Nice-Matin (Cannes)

FORMULE  Leclerc, Sauber, feu vert ! Le chiffre

Attendue depuis des semaines, la titularisa­tion dans la cour des grands en 2018 du Monégasque, champion F2 en titre, a été annoncée hier à Milan. A 20 ans, le voilà pilote Alfa Romeo Sauber

- GIL LÉON PROPOS RECUEILLIS PAR G. L.

De plus en plus insistant, ces dernières semaines, le bruit courait, courait, courait... Dans les paddocks des Grands Prix et les pages des gazettes spécialisé­es. Sur la toile, les réseaux sociaux. Tous azimuts ! C’était donc un secret de polichinel­le. Et sans surprise, c’est devenu une informatio­n, hier au musée historique Alfa Romeo, somptueux écrin choisi par la marque milanaise pour sceller en grande pompe son prochain nouveau départ en tant que sponsor titre et partenaire technique de l’écurie Sauber. Feu vert ! Après avoir escaladé à toute vitesse les échelons du karting et de la monoplace, Charles Leclerc se voit fort logiquemen­t convié à gravir la dernière marche. Cap sur la F1 ! Le Saint des saints. La cible que le petit prodige monégasque, guidé hier par Jules Bianchi, le parrain sportif parti si tôt, couvé à présent par la Scuderia Ferrari via sa Driver Academy intégrée en mars 2016, visait depuis ses premiers tours de roues, il y a

“Charles

nous a beaucoup aidé à développer la Ferrari SFH, notamment en utilisant souvent le simulateur. Sa saison en F est fantastiqu­e. Même avec des hauts et des bas, il a toujours été très rapide. Donc, je suis sûr qu’il va bien faire en F.”

SEBASTIAN VETTEL (le //)

“Il

a essayé la Ferrari  à Budapest. Je sais à quel point c’est difficile de débarquer ainsi et piloter une voiture totalement différente de ce à quoi vous êtes habitué. Charles est un talent précoce. Vu sa progressio­n cette saison, nul doute qu’il montrera de très belles choses dans le futur.”

KIMI RÄIKKÖNEN (le //) une quinzaine d’années sur la piste de Brignoles.

Pointure XXL

Parvenu à coiffer les couronnes GP3 (2016) et F2 (2017) consécutiv­ement, un doublé inédit, l’enfant terrible de la Principaut­é n’avait plus rien à prouver. En témoigne, si besoin est, la démonstrat­ion magistrale de supériorit­é réussie cette saison dans l’antichambr­e de la F1. Huit pole positions, sept victoires et 72 points d’avance sur le vice-champion 2017, ça classe un pilote. Pointure XXL ! Au contraire de Stoffel Vandoorne et Pierre Gasly, ses prédécesse­urs placés en salle d’attente durant de longs mois par McLaren et Red Bull après leur sacre en GP2, Leclerc l’éclair va donc découvrir la piste aux étoiles illico. Pour tout dire, il la connaît déjà pas mal, grâce aux séances d’essais libres 1 accomplies l’an dernier chez Haas (Grande-Bretagne, Hongrie, Allemagne, Brésil) et cet automne chez Sauber, sa nouvelle maison qui l’a convié à quatre roulages du vendredi matin (Malaisie, Charles, ça fait quoi d’entrer enfin dans la peau d’un pilote de Formule  ? Ça fait du bien ! Compte tenu de tout le boulot accompli, tous les sacrifices concédés pour y arriver, je ressens d’abord du soulagemen­t. Et je me dis aussi qu’il faut garder les pieds sur terre. La saison prochaine s’annonce très compliquée. On va bosser encore plus, beaucoup plus, sûr et certain. Voilà, je suis prêt. Et impatient. D’ailleurs, j’ai déjà la tête à Melbourne avec l’envie de donner le maximum dès le premier Grand Prix.

Cinq ans après Jules Bianchi, vous êtes le second pilote de la Ferrari Driver Academy promu au top niveau... États-Unis, Mexique, Brésil). Sans oublier les expérience­s estampillé­es Ferrari, dont le test collectif de Budapest au volant de la SF70H de Kimi Räikkönen conclu cet été en haut du classement...

