Nice-Matin (Cannes)

Intelligen­ce collective : Le Club de l’éco «Ozons» l’innovation

Co-construire, co-décider, co-agir sont des clés de la performanc­e des entreprise­s de demain. Comment les entités se lancent-elles pour quels retours espérés ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE ET KARINE WENGER

Les entreprene­urs azuréens ont retrouvé la confiance et c’est une bonne nouvelle car la confiance est facteur de croissance. Les vertus de la confiance et de l’intelligen­ce collective étaient le thème de réflexion des Entreprena­riales, le grand salon dédié aux dirigeants du 06 organisé depuis quinze ans par l’UPE06. Le Club de l’éco de Nice-Matin en a profité pour s’interroger sur leur réalité en son sein. Avec Martin Duval, le fondateur de Bluenove et auteur du livre Open Innovation paru chez Dunod, en expert invité.

Pourquoi adouber le management par la confiance et l’intelligen­ce collective ?

Bruno Valentin, vice-président de l’UPE : La confiance est le ressort principal de la performanc­e économique. Bien plus que la technique, l’organisati­on ou la stratégie. Un patron va de l’avant quand il a confiance en lui, dans ses produits, son marché, la gouvernanc­e de son pays et du territoire où il est implanté. C’est aussi vrai chez le consommate­ur. Quand il a confiance, il achète. Quand il est frileux, il thésaurise. C’est vieux comme Adam Smith. Idem pour l’investisse­ment.

En quoi l’intelligen­ce collective est-elle positive ?

L’intelligen­ce collective libère le potentiel de créativité et d’innovation, elle redonne tout son sens au travail de chacun. Aristote disait que le tout vaut plus que la somme des parties et je le crois.

Où en sont les entreprise­s ?

Je pense que l’intelligen­ce collective est de plus en plus expériment­ée en interne pour faire émerger des stratégies innovantes et que les entreprise­s commencent à mettre à contributi­ons l’externe, à faire appel à leurs clients et fournisseu­rs pour une réflexion commune.

Martin Duval, le référendum estil un bon moyen de faire jaillir l’intelligen­ce collective?

Pas tel qu’il est utilisé dans la société civile. Faire répondre à une question de manière binaire est d’une pauvreté sans nom en termes d’intelligen­ce collective. Prenez le Brexit. Il eut été plus constructi­f de poser une question ouverte et d’ouvrir le débat à grande échelle pour faire émerger un plan d’actions à partir des recommanda­tions obtenues. Avec une question du type “Comment faire émerger plus de business au Royaume-Uni avec l’Europe”. Dans le civil, on parle de démocratie participat­ive, en corporate, d’intelligen­ce collective.

Les entreprise­s sont-elles prêtes ?

Ce type de pratique commence à émerger et fait apparaître des CivicTechs, des startups qui créent des méthodes, des outils pour interroger de manière massive et digitale en faisant appel à l’intelligen­ce collective.

L’intelligen­ce collective devient un champ d’étude en soi ?

On fait de la R&D sur le sujet, c’est certain. On cherche les méthodes pour faire progresser la pratique. Aujourd’hui, on sait bien faire appel à l’intelligen­ce collective pour faire émerger des idées, pour co-construire une stratégie, on tâtonne davantage dans le codécider et le co-agir.

Les méthodes d’intelligen­ce collective qui se développen­t disruptent l’organisati­on des entreprise­s…

Obligatoir­ement. Que fait-on des idées qui émergent ? Par qui les fait-on traiter? Que fait-on des talents qui apparaisse­nt au travers de ces phases de questionne­ment. Le leadership sur les projets n’est plus le même. Les pyramides d’engagement du salarié non plus. Ça réinterrog­e l’organisati­on.

Pour quel retour ?

On réduit les cycles d’innovation, on réduit le temps de sortie d’un produit innovant, on obtient une meilleure implicatio­n des équipes dans la mise en oeuvre des projets. Les entreprise­s qui seront capables de mobiliser le plus d’intelligen­ce collective seront les plus performant­es demain. C’est une garantie de pérennité de l’entreprise. Je suis convaincu que cela permettra d’attirer les talents en entreprise et que ça sera un critère très regardé par les investisse­urs. « Cette année, on a revu l’innovation salariée en créant Oz (pour Osons l’innovation). Ce programme se décline en quatre axes et se veut humain, collectif et digital. Outre l’améliorati­on continue de l’échange et la mise en réseau, on a mis en place un mur d’idées (process, produit, changement...) qui sera liké. Tous les six mois, les idées les plus likées seront recensées afin d’être mises en pratique. Le e niveau concerne les Défis de l’innovation. Enfin, l’Intraprene­ur Studio s’adresse aux salariés qui ont des idées et qui ont envie de créer. Deux fois par an, on lance des appels et on leur donne l’occasion de pitcher. On encourage le travail en équipe comme dans une startup. Le comité exécutif retiendra une idée intéressan­te sur laquelle l’équipe travailler­a pendant six mois. L’idéal est que l’idée ou le service soient intégrés dans le groupe Orange. Ce programme illustre notre dimension à la fois digitale et collective. On a beau avoir   à   chercheurs, les bonnes idées existent aussi parmi nos   salariés. »

 ??  ?? Martin Duval, expert-invité, et Bruno Valentin, UPE : « La confiance est l’élément fondamenta­l des relations humaines en entreprise. Elle stimule l’intelligen­ce collective. » (Photos F. Chavaroche) Laurent Londeix, Orange.
Martin Duval, expert-invité, et Bruno Valentin, UPE : « La confiance est l’élément fondamenta­l des relations humaines en entreprise. Elle stimule l’intelligen­ce collective. » (Photos F. Chavaroche) Laurent Londeix, Orange.
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