Dddddd Mechas et Manga La force du désir Etre soi-même
De Kornél Mundruczó (Hongrie). Avec Merab Ninidze, Zsombor Jéger, György Cserhalmi. Genre : drame. Durée : h . Notre avis : ★★★ Alors qu’il traverse illégalement la frontière, un jeune migrant est abattu par la police. Laissé pour mort, Aryan (Zsombor Jéger) découvre qu’il a désormais le pouvoir de léviter. Jeté dans un camp de réfugiés une fois redescendu sur terre, il s’en échappe avec l’aide du Dr Stern (Merab Ninidze), un alcoolique criblé de dettes qui nourrit le projet d’exploiter ses extraordinaires pouvoirs. Les deux hommes prennent la fuite en quête d’argent et de sécurité, poursuivis par le directeur du camp. Fasciné par l’incroyable don d’Aryan, Stern décide de tout miser sur un monde où les miracles s’achètent… De Jonathan Dayton et Valerie Faris (GrandeBretagne, États-Unis). Avec Emma Stone, Steve Carell, Andrea Riseborough. Genre : comédie dramatique. Durée : h . Notre avis : ★★★ 1972. La championne de tennis Billie Jean King (Emma Stone) remporte trois titres du Grand Chelem. Mais loin de se satisfaire de son palmarès, elle s’engage dans un combat pour que les femmes soient aussi respectées que les hommes sur les courts de De Junji Shimizu (Japon). Avec Natsuki Hanae, Unshô Ishizuka, Ai Kayan. Genre : animation. Durée : h . Notre avis : ★★★ Koji Kabuto, un lycéen et son robot Mazinger Z, livrent bataille au Dr Hell, un savant fou qui veut dominer le monde. En 1972, soit quelques années avant Goldorak, Go Nagai créait Mazinger et démocratisait par la même occasion le concept des « Mechas », ces armures robotiques géantes ultra sophistiquées, pilotées de Prix Un Certain Regard 2014 pour l’impressionnant White God, le Hongrois Kornel Mundruczo a sidéré le Festival de Cannes 2017 avec cette fable mystico-politique, filmée comme un polar fantastique. L’utilisation à des fins purement spectaculaires du honteux traitement des réfugiés en Hongrie tennis. C’est alors que l’ancien numéro un mondial Bobby Riggs (Steve Carell), profondément misogyne et provocateur met Billie Jean au défi de l’affronter en match simple… Les réalisateurs de Little Miss Sunshine aux commandes, un scénario signé par l’auteur de Slumdog Millionnaire, la présence du maître de l’humour Steve Carell et de la star oscarisée Emma Stone, à contre-emploi, loin de son rôle glamour de La La Land… Sans oublier un sujet à la mode, l’égalité homme / femme, et la forme du biopic… Soit tous les ingrédients d’une formule calculée dans son moindre détail. Le procédé fonctionne pourtant à plein régime grâce à la justesse des situations et le sérieux de l’équipe. Rythmé, drôle, intelligent, cette Battle of The Sexes derrière son allure de film indépendant arrive à retranscrire l’atmosphère des années 1970, époque à la fois marquée par l’insouciance et les préjugés. En choisissant de délaisser la partie sportive – les matchs sont d’ailleurs filmés platement, loin de la virtuosité du récent Borg/McEnroe – pour se consacrer pleinement sur le conflit intérieur de Billie Jean, Jonathan Dayton et Valérie Faris retranscrivent efficacement les valeurs de sa noble lutte et l’importance que peut revêtir l’enjeu d’une simple rencontre de gala. La victoire de la dame ayant, en effet, grandement contribué à rendre les salaires féminins à la hauteur de leurs homologues masculins lors des tournois du grand chelem. l’intérieur par un humain. Pour célébrer les 45 ans de la saga, un long-métrage ressuscite héros et vilains en rendant hommage par sa patte graphique à la technologie de l’époque. En plus d’assurer sur l’aspect nostalgique, ce volet « Z » s’inscrit dans la modernité par sa manière d’aborder le rapport entre l’homme, la nature et la robotique. À travers ces éléments Junji Shimizu s’attaque de front aux problèmes des attentats et place les gouvernements face à leurs responsabilités. Les peuples sont-ils capables de ne pas se faire la guerre ? D’avoir une définition commune de la notion de paix ? Que signifie aujourd’hui dominer ? Autant de questions soulevées entre deux combats spectaculaires, clins d’oeil aux fans… et