« On pousse les clients des banques au crime »
l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération nationale des associations contre les abus bancaires, hier à Antibes, le président Alain Bousquet dresse un bilan acide.
Vous avez connu un tournant…
J’ai connu avant quand les frais bancaires n’existaient pas. Il n’y avait pas de surendettement. Il y avait des gens qui ne réussissaient pas mais ce n’était pas dans la même proportion. Vous n’arrivez même pas à imaginer à quel point certains se cassent la figure. Avant , on arrivait à sauver des gens. Après, c’est devenu impossible. Si ça dérape, vous êtes mort. Il n’y a rien qui vous empêche de faire des bêtises, comme d’emprunter au maximum de votre endettement et d’être fini au moindre imprévu...
Quel était votre but lorsque vous avez créé l’association ?
On voulait faire du lobbying pour dénoncer ce système. Les gens sont sans droit !
Au quotidien ?
J’ai une dizaine d’appels par jour. On est obligé de sélectionner. On demande euros de cotisation. C’est impossible sinon. On est trop peu de bénévoles : six seulement. Si certains veulent nous aider...
Quelle est la problématique la plus fréquente ?
Les frais bancaires et l’endettement.
À qui la faute ?
On pousse les gens au crime. Les frais bancaires, c’est aussi parce que certains vivent comme des cigales... Avant les réformes, les banquiers refusaient le prêt. Ils ne font plus leur boulot. Ils ne savent plus conseiller. La faute revient au gouvernement qui ne sait pas faire marcher l’économie autrement qu’à crédit.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Je vois que ça va aller dans le mur. Ça va être sérieux. Vraiment.
Quelques conseils?
La prudence. Ne pas tout croire et arrêter d’être naïf. Il faut arrêter d’emprunter de l’argent et vivre avec ses moyens. S’adapter. Et si on ne gagne pas assez, il faut descendre dans la rue et faire comme nos ancêtres qui se sont battus pour avoir des législations à peu près correctes. Vous ne pouvez pas vivre avec euros par mois.
Lors de l’AG, vous avez évoqué l’important stress des gens.
Oui, des études montrent qu’il n’y a pas plus destructeur que les problèmes financiers. Cela déclenche chez les gens du diabète, de l’hypertension, c’est également la cause de divorces. Et je ne parle même pas des suicides... Le prêt est une vitamine de l’économie quand il est bien dosé. Mais quand il est fait n’importe comment il devient une drogue, qui vous tue. L’objectif de passer à 50 % de produits bio et locaux dans la restauration collective d’ici à 2022 fera l’objet d’une loi, a déclaré le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert dans Le Journal du dimanche. Interrogé pour savoir si cet objectif serait inscrit dans la loi, le ministre a répondu : « Oui, ce chiffre fait partie des objectifs d’une grande politique d’alimentation. Il y en a d’autres. Par exemple qu’en 2022 l’essentiel des oeufs coquille consommés proviennent d’élevages alternatifs à la cage. » Le fait de passer à 50 % de produits bio dans les cantines faisait partie des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Promesse qu’il a renouvelée lors de son discours de Rungis en octobre sur les États généraux de l’Alimentation.
Le lien entre santé et alimentation
Le président Macron avait alors annoncé qu’il voulait légiférer par ordonnances au premier semestre 2018 pour rééquilibrer les contrats entre agriculteurs et distributeurs ainsi que sur le seuil de revente à perte, afin que les agriculteurs soient mieux rémunérés. Concernant le lien entre santé et alimentation, Stéphane Travert (REM, ex-PS) a également indiqué au JDD qu’il réfléchissait avec la ministre chargée de la Santé « à un fonds de prévention public-privé ».