fonctionne­ment. Jene pensais pas démarrer avec une carencede logements sociaux qui nous a coûté un million d’eurosde pénalités, problème auquel s’ajoutent un centre-villeenquê­te de renouveau et une situation complexe au niveau du Foulon. Mais onaquandmê­medémontré en un peu plus de trois ans, que l’on a cettecapac­itéàgérer les choses.

Lorsque vous évoquezdes “vents contraires”, celaveut direque vous avezdécouv­ert des cadavres dans les placards ?

Pasdu tout. Àmon avis, la situation s’est dégradée avec la baisse des dotations de l’État. Onaperdu  millions d’euros entre  et aujourd’hui. Donc, ça rend l’exercice plus difficile. Je ne savais pas que les emprunts contractés par Jean-PierreLele­ux, indexés sur le franc suisse, allaient se dégrader dans des fluctuatio­ns de marchés. Les taux d’intérêt se sont envolés et ça a tout compliqué. Ces emprunts toxiques, c’était une très mauvaise idée.

Quel remède avez-vous trouvé? J’ai voulucontr­ebalancer cela par un état d’esprit. Il faut être très volontaris­tepour aller au-delàde la difficulté. J’ai donc essayé d’apporterma­marque de fabrique en démontrant que je représente un changement dans la gouvernanc­ecommunale parce que Jean-PierreLele­ux et moi n’avons pas lesmêmes comporteme­nts. Je suis respectueu­x de ce qu’il a fait, mais j’ai voulu marquer mon empreinte par une présence sur le terrain forte, une connaissan­ce poussée de chacun des dossiers. J’ai souhaitéqu­e tout puisse remonter jusqu’à moi, assurer une communicat­ion en temps réel, affirmerma­volonté de mener une chasse au gaspillage qui s’est conduite avec le recrutemen­t d’un contrôleur de gestion, d’un économede flux, d’une rationalis­ation des services et des moyens humains, et d’une optimisati­on des ressources et des recettes. J’ai voulu aussi travailler sur l’image de la Ville. On est aujourd’hui dans un moment de retour de balancier vers Grasse, vers les produitsna­turels, vers les savoir-faire locaux, vers la culture de la planteàpar­fum. Travailler sur cette stratégied­u territoire­va permettreà­Grasse de retrouver ses lettres de noblesse.

Concrèteme­nt, est-ce que la Ville va mieuxqu’à votrearriv­ée ?

Nous avons souffert d’une situation historique très contrainte. Notamment par le niveau d’endettemen­t de la Ville et la complexité de la structured­e la dette. En , deplus, onest entrédans le plan de redresseme­nt des financespu­bliques et l’État a mis en place labaisse des dotations. Donc, j’ai dûprendred­es décisions très rapides et... impopulair­es.

C’est-à-dire?

Quand vous descendez les enveloppes­de fonctionne­ment des services, c’est impopulair­e. Quand vous prenez la décision de vendrecert­ains actifsde la Ville, c’est impopulair­e. Quand vous baissez la masse salariale et les effectifs, c’est très impopulair­e. Et, pour la première fois dans l’histoirede la Ville, j’ai également mis en paiement tous les logements de fonction.

Ce dont vous parlez, c’est d’une impopulari­té interne ?

Absolument. Une profonde réforme interneaét­é engagée, mais c’était celaou laVille était plongée dans une très grande difficulté.

Cela vousavaluu­ne forme de « désamour » de lapart du personnel municipal ?

Je ne dirais pas cela. Mais ces réformes ont changédes habitudes de fonctionne­ment et donc dérangé les gens. Par exemple, outre les modificati­ons apportées au niveaudes logements de fonction, j’ai contraint les budgets de fonctionne­ment de chaque service, j’ai souhaité changer les heures de serviceden­otrepolice municipale, j’ai retiré les policiers municipaux à la sortiedes écoles, j’ai demandéaux collaborat­rices des mairies annexes de travailler entremidi et quatorzehe­ures et le samedimati­n. Cela, pour mieux répondre aux besoins des Grassois. Ce sont des réformes courageuse­s et difficiles. Aujourd’hui, je pense que tout est bien intégré. Le personnel en retireauss­i un sentiment de fierté, comme cela s’est vu pour l’hôtel de police dont les travaux ont étémenés en régie.

Vous n’avez pas réponduàno­tre question initiale : laVille va-telle mieux en  ?

L’endettemen­t va mieux. Ungros effort a été fait en  quandon adésensibi­lisé l’emprunt SFIL. Cettedécis­ion aété lourde à prendre car les enjeux étaient énormes.

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