Salut l’artiste !
Le phénomène est suffisamment rare pour le souligner : quand un président de la République dévisse dans les sondages, il est exceptionnel qu’il parvienne à rebondir. C’est, pourtant, ce qu’Emmanuel Macron est en train de réussir après une forte érosion de sa popularité. Il plongea même dans le rouge plus vite que François Hollande qui, lui, ne s’en remit jamais. Deux sondages viennent donc d’enregistrer un rebond significatif qui soulève une question : est-ce une simple embellie ou un redressement durable ? Difficile à dire mais, une chose est certaine, ce sursaut n’est pas le fruit du hasard. À la fin du mois d’août dernier, Emmanuel Macron a compris qu’il risquait de se retrouver sur le dangereux toboggan du discrédit. Il a donc modifié sa communication jupitérienne très distante et s’est rapproché des Français en multipliant les déplacements. Mais ce n’est pas l’essentiel. En bon stratège, le chef de l’État s’emploie à laminer ses oppositions et à organiser, pour conforter sa majorité, des ralliements de droite et de gauche. Il mène le jeu politique, en fixe le tempo et ne laisse aucun répit aux Socialistes et aux Républicains. Son calcul est simple : empêcher l’émergence d’une alternative gouvernementale crédible. La virulence du Front national et des Insoumis fait son affaire, car elle prive d’espace la droite et la gauche. Ainsi se renforce la conviction que nul autre que lui ne peut diriger le pays. Ce qui, pour l’heure, est vrai et pourrait durer longtemps encore. Cette situation politique univoque contribue à renforcer sa crédibilité et son image. Deuxième levier, ce leitmotiv répété par les siens : Emmanuel Macron serait le premier Président à faire ce qu’il a annoncé. On pourrait en débattre à la fois au regard du passé mais aussi à travers les ajustements portés à ses réformes en fonction des rapports de force. Reste qu’il a réussi à installer l’idée qu’il tient ses promesses et ne recule pas devant les corporatismes. Il s’en trouve donc, encore, conforté. Le chef de l’État capitalise ainsi sur une sincérité mise en scène, d’autant plus appréciée que personne avant lui n’avait été gratifié de cette qualité par l’opinion. Troisième ressort de ce rebond de popularité, l’activisme européen et international du Président. Il donne le sentiment d’être à la fois patron de la scène intérieure française et interprète majeur dans le concert des nations. Il y gagne une stature - il fait partie désormais du club des grands - mais ce vaste déploiement joue aussi le rôle d’un divertissement. Il vise à éloigner les Français de leur quotidien. En quelque sorte, le spectacle présidentiel les empêche de s’interroger sur leur sort. Aucune spéculation dans ce constat. Emmanuel Macron s’emploie toujours à éliminer le hasard de son action. Il le fait depuis trois mois avec une efficacité dont il touche en cette fin d’année les dividendes.