Nice-Matin (Cannes)

Samia Maktouf: « Il y a bien eu perquisiti­on! »

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

« Cela soulage les familles. Enfin, elles voient que des magistrats font leur travail en dehors de toute raison d’État.» Samia Maktouf, pugnace avocate au barreau de Paris, défend une trentaine de familles de victimes dans l’attentat de Nice. Contredisa­nt les dénégation­s du maire de Nice, Christian Estrosi, elle l’affirme: il y a bien eu perquisiti­on dans les locaux du Centre de supervisio­n urbain. « Il y a eu un transport sur les lieux, des éléments ont été saisis, notamment une liste de personnes de permanence le soir de l’attentat, dans le centre de contrôle vidéo. Ce document a été mis sous scellés, c’est la définition d’une perquisiti­on », s’agace l’avocate. « Le procès-verbal porte le visa des articles 92 et 93 du Code de procédure pénale, portant respective­ment sur les perquisiti­ons et le transport sur les lieux. Donc il s’agit bien d’une perquisiti­on, mot qui figure d’ailleurs en toutes lettres dans le titre du procèsverb­al. Je suis donc très surprise d’entendre la Ville de Nice en parler en d’autres termes et n’évoquer qu’une simple “visite”.»

« C’est grave »

Elle salue au passage le travail des juges Alain Chemama et Chantal Russo qui mènent ce dossier. Les deux magistrats niçois instruisen­t la plainte déposée à l’encontre des organisate­urs et responsabl­es de la sécurité de la Prom’ Party du 14 juillet 2016. Plainte dans laquelle une centaine de parties civiles se sont manifestée­s. Elle avait été initiée par les parents du petit Yanis, 4 ans, mortelleme­nt fauché ce soir-là. « Que pour de la politique politicien­ne on taise ce genre de choses et qu’on ne communique pas sur la manière dont on aurait pu détecter un comporteme­nt ambigu, qui était à l’évidence un comporteme­nt de repérages, c’est grave », clame froidement Me Maktouf. Selon elle, les onze repérages en quatre jours du terroriste de Nice auraient dû être détectés. « On n’a donc pas tiré les leçons de l’affaire Mehrah? Là aussi, comme à Nice, les signaux étaient visibles mais personne ne les a analysés. » Selon l’avocate, les onze repérages – «etpas à la sauvette » – du terroriste et de son camion, ont été relayés sur « plusieurs » écrans au Centre de supervisio­n. « Comment expliquer alors que personne n’ait fait une note pour s’en étonner, que des vérificati­ons n’aient pas été effectuées, alors même que la circulatio­n des véhicules utilitaire­s était interdite entre le 11 et le 14 juillet? Cela me choque! Ces personnes devront en répondre. » Selon Me Samia Maktouf, cette perquisiti­on, elle insiste sur le mot, est « une lueur d’espoir pour les clients, un pas de plus vers la manifestat­ion de la vérité ».

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(Photo archives/ALP) Me Samia Maktouf, ici lors du procès Mehrah.

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