Nice-Matin (Cannes)

Nice : un village de Noël en odeur de sainteté

- S. G. sgasiglia@nicematin.fr

C’est l’un des marchés les moins chers de France”

J’ai été refusé plusieurs fois. Parfois sur liste d’attente. Mais jamais prise ! Du coup, c’est la première année que je fais le marché de Noël de Nice ». Vanessa Fourquin rayonne et papillonne derrière ses créations. Des bijoux extravagan­ts et originaux que la jeune femme présente dans un chalet de 3 mètres sur 2. C’est le plus petit espace disponible à Nice. Déjà un beau bébé. De quoi proposer à la vue des badauds un sacré nombre de produits. « Je suis confiante, je sais que ce sera rentable, mais ce n’est pas forcément ça qui m’attire. Je ne suis pas là pour faire 50 000 euros de chiffre d’affaires. Je suis juste heureuse

‘‘ car ma richesse est ailleurs, je voyage, je suis libre. J’aime ce que je fais ». Pas loin de la quadragéna­ire, David Fardi, propose, lui, des sacs, mais aussi quelques tuniques et écharpes. C’est également son baptême du feu dans la capitale azuréenne. Là aussi, celui qui partage sa vie entre Menton et l’Inde, ne mise pas tout sur le tiroir-caisse. « Ce marché va m’apporter une belle visibilité, il est en plein centre-ville, je vais me faire connaître et j’aurai des retours sur mes produits ». Son chalet, de la même dimension que celui de Vanessa, il l’a payé 2500 euros pour toute la durée du marché. « C’est l’un des tarifs les moins chers de France. À ce prix-là, je sais que je vais m’y retrouver. Ailleurs ça peut monter jusqu’à 6000 euros pour la même taille. Un coût impossible à assumer pour moi», lâche le jeune homme, créateur depuis 4 ans. Et, selon lui, le fait que le prix des chalets soit moins élevé qu’ailleurs est un gage de qualité des produits proposés. « Dans les autres marchés on abaisse la qualité de la marchandis­e», dit David, en effleurant ses sacs « minaudière­s ». «Dans de nombreuses villes en France ce sont des sociétés privées qui gèrent les marchés. Forcément, elles se fichent pas mal de ce qui est vendu à partir du moment ou le vendeur est en capacité de payer la location du chalet », explique un autre artisan, installé au marché de Noël niçois depuis des années. « Et pour rentabilis­er le coût de l’emplacemen­t, il faut marger à mort et si tu veux marger à mort et bien tu vends de la merde achetée à deux balles », souffle un autre vendeur. Et même si les tarifs niçois sont peu élevés... les places sont chères ! « La sélection est drastique», argumente David Fardi. « À Nice, ils sont stricts sur la qualité des produits que l’on vend, sur leur provenance, c’est l’un des rares marchés où il y a une telle sélection », jure-t-il. Selon de nombreux vendeurs, il ne faut pas aller bien loin pour que cette exigence de qualité soit balayée sous le tapis. « À Menton, le marché est très pauvre qualitativ­ement. Vous trouvez des coques de smartphone en plastique des bijoux chinois en toc sous blister », rapporte un artisan. Un autre renchérit : « Des trucs que des vendeurs font venir de Chine par milliers à quelques centimes et qu’ils revendent ensuite avec un beau profit ». Du coup, les vrais créateurs ne s’en sortent pas. « Les marchés bas de

gamme ne sont jamais rentables. La camelote attire tout le monde vers le bas. Les familles achètent une connerie à leur gamin pour faire plaisir, comme s’ils étaient à la foire. Et ils ne pensent pas du coup à chercher le cadeau de Noël de qualité ». À demi-mot, Vanessa Fourquin et David Fardi confirment. Ils ont tous les deux faits le marché de Menton. «Ce n’était pas la folie, c’est vrai que ça ne marchait pas très bien ». C’est l’office de tourisme de Nice qui s’occupe de la partie marchande. En clair, l’office gère les 62 chalets qui se partagent l’espace clos dédié au Jardin Albert-1er. Un nombre stable d’année en année. En 2015, ils étaient 61. Soixantetr­ois en 2016. Trois tailles de chalet sont disponible­s pour des prix allant de 2500 à 6000 euros HT. Et tout est compris : sécurité, électricit­é, etc. L’Office de tourisme assure ne pas faire de bénéfice : « C’est une opération blanche pour nous, à couverture de frais ». L’an dernier près de 450 000 visiteurs avaient passé les portiques à l’entrée. Soit près de 15 000 badauds par jour. Mieux qu’en 2015, selon la Ville. Et ce, contre toute attente. « En 2016, quand les marchés de Noël des grandes villes françaises, Paris ou Strasbourg par exemple, affichaien­t une nette baisse de fréquentat­ion en raison du sentiment d’insécurité, les obligeant parfois à anticiper leur fermeture, le marché de Noël de la ville de Nice a été une totale réussite», se félicite la municipali­té. En plus des 62 chalets taille « normales », il y a, cette année, 5 « baraques » : gaufres, crêpes, bar à huîtres, etc. Et, pour certains, ils ont connu le tout premier marché de Noël à Nice… C’était il y a 21 ans. C’est le cas de Fifine et Vincent. 161 ans à eux deux. Ils sont Niçois et le revendique­nt haut et fort. Fiers de travailler dans leur ville. Cette année, ils sont encore là. Mais ils ne sont plus les « vrais » patrons. C’est désormais leur fils adoptif qui est aux manettes. Et toute la famille vient donner un coup de main pour préparer les gaufres, les crêpes et autres chichis. « C’est un si beau marché. Le plus beau de la Côte croyez-moi ! Et bien sûr qu’il est rentable », lâche Fifine, les yeux rieurs. « Tous les produits que vous trouverez sur ce marché sont de bonne qualité. Ce n’est pas un attrape-touristes. » Et d’évoquer le marché parisien de Marcel Campion : « A Nice, il n’y a pas d’arnaques. La mairie veille, le maire est très attentif à ça ». Pas très loin, Willy qui s’affaire derrière ses produits corses, acquiesce. Depuis 2012, il débarque à Nice de Calvi pour vendre ses lonzos et autre figatellu. « C’est un bel outil de communicat­ion. Je paie 7400 euros TTC environ pour ce grand chalet. Et c’est rentable ». Willy a su, au fil des années, fidéliser sa clientèle : «On a les habitués qui reviennent ». Le marché de Noël de Nice, une bonne opération. En un mois, il réalise environ 25 % de son chiffre d’affaires annuel.

Opération blanche pour l’office de tourisme ”

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Vanessa Fourquin et ses créations de bijoux.
 ??  ?? Chez Vincent- et Fifine - on travaille en famille.
Chez Vincent- et Fifine - on travaille en famille.
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Morgan présente ses créations depuis  ans au marché de Noël de Nice. C’est le monsieur « sculptures végétales lumineuses »… réalisées avec des cougourdon­s. Il les cultive, les fait sécher – ça prend  mois – ils sont alors durs comme du bois...
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Pour David Fardi, c’est le baptême du feu. C’est la première fois qu’il prend un petit chalet au marché de Noël de Nice.
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 ??  ?? Willy arrive tout droit de Calvi, comme chaque année, avec ses produits corses.
Willy arrive tout droit de Calvi, comme chaque année, avec ses produits corses.

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