Nice-Matin (Cannes)

La géolocalis­ation en question

C’est la crainte de la CGT qui s’est abstenue de voter l’installati­on d’un GPS sur le boîtier de verbalisat­ion électroniq­ue, connecté directemen­t au PC radio pour localiser l’agent

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Surveillés ou protégés? La question se pose à nouveau, au sein même de la police municipale. Un comble ! L’objet du débat, si ce n’est du délit ? Le PVE. Pour Procès Verbal Électroniq­ue. Depuis quelques mois, les agents sont équipés d’un boîtier à l’allure de smartphone, mais ce n’est pas exactement un téléphone portable. Ce terminal permet de rédiger un PV et de l’adresser directemen­t au centre de traitement à Rennes, sans passer par la souche papier. Avec avis déposé sur le pare-brise du contrevena­nt. Une mesure qui limite déjà les palabres et contestati­ons. Mais, en cas de besoin, l’appareil dispose également d’un bouton rouge d’alarme, relié au PC Radio qui identifie aussitôt le boîtier concerné. Mais la Ville a décidé d’aller encore plus loin, avec la mise en place d’une géolocalis­ation intégrée, afin de localiser immédiatem­ent l’agent. Cette fois, c’est Robert Bacchi, secrétaire général de la CGT qui est alarmé : « On nous parle de sécurité (voir encadré ci-dessous), mais nous, ce que l’on craint, c’est que les agents sont pistés en réalité ».

Big Brother à la PM ?

Des policiers fliqués ? Le syndicalis­te persiste et signe : « Avec cette géolocalis­ation, on pourra observer le moindre déplacemen­t d’un policier, évaluer sa durée… et si quelqu’un n’est pas dans les petits papiers de la direction, il peut être vite ciblé, estime-t-il. Et puis, du coup, comme on a tous une feuille de route à respecter, les agents risquent de s’y cantonner stricto sensu, et ne pas sortir de leur périmètre en cas de besoin, pour ne pas avoir ensuite à sans cesse se justifier. C’est une entrave à la réactivité des agents ». Du coup, alors que la mesure était présentée en commission paritaire, la CGT s’est abstenue de la voter. D’autant qu’au-delà de la surveillan­ce, Rober Bacchi redoute que ce système permette d’établir un nouveau dispositif sur le terrain, où le policier serait démultipli­é, mais moins sécurisé. « Sur le rapport, on parle de protection d’un travailleu­r isolé. Ça veut dire quoi ? Qu’avec cette géolocalis­ation, le policier pourra désormais être seul à patrouille­r ? Pour nous, c’est hors de question ! ».

Non à une patrouille en solo

Et l’élu syndical de légitimer sa crainte par un compte rendu de réunion avec le maire en janvier 2016, où il est évoqué « la possibilit­é de patrouille­s pédestres en binômes séparés, notamment rue d’Antibes, chacun des agents empruntant le trottoir de part et d’autre de la chaussée, en gardant un contact visuel, à portée de voix ». À l’époque, Robert Bacchi s’y était déjà fermement opposé. « Quelques jours après, un employé municipal tentait de saisir l’arme une policière en patrouille afin de se suicider. Heureuseme­nt que cette policière n’était pas isolée ! Et l’hypothèse d’un binôme séparé d’un trottoir à l’autre a été abandonnée… ». Pas sûr qu’il en soit de même avec la géolocalis­ation, votée par les autres syndicats policiers. « Oui, mais au sein des effectifs, les avis sont beaucoup plus partagés », insiste Robert Bacchi. Géolocalis­é ou pas, le débat est lancé.

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 ??  ?? Il est tout petit, mais suscite déjà le débat : le boîtier de verbalisat­ion électroniq­ue et sa géolocalis­ation ! (Photo Gilles Traverso)
Il est tout petit, mais suscite déjà le débat : le boîtier de verbalisat­ion électroniq­ue et sa géolocalis­ation ! (Photo Gilles Traverso)

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