Baballes et balistique
Depuis quelques jours, les fanas du sport doivent se féliciter que les menaces de destruction complète de la planète brandies par deux hooligans de l’arme nucléaire n’empêchent pas les baballes de défrayer autant la chronique que la balistique. Pourtant, alors que les missiles nord-coréens portent leur charge jusqu’à km, le coup de pied de Neymar n’expédie pas à plus de mètres du sol l’enveloppe de cuir remplie d’air, principal symbole de notre civilisation. Pour ce qui concerne le tennis lorsque les champions renvoient la baballe à km/h, Roland-Garros ferait figure de théâtre d’opérations extérieures sans la présence saugrenue d’un saladier d’argent. La comparaison s’arrête là car on n’a pas ouï dire que, même imbibées de sueur, les chaussures à crampons constituaient pour l’humanité un danger supérieur au rayonnement de Fukushima ou de Fessenheim. Tout au plus faut-il convenir que l’effort musculaire exacerbe les violences nationalistes et que les jeux Olympiques n’admettent aucune alliance. Reste la formule plus populaire et plus aérée consistant à régler les contentieux internationaux sur les stades plutôt que dans les chancelleries. À moins qu’on en revienne au combat singulier qui, au Moyen Âge, dans l’hypothèse la plus meurtrière, ne laissait que deux victimes sur le champ de
bataille.