Nice-Matin (Cannes)

Macron à Alger pour une visite officielle et amicale

Le président français, pour la première fois en Algérie depuis son élection, a appelé les deux pays à ne pas rester « otages » du passé douloureux que partagent les deux pays

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C’est une histoire nouvelle qui s’écrit », a affirmé Emmanuel Macron en terminant sa première visite en tant que président en Algérie qui, si elle n’a duré qu’une douzaine d’heures, a été particuliè­rement dense. Le président français a notamment rencontré durant une heure son homologue Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicale à l’ouest d’Alger. Affaibli par les séquelles d’un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, ce dernier, au pouvoir depuis 1999, reçoit peu de dignitaire­s étrangers. Il a invité Emmanuel Macron à revenir pour une « visite d’État », donc plus longue, en 2018. « L’ambition que j’ai pour la relation entre l’Algérie et la France n’a rien à voir avec ce qu’on a fait depuis des décennies », a déclaré le chef de l’État, premier président de la Ve République à être né après la Guerre d’Algérie (1954-1962). De ce fait, « je ne suis pas bloqué, je suis très décomplexé» par rapport à ce passé, a-t-il ajouté devant la presse. « Le piège est de rester dans le déni et de ne jamais en parler, ou d’être dans la repentance et de ne jamais en sortir. Le coeur de notre relation c’est de reconnaîtr­e ce qui a été fait de bien comme de mal. J’ai reconnu avec beaucoup de force le mal qui a été fait », a-t-il précisé dans un entretien au site algérien TSA.

Crânes d’insurgés algériens rendus ?

Il faisait ainsi référence aux propos qu’il avait tenus lors de son précédent séjour à Alger durant la campagne électorale française. Il avait alors qualifié la colonisati­on de« crime contre l’humanité », suscitant des espoirs de« repentance » à Alger et de vives critiques de ses opposants en France. Emmanuel Macron a fait un geste pour régler l’un des contentieu­x historique­s entre les deux pays en annonçant qu’il était « prêt »à ce que la France restitue des crânes d’insurgés algériens tués au XIXe siècle par l’armée française et conservés au Musée de l’Homme à Paris. Mais, parallèlem­ent, il a demandé des « efforts » aux autorités algérienne­s, notamment pour permettre aux Français « qui sont nés en Algérie »et« aiment passionném­ent » ce pays d’y retourner, tout comme «des harkis et enfants de harkis ». « On doit pouvoir regarder cette question de manière apaisée », a-t-il souhaité. Les dirigeants algériens ne se sont pas exprimés face à la presse à l’issue de cette visite.

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