Les habitants ont besoin de perspectives
«C’est un quartier simple et agréable.» Comme Luc Lambert, pharmacien installé sur le boulevard, plusieurs commerçants et habitants du quartier apprécient la tranquillité du lieu, la proximité de la Croix des Gardes, celle du centre-ville… L’endroit est calme. Trop calme?
Désert médical et manque d’espaces communs
Le Riou fait partie des déserts médicaux de la ville. «Je suis le seul médecin du quartier et je prends ma retraite dans un mois… s’inquiète Gilbert Licari, depuis son cabinet installé au n°19 (photo, en bas à droite). Heureusement que la maison de retraite a ses propres praticiens! Actuellement, beaucoup d’habitants du Riou sont obligés d’aller jusqu’à la Zac des Mimosas, au Cannet.» Pas toujours facile, pour le troisième âge en particulier, de faire le déplacement. Autre problème, les jeunes doivent eux aussi sortir du quartier dès qu’ils veulent se réunir ailleurs que sur le stade de la résidence Le Périer. Coiffeuse chez MC Coiffure, au n°15 ter, Anaïs, 21 ans, témoigne : « J’ai vécu ici pendant des années et j’ai fini par déménager, je m’ennuyais trop. » «Il existe pourtant tous les transports, pistes cyclables etc. pour se rendre en centre-ville, à la MJC Picaud… » remarque Thierry Migoule, DGS de la mairie. «Ce serait quand même mieux d’avoir des locaux communs dans notre quartier où passer le temps , déplore un jeune de 25 ans campé avec un ami au pied de son HLM, la résidence Le Périer. Il ne faut pas s’étonner sinon que les 15-20 ans traînent dehors. » Selon les informations recueillies sur place, un local a déjà été mis à disposition dans la résidence par le passé, mais a fini par fermer après avoir été squatté. Actuellement, réouvrir un espace pour les jeunes n’est visiblement pas une priorité ni pour les élus, ni pour l’office HLM. « Nos interlocuteurs, ce ne sont pas les jeunes, mais leurs parents, qui ne nous ont pas fait ce type de demande, rapporte Christophe Fiorentino, élu à la mairie et à l’intercommunalité, qui est responsable de l’office. Ce que nous demandent surtout les résidents, c’est d’assurer leur sécurité. »
« Le quartier manque vraiment d’un éducateur »
Le quartier n’a rien d’un ghetto et pourtant, les grillages de la résidence sont régulièrement dégradés. De leur côté, les boulistes (photo, à gauche) accusent certains jeunes de leur voler du matériel… Un peu plus loin, devant la supérette Proxi, Marcel, 50 ans, vêtu d’un blouson de cuir, est catégorique. «Le quartier manque vraiment d’un éducateur pour les encadrer et apaiser le quartier. Il ne faut pas demander à la police de faire un travail qui n’est pas le sien. De mon temps, il y avait la MJC et ça marchait très bien. » Depuis le début des années 1990, la MJC a laissé la place à un «espace enfance et loisirs » pour les 6 à 12 ans, géré par l’association Cannes Jeunesse. Les nouveaux occupants ont, eux aussi, force de proposition. « D’expérience, je sais que créer une médiathèque peut être une très bonne approche pour accompagner les jeunes », affirme Jamal Jarrar, directeur adjoint de Cannes Jeunesse chargé de l’animation. « Nous sommes prêts à contribuer à faire vivre une telle structure pour le quartier. Avec une médiathèque, on crée des conditions où les jeunes peuvent construire des projets. »
Des citoyens veulent organiser des concerts
Des habitants du Riou travaillent, de leur côté, à un projet d’événements culturels qu’ils souhaiteraient organiser dans le petit théâtre verdure situé derrière le centre loisirs jeunesse, avec le soutien de Cannes Jeunesse. « Nous pourrions à terme organiser des concerts régulièrement», confie Olivier Saïssi, l’un des porteurs du projet, qui devrait se préciser « d’ici quelques semaines ». Est-ce que la mairie apporterait son soutien à un tel projet, s’il se précisait ? « Bien sûr, si Cannes Jeunesse nous le propose », répond Thierry Migoule. « Ce petit théâtre est fait pour ça, même s’il faut faire attention aux éventuelles nuisances sonores. Mais on ne va pas construire de nouvelle structure. »