Le réservoir d’eau principal de Monaco mis à sec pour réfection
L’Exotique, ouvrage de stockage de la principauté, a dû être vidé de ses six millions de litres d’eau pour endiguer une fuite. L’occasion unique de plonger dans des cuves vitales creusées en 1942
Depuis 1942, les Monégasques butent sur le pas de sa porte très certainement sans même s’en douter. Imperméable aux regards, le réservoir de l’Exotique est niché dans la roche du boulevard de Belgique. Accolé à l’école du Parc, seul un grand pan rocheux, brut et mystérieux, matérialise sa présence. À son pied, une plaque en caractères latins retrace son origine. Derrière cette paroi minérale, deux immenses cuves de 3 000 m3 chacune, taillées dans la pierre. Un enchevêtrement de poutres et de voûtes formant le principal bassin de stockage d’eau potable de la Principauté. Un ouvrage figé dans le temps, mais pas hermétique à son écoulement. En début d’année, une fissure lézardant de part en part les deux bassins a ainsi été détectée, nécessitant la mise en place de travaux sans précédent. « C’est un réservoir construit à l’ancienne. Un bâti en génie civil revêtu d’une couche d’étanchéité et, rien n’étant éternel, ce réservoir a fini par compenser une contrainte qu’il avait et se “casser en deux”», relate le directeur de la Société Monégasque des Eaux (Smeaux), Manuel Nardi. «Se casser en deux.» Une image forte pour des faits bien moins alarmistes. Outre le poids des ans, le réservoir de l’Exotique doit en effet composer avec la frénésie de chantiers en Principauté et ses soubresauts. Autant de percements de tunnels et autres tirs de mines contribuant à créer de subtils jeux de terrain et donc, parfois, une fissure et une fuite. Récemment, les travaux souterrains de l’îlot Pasteur ont ainsi tutoyé les fondations de l’Exotique.
Les travaux confiés à une société Monégasuqe
«On a des regards et, hors pluies, le niveau et la quantité d’eau étaient plus importants. Les analyses ont montré que c’était de l’eau potable, restait à savoir si elle venait du réservoir ou d’une fuite sur le réseau. On a décidé de vidanger 3000 m3 d’une cuve et on a eu confirmation de la fuite », détaille Manuel Nardi. Si chaque cuve est vidée chaque année pour un grand nettoyage, le fait d’avoir deux cuves permettant justement une continuité de service, il a cette fois fallu innover. « Il y avait déjà eu des problèmes d’infiltration par la toiture car ce réservoir a aussi accueilli le Musée d’anthropologie. Des contraintes supplémentaires qui ont créé des infiltrations d’eaux de terrasse. Là, on parle d’une réétanchéification de l’ouvrage lui-même qui perdait de l’eau potable », concède Manuel Nardi. «Il y a plusieurs techniques de réfection de cuve. On aurait pu passer une résine sur la fissure et faire un cuvelage, mais ça nous a été déconseillé au motif qu’en gardant de l’eau dans une cuve le taux d’humidité dans l’ouvrage empêcherait la résine de prendre correctement.» Les travaux ont donc été confiés à une société monégasque spécialisée: MC3R. «Délégataire et concessionnaire faisant un très bon travail », selon Gilles Cellario, directeur adjoint de l’Aménagement urbain. État qui a supervisé le mois et demi de chantier nécessaire à la réfection de la première cuve au printemps et celui, en cours, de la deuxième cuve, dont la livraison est prévue pour la mi-janvier 2018. Des travaux discrets, pour cause ils n’ont aucune conséquence sur les abonnés. «On est plus vigilant avec une seule cuve évidemment, car le marnage est un peu plus rapide. Mais si on ne dit pas qu’il y a des travaux, les gens ne le savent pas. C’est le but de notre métier que les gens ne s’en rendent pas compte ou le moins possible. »