Le tremplin suisse

Alors que nombre d’observateu­rs le voient déjà prendre la succession du doyen finlandais (38 ans) dans le camp du cheval cabré à l’horizon 2019, le nouveau pensionnai­re de la cour des grands, qui vient de souffler sa vingtième bougie d’anniversai­re, a là l’opportunit­é Oui, si j’atteins ce cap aujourd’hui, c’est notamment grâce à lui car Jules m’a bien aidé au début de ma carrière. Je le répète souvent. Là, en quelque sorte, je vais reprendre le flambeau qu’il tenait. En espérant le hisser haut.

Les nouvelles couleurs du team Alfa Romeo Sauber vous plaisent, on présume...

Rouge et blanc, j’adore! Peut-être s’agit-il d’une heureuse coïncidenc­e. La voiture présentée aujourd’hui (hier) m’a tout de suite fait penser au drapeau monégasque. En plus, elle portait mon futur numéro (le , choisi parce que c’est son jour de naissance, ndlr). Oui, cette robe me convient parfaiteme­nt. Rien à changer ! Charles Leclerc est le troisième pilote monégasque à pousser les portes de la Formule . Vainqueur puissance  du Grand Prix de France (, , , , ) dont l’empreinte figure aussi sur les tablettes du GP de Monaco (), le « pionnier » Louis Chiron a disputé  courses et marqué  points (à bord de Maserati et Lancia) après la création du championna­t du monde de F, entre  et . Beaucoup plus tard, Olivier Beretta a lui aussi roulé au sommet de la pyramide du sport auto. En , cet autre enfant de la Principaut­é qui collection­nera ensuite les succès en endurance, avait participé à  GP avec l’écurie Larrousse. d’apprendre, de progresser, sans pression excessive. Comme un certain Räikkönen, mais aussi Felipe Massa, Sergio Pérez et Nico Hülkenberg, tous passés sur le tremplin suisse. Le renfort de l’alliance entre le groupe Fiat et Sauber, dont les monoplaces disposeron­t d’un groupe propulseur et d’une boîte de vitesses Ferrari 2018 - rebadgés Alfa Romeo - devrait lui permettre de monter en puissance au fil des courses sous les ordres du Français Frédéric Vasseur. Un team principal qu’il connaît bien, copropriét­aire avec Nicolas Todt - le manager de Leclerc - de l’écurie ART GP au sein de laquelle celui-ci a décroché le titre GP3. « Si un rêve se réalise aujourd’hui, il ne s’agit pas d’un Lanterne rouge du championna­t qui vient de s’achever, avec  points au compteur, l’équipe aura les moyens de faire un bond en avant dans la hiérarchie en , non ? L’arrivée d’Alfa Romeo doit le permettre en théorie. Contrairem­ent à la C de cette saison, propulsée par un moteur Ferrari , la future monoplace sur laquelle les ingénieurs planchent très fort possédera un groupe propulseur et une boîte de vitesses . De quoi progresser, OK. Mais dans quelle mesure ? En face, la concurrenc­e ne se tourne pas les pouces. Les tests hivernaux de Barcelone donneront peut-être une première indication. Et on en saura plus en Australie et lors des courses suivantes. aboutissem­ent », a martelé hier le successeur de Pascal Wehrlein, qui aura le Suédois Marcus Ericsson comme voisin de stand. « L’objectif, désormais, c’est de bosser dur cet hiver afin de bien préparer les premières échéances 2018. » À l’instant de l’annonce de sa titularisa­tion, nul doute qu’il pensait encore plus que d’habitude à son père modèle, l’ancien pilote de F3 Hervé Leclerc, décédé au mois de juin, ainsi qu’à l’ami Jules. Deux guides qui trôneront forcément en pole position, là-haut, sur leur petit nuage, pour suivre l’entrée en scène du prince Charles de Monaco dans seize semaines jour pour jour au Grand Prix d’Australie.

L’an prochain, pas question de viser le titre comme en GP et en F. Quelle sera votre priorité?

D’abord, j’espère vite me fondre dans ce monde ultra-perfection­né de la F. Ensuite, il faudra être capable d’exploiter au mieux le matériel dont je disposerai. Afin d’aider l’équipe à grandir, justement...

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Charles Leclerc rejoint Marcus Ericsson sur un tremplin Sauber désormais soutenu par Alfa Romeo. (Photo EPA/MAXPPP)
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