La végétation de l’Estérel souffre de la sécheresse
Feuillages ocres et branches dévitalisées : les plantes du massif, sans eau depuis avril, sont à bout. Et les récentes pluies n’effacent pas les incertitudes quant à une reprise de la vie au printemps
En ce mois de novembre, la carte postale qu’offre le relief de l’Estérel aux randonneurs est anormalement terne. Car si les versants nord conservent assez bien leurs habituelles nuances de vert, sur les faces orientées au sud, les dégâts occasionnés par la sécheresse de ces derniers mois sont bien visibles. Brunes, voire grises, de grandes masses de végétation alertent sur leur état de dépérissement. « L’an dernier, les faibles précipitations nous avaient déjà fait remarquer un affaiblissement parmi les espèces exogènes comme l’eucalyptus, note Christophe Pint-Girardot, technicien forestier à l’ONF. Ce sont évidemment ces essences qui ont décliné en premier cette année ».
Les espèces locales ne sont pas épargnées
Mais elles ne sont pas les seules... Le garde forestier prend une branche de chêne-liège entre ses doigts : elle craque au moindre effort et révèle un coeur privé de toute vitalité. Même les plantes endogènes comme le chêne-liège, l’arbousier ou la lavande, habituées à la rudesse du climat local, ont été fortement impactées. Ce phénomène, le garde forestier avoue ne l’avoir jamais constaté avant aujourd’hui. Il faut dire qu’avec seulement une cinquantaine de millimètres de précipitations tombées au cours des six derniers mois, la situation est exceptionnelle.
Quid des récentes précipitations ?
À tel point que nous sommes arrivés cette année au stade « extrême » où les plantes n’arrivent plus à survivre dans leur environnement. Pourtant, celles-ci ne manquent pas d’astuces pour s’accommoder au manque d’eau. Leur desséchement général révèle en creux la virulence de cet épisode aride. « Il existe plusieurs étapes par lesquelles passent les espèces végétales pour s’accommoder de la sécheresse, explique Christophe Pint-Girardot. Le premier est l’adaptation, qui se traduit notamment par le développement d’un feuillage plus fin, d’un système racinaire fortement ramifié ou encore d’une écorce plus épaisse pour se protéger des rayons du soleil. Puis, si les conditions de vie sont encore trop rudes, les plantes migrent, vers les hauteurs notamment, où il fait plus frais...» Dans de telles conditions, on ne peut que se réjouir des quelque 25 mm de précipitations tombés au cours des derniers jours. Mais est-ce que cela change vraiment la donne ? « En premier lieu, ça permet d’écarter le risque incendie qui n’était pas retombé depuis l’été, commente le technicien forestier. Plus directement, ça va faire du bien aux arbres qui sont mal en point, c’est sûr... Mais vu l’état dans lequel s’est retrouvé la forêt, il va falloir attendre le printemps pour voir si la végétation arrive à reprendre l’an prochain ».
Sécurisation des voies de circulation
Dans le cas contraire, de nombreux arbres devront être abattus, ce dont s’occupe actuellement l’Office national des forêts. Car les arbres fragilisés menacent de s’effondrer sur les usagers du site. Il s’agit donc de mettre en sécurité les axes fréquentés par le public. Plus profondément dans la forêt, la mort d’un arbre n’est pas un mal, car sa décomposition apporte à la fois humus pour la flore et insectes, sources de nourriture pour la faune. Quels que soient les caprices de la météo, la nature trouve toujours un chemin. Comme le montrent les premiers rejets qui émergent déjà des spécimens intégralement grillés.