Un “Mois sans tabac” fructueux au lycée des Côteaux
L’infirmière du lycée, Brigitte Lefebvre, a organisé une série d’ateliers de sensibilisation qui ont déjà aidé plusieurs élèves à arrêter, des spécialistes de l’hôpital des Broussailles ont rejoint son action
Comment inciter les jeunes à arrêter ? Brigitte Lefebvre, infirmière au lycée des Coteaux à Cannes, s’est attelée à la tâche. À l’occasion du « Mois sans tabac », elle a mené pendant tout novembre une suite d’ateliers de sensibilisation à destination des élèves. Avant les vacances de la Toussaint, elle est allée voir 400 lycéens de l’établissement. Elle leur a montré des vidéos sur la dépendance au tabac, leur a fait remplir un questionnaire anonyme… « Cela s’appelle la réduction des risques, explique Brigitte Lefebvre. Il s’agit de donner confiance en soi aux élèves. » 25 d’entre eux ont décidé d’aller plus loin en participant à des ateliers. Ils ont participé récemment à un test sur la dépendance.
« Je suis très fière d’eux ! » Sept jours seulement après le test, plusieurs déclaraient avoir réduit leur consommation de tabac. « Je n’ai plus autant envie qu’avant, c’est grandiose ! », confiait Gilbert, 18 ans (1), qui dit être passé de 10 à 5 cigarettes par jour. « Je sens déjà le taux de nicotine diminuer dans mon corps et je fais un peu plus de sport », a assuré Romuald, 16 ans. Réuni en cercle au CDI, le joyeux groupe d’élèves se tait subitement lorsque Nawar, 17 ans, a déclaré : «J’ai arrêté. Ça fait une semaine. » Après un court silence, tout le monde a applaudi. « Grâce à cette action dans la durée, les élèves changent leurs valeurs, constate Brigitte Lefebvre. Auparavant, ils étaient valorisés par des camarades lorsqu’ils adhéraient au groupe en se mettant à fumer. Désormais, ils sont félicités par les autres élèves lorsqu’ils ont réussi à arrêter. Ils ont ainsi la possibilité de changer totalement de perspective. » « Ces ateliers m’ont aussi aidée pour ma grande dépendance au cannabis », a témoigné de son côté Tatiana. Les bras croisés, Brigitte Lefebvre n’a pas caché sa satisfaction. « Je suis très fière d’eux ! Beaucoup d’adultes fumeurs n’ont pas le courage de faire la même chose. Tous ces élèves ont commencé à réfléchir et beaucoup iront probablement jusqu’à l’arrêt du tabac.»
« Ces ateliers m’ont donné le déclic »
«J’ai constaté que nous n’avions pas plus de fumeurs que la moyenne nationale », a-t-elle insisté. Mais, malheureusement pour eux, certains élèves rencontrés sont encore de gros consommateurs de cigarettes, ou encore de narguilé. « Une chicha, c’est entre 12 et 25 cigarettes par jour! a rappelé Brigitte Lefebvre. Les bronches se défendent moins bien car la fumée aspirée n’est pas chaude. » Au-delà de la sensibilisation, l’addiction est un problème subtil selon les difficultés de chacun. « J’ai l’impression qu’en arrêtant le tabac, je risque de prendre de la drogue, que j’aurais toujours envie de prendre quelque chose» ,a avoué Gilbert. De son côté, la jeune Julie raconte comment la mort du chien de sa voisine, auquel elle était très attachée, l’a poussée à commencer à fumer. Un psychologue est justement venu à leur rencontre par la suite avec la présentation d’un nouvel atelier. Il s’agit d’un professionnel du centre de prévention des addictions (PREVADD), qui dépend du centre hospitalier de Cannes. Il est accompagné par une infirmière tabacologue de l’hôpital. Ils ont tous deux prévu de revenir une fois par semaine pendant tout le mois de décembre. Un mois après le début de son action, Brigitte Lefebvre se réjouit de voir le nombre d’élèves augmenter dans ses ateliers. « Ils étaient 25 au début, j’ai maintenant 48 inscrits ! » se réjouit-elle. « Ça prend de la puissance, lentement, mais sûrement. Rien à voir avec une opération coup-de-poing. Je préfère agir en profondeur. Le Mois sans tabac a été une occasion géniale pour motiver les élèves et initier cette dynamique!» Heureusement pour ces jeunes, tout peut changer. Surtout maintenant qu’ils ont pris conscience par eux-mêmes des méfaits du tabac. «Le tabac me brûle et me serre les bronches, confie Niafou. Je m’énerve bêtement, contre n’importe qui. J’espère ne plus jamais être comme ça. Ces ateliers m’ont donné le déclic pour arrêter.»