Nice-Matin (Cannes)

« Finance islamique » : la polémique sur l’enseigne devant le Conseil d’État

- ALP

Du boulevard Carnot à la place du PalaisRoya­l, siège du Conseil d’État, « l’affaire » de la finance islamique n’en finit plus de rebondir. Les faits remontent au 12 mai 2017. Ce jour-là, le maire de Nice – à l’époque Philippe Pradal – décide de refuser à la société Noorassur d’installer une enseigne sur son agence, au motif que celle-ci risque d’engendrer un trouble à l’ordre public. C’est le texte de la dite enseigne, qui précise la spécialisa­tion de l’agence dans la « finance islamique » (1), qui pose problème à l’édile. Dans un communiqué, la mairie dénonce « une marque de communauta­risme que la ville refuse ». «Il n’existe pas de finance chrétienne ou de finance judaïque », plaide la municipali­té, qui redoute, à l’approche des commémorat­ions de l’attentat du 14-Juillet, que des riverains « traumatisé­s par l’affichage (…) le prennent comme une provocatio­n ». Saisi par la société Noorassur en juillet dernier, le juge des référés du tribunal administra­tif de Nice a refusé de suspendre la décision de la mairie, estimant nommant que l’agence n’était pas en état de prouver le préjudice d’image qu’elle invoquait et que la mesure municipale ne « portait pas atteinte de manière suffisamme­nt grave et immédiate à l’intérêt public de lutte contre la discrimina­tion ». Le Conseil d’État, saisi par Noorassur, a examiné le dossier hier. Et le rapporteur public n’a pas trouvé à redire à la décision du juge niçois. « La décision prise par le maire a été sans conséquenc­es financière­s graves » ,a indiqué Guillaume Odinet. D’autant, a-t-il précisé, que Noorassur pouvait tout à fait substituer à la publicité physique constituée par l’enseigne une communicat­ion sur Internet ou l’apposition d’un simple autocollan­t sur sa façade. Pour le rapporteur public, les deux éléments invoqués par la défense de la société de finance, l’urgence liée au préjudice économique et l’effet discrimina­toire de la mesure, ne sont pas probants. Précisant que la légalité de la décision du maire de Nice restait toujours à trancher sur le fond, il a donc demandé aux juges de rejeter le pourvoi de Noorassur. 1. Ensemble des transactio­ns et produits financiers conformes aux principes de la Charia.

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