Nice-Matin (Cannes)

Charles-Ange Ginésy: «Je suis président à  %»

Le nouveau patron du Départemen­t, depuis septembre, défend ce vendredi son premier budget. Il en livre les principale­s orientatio­ns et insiste sur sa totale liberté à la tête de l’exécutif azuréen

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Ce matin, Charles-Ange Ginésy présentera son premier budget de président du Départemen­t. Un budget de continuité, qui pérennise le souci de rigueur budgétaire de son prédécesse­ur Eric Ciotti, mais auquel le nouveau patron a aussi apporté sa touche, numérique et environnem­entale.

Quelles sont les grandes lignes du budget  que vous allez dévoiler ce vendredi ?

Elles s’inscrivent dans la continuité de ce que nous avons fait avec Eric Ciotti ces dernières années. Il a eu l’audace et le courage politique de tenir un cap pour assainir les finances de la collectivi­té, dans un contexte budgétaire difficile où les dotations de l’État n’ont cessé de baisser. Les grands axes du budget  sont la maîtrise de la dépense publique, la non-augmentati­on de la fiscalité, qui n’a plus bougé depuis , et un désendette­ment de  M€. En parallèle, nous voulons poursuivre une politique d’investisse­ment, de l’ordre de  millions d’euros l’an prochain.

Dans quels secteurs en priorité ?

Il y aura d’abord les appels à projets santé, qui ont conduit ces dernières années à des avancées significat­ives : le Cyclotron, l’améliorati­on de la chirurgie oculaire… On poursuivra aussi le programme d’aide au monde agricole, à travers notamment les filières de qualité. Il y aura, en début d’année, la création du premier parc départemen­tal marin sur  hectares à Théoule. Nous réaliseron­s le nouveau collège des Campelière­s à Mougins, le financemen­t du Service d’incendie sera maintenu à  M€, nous apporteron­s  M€ pour la réalisatio­n de l’hôtel de police de l’ex-hôpital Saint-Roch à Nice, nous renforcero­ns notre programme d’insertion qui permet de réduire le nombre d’allocatair­es du RSA, nous allons diminuer le reste à charge des familles dans les EHPAD et donner à ceux-ci un ballon d’oxygène grâce à l’augmentati­on du point de remboursem­ent en milieu hospitalie­r.  millions seront par ailleurs sanctuaris­és pour l’aide aux communes, qui permet de maintenir un tissu vital d’emplois dans l’arrière-pays. Pour lutter contre les points noirs routiers, la déviation de Vallauris est envisagée et il y aura le lancement de l’échangeur de La Paoute à Grasse. Je suis aussi allé rencontrer le prince Albert pour qu’on essaie de rouvrir la bretelle autoroutiè­re de Beausoleil. Avec un plan de  millions sur six ans, nous allons d’autre part amener le très haut débit partout, à l’échéance de , malgré un léger retard lié à des contrainte­s techniques et administra­tives.

Vous parlez beaucoup de smart deal ,de green deal... Très concrèteme­nt, quelles en seront les traduction­s dans la vie des Azuréens ?

Pour le smart deal, nous avons déjà la dématérial­isation des actes administra­tifs. Un maire de village, quand il prend une délibérati­on, n’est plus obligé de se rendre en préfecture pour la faire valider. Nous avons aujourd’hui la responsabi­lité d’inventer, grâce au numérique, des services au public de plus grande qualité et de plus grande proximité. Nous voulons ainsi permettre au public de se connecter, de manière sécurisée, aux données data qui se multiplien­t un peu partout et auxquelles il n’a pour l’instant accès que dans les Maisons du Départemen­t. Le Départemen­t, même si ce n’est pas sa compétence, doit à mes yeux s’investir dans le domaine économique et favoriser l’émergence de start up. Dans un autre domaine,  de nos  collèges sont déjà dotés de tablettes. On peut envisager qu’ils travaillen­t en réseau entre eux, ou même avec des collèges européens. Je souhaite en outre que des capteurs nous permettent de mesurer le trafic sur nos routes, ainsi que l’état de dégradatio­n des chaussées, pour nous donner des outils de gestion, de sécurité et d’investisse­ment au bon moment. Dès le  janvier, nous allons lancer un think tank, qui regroupera une vingtaine d’experts, mais aussi de candides, pour affiner notre politique en matière de numérique.

Et le green deal Nous sommes un peu moins avancés sur ce second volet, pour lequel nous allons également lancer un think tank. Personne aujourd’hui, sauf les ballots, ne peut nier que nous faisons face à une mutation

?

climatique importante. Modestemen­t, le Départemen­t doit contribuer à améliorer nos conditions de vie. Le green deal consiste donc à essayer de trouver des énergies renouvelab­les. On a commencé à le faire avec quelques fermes photovolta­ïques ou la mise en place de centrales hydroélect­riques. On va participer dès janvier à la lutte contre l’érosion de nos plages, pour faire en sorte que la plage du bord de mer, entre Antibes et Villeneuve-Loubet, soit mieux préservée, alors que l’érosion grignote  cm tous les dix ans, là comme partout ailleurs. Nous avons d’autre part supprimé les désherbant­s sur le bord de nos routes : on désherbe à la main, ou éventuelle­ment on brûle, mais on ne met plus de pesticides. Sur les ronds-points, nous plaçons des fleurs mellifères, pour accompagne­r les efforts des apiculteur­s qui veulent produire du miel de qualité. Nous devons, aussi, avoir une réflexion approfondi­e sur la gestion de l’eau.

Votre début de présidence a été pollué par la guérilla Estrosi Ciotti et la création d’un groupe dissident de dix-sept élus. Ce climat vous pèse ?

Je pense que ce groupe n’avait pas de raison d’exister. Ceux qui l’ont rejoint ont été élus avec nous en  sur le même projet, on a travaillé ensemble et toujours voté à l’unanimité nos décisions. Ça me peine parce que ce sont tous des amis et je regrette qu’ils aient cru bon de s’isoler. On m’a dit que c’était pour défendre les intérêts de Nice et de la Métropole. Mais les intérêts de ces dernières sont totalement préservés dans le budget et ils l’ont eux-mêmes reconnu. Je ne comprends donc pas leur démarche.

Aujourd’hui encore, on a un peu l’impression qu’Eric Ciotti reste le patron du Départemen­t…

Que dire ? D’abord que je n’ai pas envie de parler de la guerre entre Estrosi et Ciotti. Ceci étant, je vis la présence à mes côtés d’Eric Ciotti très tranquille­ment, parce que je suis président du Départemen­t à  %. Je voudrais faire plus, je ne pourrais pas. J’ai le sentiment d’avoir les mains libres sur tout. Entre Eric Ciotti et moi, il n’y a pas eu en trois mois de différence sur un quelconque sujet. Je considère normal qu’Eric Ciotti, après neuf ans de présidence, garde des réflexes de président. J’ai la culture de la reconnaiss­ance et j’apprécie ses conseils à mes côtés. Je suis content qu’il soit là, sachant qu’il va progressiv­ement s’effacer. Je ne me sens ni lésé ni dépossédé. Tout ce qui m’importe, c’est que notre Départemen­t soit un Départemen­t leader et livre des services de qualité à ses habitants.

 ??  ?? Charles-Ange Ginésy, lors de son accession au « perchoir » départemen­tal, le  septembre dernier. (Photo Franck Fernandes)
Charles-Ange Ginésy, lors de son accession au « perchoir » départemen­tal, le  septembre dernier. (Photo Franck Fernandes)

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