L’humeur La phrase
Interrogé par le JDD quant à savoir s’il préférait l’actuel ministre de l’Intérieur Gérard Collomb ou son prédécesseur Bernard Cazeneuve, Eric Ciotti a tranché sans une hésitation en faveur du second : « Bernard Cazeneuve est un homme d’Etat, qui a le sens du service public. Nous avons eu des désaccords, mais j’ai du respect pour l’homme. » Et il ne l’a pas dit mais l’a sans doute pensé très fort, Bernard Cazeneuve n’apprécie guère Christian Estrosi, c’est un euphémisme, contrairement à Gérard Collomb. Les ennemis de mes ennemis, vous connaissez la suite…
Le maire de Nice s’est quant à lui prêté au jeu du « j’aime, j’aime pas » avec nos confrères du Parisien week-end. On y apprend que Christian Estrosi aime s’occuper de son bébé, Bianca. « J’adore mes grandes filles, mais j’étais jeune lorsque je les ai eues. Je n’imaginais pas que la vie m’offrirait la chance de partager à nouveau ces moments de joie. Aujourd’hui, comme je vis avec une femme qui travaille tôt le matin à la télé, c’est souvent moi qui m’occupe du réveil, des biberons : un bonheur ! » Si le maire de Nice ne rechigne pas à changer les couches, il assure avoir pris en grippe l’ancien Estrosi… « Celui qui jouait le jeu des partis, qui acceptait de défendre parfois aveuglément les positions d’un autre, sans forcément partager son point de vue. Et je déteste le Christian Estrosi qui a voté en un projet de loi relatif au rétablissement de la peine de mort. » Au passage, le maire de Nice jure aimer plus que tout son poste actuel. La retraite ? Très peu pour lui. «Jesuis incapable d’envisager de m’arrêter. » Eric Ciotti sait à quoi s’en tenir. Je crains pour lui que Xavier Garcia, le premier secrétaire du PS , ne croule jamais sous les lauriers électoraux. Dans ce département, être socialiste relève déjà du sacerdoce, quasiment du masochisme désormais. Et comme si cela ne suffisait pas à sa croix, l’intéressé cultive l’honnêteté intellectuelle avec une constance aussi louable que peu rentable. Il se montre prompt à faire son mea culpa comme à reconnaître les bonnes idées de ses adversaires. Sans surprise, il fut ainsi l’un des premiers à saluer le choix de François Baroin de prendre du recul avec la joute nationale hystérisée, quand le maire de Troyes a acté « avoir fait son temps ». À des niveaux différents, ces deux-là, compagnons de doute égarés parmi la meute dévorée de mâles certitudes, ont en commun de ne pas être des « tueurs ». Plus Rocard que Mitterrand, davantage Juppé que Sarko. Velléitaires et dilettantes, ricaneront d’aucuns. Probablement. Leur sens de la mesure et de la décence fait, en tout cas, du bien à la politique. Une forme de macronisme, l’opportunisme en moins. « Ce transfert constitue une des répliques qui secouent le monde politique des AlpesMaritimes depuis le tremblement de terre dont l’épicentre se situe vers la mairie de Nice. D’ici aux prochaines municipales, il est à craindre de nombreuses répliques sismiques sur tout le département… Il en va de la vie politique comme du foot. Parions que la saison du mercato risque de se prolonger. Certains privilégieront les idéaux qu’il convient de défendre, d’autres suivront la boussole des ambitions personnelles. »