HANDBALL Blonbou, la folle ascension
Encore en N1 avec la réserve de l’OGC Nice il y un an, Jannela Blonbou (19 ans) fait aujourd’hui partie des 18 joueuses qui composent l’équipe de France A pour les championnats du monde
L’ascension de l’arrière droite du Gym Jannela Blonbou est aussi rapide que ses tirs. Et c’est peu dire que la jeune fille a de la puissance dans son bras gauche supersonique. Arrivée dans la capitale azuréenne à l’été 2015 depuis le Pôle espoirs de Guadeloupe (Zayen) pour intégrer celui du Parc-Impérial puis le centre de formation de l’OGC Nice à la rentrée 2016, elle n’a pas tardé à prouver que l’étiquette de joueuse à très fort potentiel qui la précédait n’est pas usurpée. La carrière de la jeune fille prend un nouveau tournant lors de la saison 2016/2017. Tout juste âgée de 18 ans mais déjà dotée d’un gabarit intéressant (1m79), elle intègre le centre de formation niçois et commence à côtoyer le groupe professionnel, mais continue de jouer le plus souvent avec l’équipe réserve une fois le week-end arrivé. « Je ne connais pas beaucoup le handball, mais il est évident que cette fille à un talent hors-normes », glissait une spectatrice installée dans les travées du gymnase Eucalyptus l’an passé lors d’une rencontre entre l’OGCN II et Aix. Bien vu, puisqu’il s’agissait là de sa dernière en N1, devenue trop étroite. « Elle prend la mesure de ce qu’elle doit faire pour progresser, notamment en défense, un aspect sur lequel elle a beaucoup évolué. C’est une corde de plus à son arc », décrit Emmanuel Dott, directeur du centre de formation et entraîneur de la réserve du Gym.
Couvée par ses aînées
« Elle est agréable, travailleuse, elle sait ce qu’elle a à faire donc elle est à l’écoute. Elle est aussi très exigeante, c’est une compétitrice », poursuit-il. Pour être lancée au plus haut niveau, il faut également être au bon endroit, au bon moment. L’an passé, elle se voit offrir sa chance lorsque Aissatou Kouyaté se blesse. Une opportunité qu’elle saisit à pleines mains. Et lorsque celle-ci quitte le Gym en plein mois de mars pour rejoindre Besançon, c’est naturellement que Blonbou intègre l’équipe fanion. Malgré les difficultés sportives, elle ne se pose pas de questions et prend rapidement ses marques, au point de faire partie des satisfactions de la fin de saison du Gym. A tel point qu’elle se voit
(e même régulièrement confier l’exécution des jets de 7 mètres par le coach Marjan Kolev. Après un été ponctué d’un titre de championne d’Europe U19 avec l’équipe de France, compétition dont elle passe proche d’être élue meilleure joueuse, l’Aiglonne a enchaîné plein gaz avec le Gym. Si cette saison encore, Marie Prudhomme est la titulaire du poste, l’espoir niçoise a du temps de jeu dans la rotation et continue sur sa lancée. Semaine après semaine, elle apprend aux côtés de joueuses d’expérience et d’envergure internationale, à l’image des recrues Carmen Martin et Linnea Torstenson. « Cette année, elle est un peu couvée par le reste du groupe. Le chemin est encore long pour être une cadre », prévient celui qui officie également comme adjoint aux côtés de Marjan Kolev.
La pression ? Pas un problème
Si sa jeunesse lui fait encore défaut dans certains compartiments du jeu, par exemple avec parfois de la naïveté en défense, ses prestations lui ont permis d’être l’invitée surprise dans un groupe élargi de 22 joueuses pour le tournoi Razel-Bec, préparatif pour le Mondial. Là encore, la Guadeloupéenne a saisi sa chance. Pas tétanisée par ce nouveau contexte, avec notamment 4 buts face à la Tunisie pour sa première sélection, elle a convaincu Olivier Krumbholz de l’emmener en Allemagne. «Une nouvelle fois, elle a su montrer qu’elle est capable de répondre présent malgré la pression. C’est la suite logique, elle le mérite. Devant, il y a Camille Ayglon et Alexandra Lacrabère qui sont deux cadres. Si elle en a l’opportunité, avec son bras gauche, son punch et son insouciance, elle va pouvoir apporter sa capacité de tir et de perforation dans les défenses. Maintenant, Jannela est aussi capable de jouer avec les autres. Je lui ai dit de rester comme elle est et de se faire plaisir », estime le technicien. Membre de la génération dorée qui devrait disputer les J.O de Paris 2024, la Niçoise poursuit son apprentissage au plus haut niveau, elle qui ne dispose pas encore d’un contrat professionnel. « Ça devrait être le cas dans les mois à venir », rassure Dott. En tribunes hier pour la première rencontre des Bleues face à la Slovénie, Blonbou se tient prête à saisir une nouvelle fois sa chance et ne pas la laisser filer. Une bonne habitude.