Enquête sur le -Juillet à Nice : deux juges à la police municipale
La révélation, hier, d’un banal acte d’instruction de deux juges niçois chargés d’enquêter après l’attentat sur le dispositif de sécurité du 14 juillet 2016, a aussitôt viré à la polémique
Yavait-il suffisamment de policiers nationaux et municipaux le soir de la tragédie du 14-Juillet 2016 ? Avec un bilan de 86 morts et plus de 400 blessés, cette lancinante et douloureuse question continue d’alimenter la polémique. En janvier, le procureur de la République Jean-Michel Prêtre avait requis un non-lieu à l’issue d’une enquête préliminaire sur le dispositif de sécurité mis en place le soir de l’attentat. Selon le parquet, aucun fait ne permettait d’engager la responsabilité pénale de l’État ou de la municipalité. Même si Christian Estrosi, dès le lendemain de l’attentat, avait mis en cause le ministère de l’Intérieur et l’insuffisance des effectifs de la police nationale sur la promenade des Anglais. Vingt-trois plaintes de proches de victimes adressées au doyen des juges d’instruction de Nice ont rouvert ce dossier ultrasensible.
La question de la vidéosurveillance
Il y aurait, aujourd’hui, une centaine de plaignants qui demandent aux magistrats instructeurs de faire la lumière sur les failles du dispositif de sécurité déployé lors de la Prom Party et du feu d’artifice, événement qui avait attiré plus de 30 000 personnes. Pourquoi Lahouaiej Bouhlel a-t-il eu toute latitude pour repérer les lieux les jours qui ont précédé l’attentat, notamment au volant de son camion de 19 tonnes de location ? Il y a un mois, deux juges d’instruction accompagnés d’enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale, se sont rendus au Centre de supervision urbain de Nice, où convergent en temps réel les images de vidéosurveillance de la ville. Cette information du Parisien, qui relatait un acte d’enquête, a été largement commentée toute la journée d’hier. Les magistrats souhaitaient comprendre pourquoi le camion du terroriste, repéré à onze reprises sur les écrans de contrôle, n’avait pas été intercepté. La liste des personnes présente les jours où le camion a été vu a été relevée. Le mot « perquisition », a été aussitôt contesté par le maire Christian Estrosi, interviewé hier matin sur France Info à ce sujet. À travers un communiqué diffusé hier après-midi, Lauriano Azinheirinha, le directeur général des services techniques de la Ville de Nice, a précisé «qu’au cours de cette visite, selon les instructions de Christian Estrosi qui a toujours souhaité la transparence et la manifestation de la vérité dans ce dossier, la Ville de Nice, partie civile dans cette procédure, a répondu à toutes les questions posées par les magistrats. Un procès-verbal a été établi par le juge ».
« Un simple transport sur les lieux »
Lauriano Azinheirinha ajoute « qu’il s’agissait d’un simple transport sur les lieux afin d’effectuer des constatations utiles à l’instruction. [...] Il n’y a pas eu de PV de perquisition mentionnant les pièces saisies mais une réquisition judiciaire a été adressée au directeur de la police municipale afin que la ville transmette les pièces demandées ». Une fois ces précisions apportées, la Ville de Nice rappelle qu’elle contribuera « à l’établissement de la vérité, qu’elle a toujours appelée de ses voeux, pour la mémoire des victimes, mais en respectant le secret de l’instruction dont la violation est un délit pénal ». Par ailleurs, l’enquête sur le terroriste et ses complices présumés se poursuit à la PJ. Il y a a, à ce jour, neuf personnes mises en examen qui devront, un jour ou l’autre, répondre devant une cour d’assises de leur aide, plus ou moins active, à Lahouaiej Bouhlel et à son entreprise terroriste. CH. P.