Des fêtes de fin d’année sous haute surveillance
Le préfet des Alpes-Maritimes a dévoilé hier le plan de sécurisation mis en place pour les fêtes de Noël. Des renforts ont été demandés pour surveiller les cibles potentielles d’actes de terrorisme
La crainte d’un nouvel attentat, plus encore que le chômage, est devenue la préoccupation majeure des Français. C’est ce que révèle une enquête publiée hier par l’Observatoire national de la délinquance et l’Insee. Or, la menace terroriste « reste très élevée » rappelle le préfet Georges-François Leclerc, qui dévoilait, hier, le plan de sécurisation des fêtes de fin d’années. Les manifestations de Noël, du Jour de l’An et les soldes qui suivront vont être placés sous très haute surveillance. Ce « marathon d’un mois et demi », comme le souligne Patrick Mairesse, directeur départemental de la sécurité publique, va particulièrement mobiliser les forces de l’ordre.
Renforts demandés… Et obtenus
«Elles seront plus nombreuses que l’an passé» et « plus mobiles », annonce le préfet Leclerc qui explique avoir sollicité le renfort de forces mobiles. « Nous les avons demandées et nous les aurons », assure le représentant de l’État qui explique que ces moyens extérieurs, sans être présents durant tout le mois à venir, seront affectés «ponctuellement » en fonction des arbitrages du ministre de l’Intérieur. Les policiers azuréens vont également pouvoir compter sur les renforts, permanents ceux-là, promis par Gérard Collomb : «Vingt-huit fonctionnaires sont déjà arrivés en octobre et trente autres arriveront en décembre. » La réserve opérationnelle sera également mobilisée. Tout comme les militaires de l’opération Sentinelle qui eux aussi vont être renforcés.
Risque « réel » mais pas «spécifique»
Car le risque est bien réel. Même s’il n’est pas « spécifique » à la Côte d’Azur. L’an dernier, une attaque au camion-bélier avait d’ailleurs pris pour cible le marché de Noël de Berlin, tuant 12 personnes. Il y a quinze jours à peine, un renseignement concernant un potentiel projet d’attentat contre le marché de Noël de Reims, cette fois, a conduit à un vaste coup de filet dans la cité champenoise. Les Alpes-Maritimes n’auraient pas fait l’objet de ce genre d’alerte. Du moins si l’on en croit les «remontées de renseignement s» qui, comme le rappelle le colonel Grégory Vinot commandant le groupement de gendarmerie, sont l’un des piliers du plan de sécurisation arrêté par les pouvoirs publics.
Tous les prêtres contactés
«Certes, nous bénéficions d’une certaine expérience, souligne le colonel Vinot, mais nous avons voulu tout reprendre en partant de la page blanche. » Afin, notamment, d’identifier quelles pourraient être les cibles des terroristes. Sur la liste rouge des forces de l’ordre figurent évidemment les lieux de culte où se dérouleront les messes de Noël, mais aussi Hanoukka, la fête juive des lumières. Le préfet révèle d’ailleurs qu’il a rencontré à ce sujet l’évêque de Nice et que « tous les prêtres sont en train d’être contactés afin de connaître le calendrier de leurs offices ».
Centres commerciaux et cinémas
Le préfet Leclerc a également organisé, ces derniers jours, une « séance de travail » avec « les responsables des centres commerciaux ou de loisirs», tels que «les multiplexes et les cinémas », pour les sensibiliser aux enjeux de sécurité.
L’aéroport site sensible
Parmi les sites particulièrement sensibles identifiés par les autorités figure aussi l’aéroport de Nice. Notamment en raison de ses spécificités : «Ce n’est pas seulement la première plateforme aéroportuaire de province et la principale porte d’entrée dans le département, rappelle le commissaire Nahon, directeur de la police aux frontières, c’est aussi un aéroport urbain et donc complètement ouvert.» Pour le sécuriser, là encore, des renforts vont être déployés. « Tant en tenue qu’en civil. »
Périmètre de protection expérimenté à Nice
Le marché de Noël de Nice va même expérimenter l’une des dispositions de la toute nouvelle loi antiterroriste promulguée le 18 octobre. Le préfet a signé hier un arrêté établissant, pour la première fois dans le département, « un périmètre de protection » qui va permettre notamment des contrôles d’identité et des fouilles aux points d’entrée et de sortie. Sous le contrôle d’un officier de police judiciaire qui sera présent en permanence sur le site et pourra même procéder à l’éviction de toute personne suspecte.
Répétition pour la Fête du citron et carnaval
Cette expérimentation va d’ailleurs servir de répétition pour la prochaine Fête du citron, à Menton, et le carnaval de Nice. A l’occasion desquels les pouvoirs publics pourraient également avoir recours aux nouvelles technologies, telles que les drones de surveillance, qui avaient été déployés lors du dernier festival de Cannes. Il a cependant été décidé de ne pas faire appel à ce type de moyens pour les fêtes de fin d’année.
Dans le doute « faites le ! »
À défaut de ces technologies 2.0, le préfet Leclerc rappelle que la sécurité est aussi l’affaire de tous et compte sur la vigilance de la population à laquelle il adresse ce message : «En cas de comportement ambigu ou inhabituel, n’hésitez pas à faire le 17 ! »