Un bonheur foot « Mon chouchou, c’est ‘‘Canto’’ » Le niçois de Bernard Morlino
Ce livre est un voyage en ballon, c’est aussi le cadeau idéal pour Noël
Bernard Morlino ne parle pas. Il débat. Il s’enflamme. Il bataille. C’est un passionné. Il en est passionnant. S’entretenir avec lui par téléphone, c’est prendre Bjekovic au marquage. Appel, contre appel. Il est déroutant. Lancé, il est inarrêtable. Le foot l’inspire. Bernard Morlino est écrivain, biographe (Berl, Soupault, Nucéra, Brassens...) ou chroniqueur littéraire. Il tient aussi un blog dans lequel Camus et Cruyff habitent au même étage. Bref, c’est un homme de l’écrit. Pas des chuchotements. Vous l’avez peut-être vu et entendu sur CNews (20h foot). Il est le seul du PAF à placer, quel que soit le sujet, un mot sur Nice. Le plateau télé devient alors un festin de mots gorgés de soleil. Bernard Morlino écrit comme il respire. Un conseil : lisez l’intro de son dernier livre ‘‘Vintage Football Club’’. Ça s’appelle ‘‘Ce n’était pas mieux avant’’. Ces quatre pages méritent à elles seules de courir chez votre libraire. Bernard Morlino explique sa vision du foot. Il regarde devant, derrière. Mais il prévient : « Il ne faut pas confondre nostalgie et mémoire ». Ce texte a un souffle fou. La suite est un cadeau. Idéal pour Noël. Les aphorismes, les noms, les surnoms, les records, les pubs, les larmes, les buteurs, les têtes, les stylistes, les arbitres, les maudits, les shows, les pénos, les duos, les ailiers... Un inventaire à la Prévert. Et puis il y a les portraits. Ils sont quinze (Cruyff, Di Stefano, Eusebio, Garrincha, Best, Kopa, Maradona, Mekhloufi, Pelé, Platini, Puskas, Ronaldinho, Ronaldo, Sindelar, Zidane) rangés par ordre alphabétique. Classés par l’histoire. Un régal ! Bernard Morlino est Niçois. Il a 65 ans. Il vit en banlieue parisienne, mais il le jure : il a passé les plus belles années de sa vie ici. Une de ses plus grandes fiertés est d’avoir écrit l’édito du Gym dans le programme lors des dix dernières années du Ray. Quand sa terre lui manque, il se fait un pan-bagnat ou une pissaladière. Une façon de se rappeler sa mère et sa grand-mère. Avec ce livre, il rend hommage à son père. Et au football. ‘‘Vintage Football Club’’est l’album d’une grande famille.
Vous avez un Panthéon impressionnant. Mais qui est le numéro un de la liste ?
Pelé. On ne l’appelait pas le roi pour rien. Pelé a inventé le football moderne. C’est lui qui a fait ce qu’est le football aujourd’hui. Je suis né en . Tout le monde connaissait Pelé. C’est le premier qui a été médiatisé comme une rock star. Lui, c’était Miles Davis. Un géant. Un génie. Pour les noirs, avant Mandela, avant Obama, il y a eu Pelé. Le plus grand.
Le reste du podium ?
Deuxième : Maradona. Le génie absolu. Il gagnait les matchs tout seul. Le palmarès de l’Argentine (vainqueur de la coupe du monde , finale en ) c’est lui. Sur la dernière marche du podium, il y a foule. Di Stefano, Puskàs, Cruyff. Trois phénomènes.
Platini ou Zidane ?
Platini. Le foot français est mort après Kopa. Platini l’a fait renaître. Il savait tout faire. Meneur, buteur, passeur, créateur, leader. Il était au-dessus de tous. Après, il s’est égaré à la tête de l’UEFA. Zidane était un joueur magnifique, mais Platini, c’est ma jeunesse.
Votre chouchou ?
Cantona. Quand il a signé à Manchester, je me suis précipité pour aller le voir jouer. A l’issue de son e match à Old Trafford, je l’ai attendu à la sortie. Je lui ai dit : ‘’Je suis venu pour toi !’’. Il m’a répondu : ‘’Vous êtes marié ? Votre femme n’est pas jalouse ?’’ Il a ri. On est devenu amis. Depuis, il écrit toutes les préfaces de mes livres sur le foot. ‘’Canto’’, il a le coeur sur la main. C’est un généreux. Sur le terrain, c’était un loup. Dans la vie, c’est un homme bien. On aime le même football. Lui, c’est mon chouchou. Je l’aime. Remplaçants : Aubour, Baratelli, Rossi, Katalinski, Elsner, Barrou, Fontaine, Meslin, Langers. Entraîneur : Jean Snella