Nice-Matin (Cannes)

Dddddd L’humour était dans le pré

- PHILIPPE DUPUY PH. D

De Philippe Le Guay (France). Avec François Cluzet, Arthur Dupont, François-Xavier Demaison. Durée :  h . Genre : comédie. Notre avis : ★ Au Mêle-sur-Sarthe, petit village De Naomi Kawase (Japon). Avec Masatoshi Nagase, Ayame Misaki, Tatsuya Fuji. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★ Misako (Ayame Misaki) est audiodescr­iptrice de films. Elle passe son temps à décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure pour les malvoyants. Lors d’une projection-test, elle rencontre Masaya (Masatoshi Nagase), un photograph­e au caractère affirmé dont la vue se détériore irrémédiab­lement. Naissent alors des sentiments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit… La réalisatri­ce japonaise préférée normand, les éleveurs sont étranglés par la crise. Georges Balbuzard (François Cluzet), le maire de la ville, décide de tout tenter pour sauver la communauté de la faillite générale… Le hasard veut que Blake Newman (Toby Jones), grand photograph­e conceptuel qui déshabille les foules, soit tombé amoureux de la région et veuille y réaliser un de ses célèbres clichés. Balbuzard y voit l’occasion de faire du buzz pour sa commune. Reste plus qu’à convaincre du Festival de Cannes (Grand Prix 2007 pour La Forêt de Mogari, ses administré­s de se mettre à poil… Avec Alceste à bicyclette et Les Femmes du 6e étage, Philippe Le Guay avait montré un certain talent à trousser des comédies plutôt intelligen­tes. Patatras ! Il se vautre dans la gadoue normande, avec cette comédie paysanne à forte teneur en matière grasse. L’idée de départ (la nudité contre la crise) n’est pas elle était encore en compétitio­n l’an dernier), déçoit un peu très originale (voir The Full Monthy), mais elle aurait pu donner lieu à une bonne comédie sociale sur la crise agricole et le pouvoir de l’image. Sauf que tout cela n’a visiblemen­t pas du tout intéressé le réalisateu­r, qui a préféré filmer des querelles de clocher sans intérêt (un pré mal cadastré), une amourette insipide et les excès de jalousie d’un boucher pour son ex-Miss Calvados de femme. Le tout raconté en voix off, sans qu’on sache trop bien pourquoi, avec ce film bavard, voire verbeux, qui rompt avec la veine par la fille d’un publicitai­re parisien (François Xavier Demaison) expatrié dans le Perche... L’interventi­on du photograph­e conceptuel américain, interprète par Toby Jones, qui aurait pu relever le niveau intellectu­el de l’affaire, façon The Square, est même réduite à son amour contrarié pour... le boudin normand ! Bref, on patauge dans la franchouil­lardise la plus grasse. L’humour était dans le pré (Chollet) : il y est resté. contemplat­ive et élégiaque qui est la sienne. Alors que personne ne filme mieux qu’elle le vent dans les arbres, la brume sur les montagnes, la pluie dans la plaine, l’écume des vagues et celle des jours, la voilà embarquée dans une romance lourdement philosophi­que, où l’on apprend que « rien n’est plus beau que ce que l’on a sous les yeux et qui s’apprête à disparaîtr­e » et d’où il ressort qu’«on ne voit bien qu’avec le coeur ». Merci Saint-Exupéry, à vous Tokyo! Heureuseme­nt, les scènes dans lesquelles la jeune femme part visiter sa mère à la campagne permettent d’alléger un peu la charge philosophi­que, avec, notamment, un formidable moment où Misako, les yeux fermés sur le porche de la maison de sa mère, retrouve les sons de son enfance. Le spectateur retrouve alors la Naomi Kawase qu’il préfère. Celle d’Hotaru (2000) de La forêt de Mogari (2007) ou de Still The Water (2014).

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