une théorie alambiquée de multivers (croisement des univers) dont on se serait bien passé. C. C. et le contenu ouvertement religieux du film ont hérissé pas mal de festivaliers. Mais quoi qu’on pense du fond, on reste confondu par la virtuosité de la mise en scène, avec des séquences appelées à devenir cultes, comme celle dite de l’« Immaculée Inception », dans laquelle le héros retourne littéralement une pièce comme dans le film de Christopher Nolan, celle de la poursuite en voitures filmée au ras du sol (un modèle du genre) ou ce long travelling d’ouverture sur des réfugiés courant dans la forêt… De quoi donner des idées à Hollywood pour utiliser les talents du réalisateur Hongrois à des fins plus ouvertement commerciales. De Joachim Trier (Norvège, France, Danemark, Suède). Avec Eili Harboe, Okay Kaya, Ellen Dorrit Petersen. Genre : drame, Science fiction. Durée : h . Notre avis : Thelma (Eili Harboe), une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses très dévots parents, située sur la côte ouest de la Norvège, pour aller étudier dans une université d’Oslo. Là, elle se sent irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja (Okay Kaya). Un jour à la bibliothèque, Thelma fait une crise d’épilepsie d’une violence inouïe… Après un décevant Back Home anglo-saxon présenté en 2015 sur la Croisette, Joachim Trier revient dans sa Norvège avec un thriller qui rappelle par certains aspects le cultissime Carrie de Brian De Palma. Après une première séquence choc au cours d’une partie de chasse, dont le côté dérangeant fera sens dans le final, l’auteur de Oslo, 31 août arrive à allier les tourments liés à l’adolescence au thriller fantastique avec une grande maturité. Souligné par une photo somptueuse à l’allure de papier glacé, les errements psychologiques de cette Thelma qui se découvre, peu à peu, le pouvoir de donner vie à tous ses désirs par la seule force de sa pensée, bouscule. La beauté troublante d’Eili Harboe apporte une surcouche supplémentaire au mystère entretenu par une réalisation à la fois esthétique et épurée, qui n’hésite pas à provoquer nos peurs. Une réussite. C. C. D’Anne Fontaine (France). Avec Finnegan Oldfield, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne. Genre : drame. Durée : h . Notre avis : ★★★ Martin Clément (Finnegan Oldfield), né Marvin Bijou (Jules Porier), a fui. Il a fui son petit village des Vosges. Il a fui sa famille, la tyrannie de son père (Grégory Gadebois), la résignation de sa mère (Catherine Salée). Il a fui l’intolérance et le rejet, les brimades auxquelles l’exposaient tout ce qui faisait de lui un garçon « différent ». Envers et contre tout, il s’est quand même trouvé des alliés. D’abord, Madeleine Clément (Catherine Mouchet), la principale du collège qui lui a fait découvrir le théâtre, et dont il empruntera le nom pour symbole de son salut. Et puis Abel Pinto (Vincent Macaigne), le modèle bienveillant qui l’encouragera à raconter sur scène toute son histoire… Sur un montage parallèle classique, entre l’enfance de Marvin et sa réalisation de soi à l’âge adulte, Anne Fontaine brosse un portrait délicat d’un garçon solitaire forcé de se taire dans un environnement instable, marqué par le manque de culture et où personne de toute façon ne comprendrait son homosexualité. Sa parole, il la libère sur scène, comme si le théâtre lui permettait d’exorciser ses démons. Anne Fontaine capte les instants, entoure son bellâtre aux yeux verts de seconds rôles fort bien écrits et incarnés. Mentions spéciales à Gregory Gadebois en père massif, alcoolique, fainéant mais pas violent, aux idées toutes faites ne sachant pas exprimer son amour et à Vincent Macaigne artiste qui n’a de cesse de se mettre en scène pour exister. Dans le double rôle phare, le jeune Jules Porier et Finnegan Oldfield sont complémentaires et leur jeu tout en intériorité émeut. Sans doute aussi parce que la réalisatrice sait filmer les corps tout en fouillant au plus profond des psychologies, sans avoir peur d’alterner les moments durs et les instants tendres, ni faire pleurer les hommes. Pas si fréquent. C. C.