Brexit: Paris et Amsterdam remportent les agences londoniennes
L’Autorité bancaireeuropéenne (EBA) quitte Londres pour Paris. Voilà l’une des conséquences du Brexit, annoncée hier, enmême temps qu’était voté le déménagement pour Amsterdam de l’Agence européenne du médicament (EMA). Ces décisions ont été prises à l’issue de votes à suspense, conclus par des tirages au sort pour départager les candidats en lice. Les deux agences européennes, contraintes toutes deux de plier bagages après des années passéesdans le quartier d’affaires londonien de Canary Wharf, subissent logiquement la décision du Royaume-Uni de quitter l’Unioneuropéenne (UE). Deux déménagementsqui ont aiguisé l’appétit des 27 pays membres hier, intéressés par l’accueil de ces agences, de leurs employés et de leurs familles, avec toutes les retombées économiques associées. Pour éviter que cette concurrence ne compromette l’unité que l’UE s’efforce d’afficher depuis l’annonce du Brexit, les 27 avaient imaginé uneprocédure de vote très complexe, que des diplomates se sont amusés à comparer à l’imprévisible concours télévisé de l’Eurovision. En coulisses, « il y a eu des marchandages étonnants », selon une source diplomatique, les différents gouvernements tentant de s’assurer le soutiend’autres pays lors du vote de lundi, organisé à bulletin secret en marge d’une réunion ministérielle à Bruxelles. Au total, 19 villes étaient proposéesaudépart pour accueillir l’EMA et ses près de 900 employés, chargés d’évaluer et de superviser les médicaments. Trois villes s’étaient toutefois désistées dans la dernière ligne droite avant le vote.
Lille ne remporte pas l’Agence européenne du médicament
La décision finale en faveur de la capitale des Pays-Bas s’est jouée par un tirage au sort, selon une source diplomatique, Amsterdam et Milan ayant reçu le même nombredepoints lors d’un troisième tour final. Les candidatures de Bonn et Lille n’avaient, elles, récolté que trois pointsau premier tour, selon une autre source diplomatique – cequi correspond au nombredepoints que chaque pays pouvait accorder lors de ce tour initialàson premier choix. En France, le mauvais résultat lillois adéclenché des critiques contre leprésident Emmanuel Macron, auquel la maire socialiste de la ville, Martine Aubry, et le président de la région Xavier Bertrand (droite) ont reproché un « soutien tardif ». Mais la France a remporté l’accueil de l’autre agence en jeu, l’EBA, et de ses quelque 170 employés. La liste des postulants était moins longue pour cette institution, avec huit candidats, dont Francfort et Dublin. Àégalité au troisième tour, Paris et la capitale irlandaise ont dû être départagées par un nouveau tirage au sort, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques. La Commission européenne avait livré fin septembre une évaluation des candidatures, basée sur des critères comme l’accessibilité des sites ou les perspectives d’emploi pour les conjoints. Mais elle s’était bien gardée de formuler des préférences, et les États membres étaient libres de voter comme ils l’entendaient. « Quel que soit le résultat, le véritable vainqueur du vote est l’UE à 27 », avait estimé avant le vote le président du Conseil européen Donald Tusk, estimant que cette décision démontrerait la bonnepréparation des Européens avant l’échéance du Brexit, prévue fin mars 2019. Le déménagement de ces agences est « le premier résultat visible » duBrexit, a réagi de son côté la Commission européenne après le vote.