Nice-Matin (Cannes)

Petit mais pas costaud

- C. C. C. C.

De Hong Sang-Soo (Corée du sud). Avec Min-Hee Kim, Younghwa Seo, Hae-hyo Kwon. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★★ Quelque part en Europe. Younghee (Min-Hee Kim) a tout laissé derrière elle : son travail, ses amis et son histoire d’amour avec un homme marié. Seule sur la plage, elle pense à lui : elle se demande s’il la rejoindra. Gangneung, Corée du Sud. Quelques amis trinquent : ils s’amusent de Younghee qui, ivre, se montre cruelle à leur égard. Seule sur la plage, son coeur divague : elle se demande combien l’amour peut compter dans une vie. On n’arrête plus Hong SangSoo. Doublement présent à Cannes en compétitio­n avec le sublime Jour d’après et en séance spéciale par La Caméra de Claire porté par Isabelle Huppert (sortie de ce dernier le 7 mars), il a également foulé le sol berlinois pour ce joli portrait de femme, confié à sa compagne Min-Hee Kim, récompensé­e par un Ours d’Argent. Entre rêve et désillusio­n, sa performanc­e, parfois dans l’excès marque indéniable­ment ce film empreint de mélancolie. Toujours aussi inspiré dans sa manière de scruter l’âme humaine, ses désirs et ses regrets, l’artiste sud-coréen brouille, cette fois, le temps lors de cette oeuvre posée, extrêmemen­t dialoguée. Sans surprise on y retrouve les figures de styles visuelles auxquelles il nous a habitués: plans séquences, zoom/dézoom, mouvements de caméra minimalist­es… et des contextes qui lui sont familiers : scènes de beuveries, de remises en question, réflexion sur le cinéma… Une marque de fabrique personnell­e, qui malgré ses récurrence­s, ne donne jamais l’impression qu’Hong Sang-Soo se répète d’une variation à l’autre. La marque du talent. D’Alexander Payne (USA). Avec Matt Damon, Kristen Wiig, Christoph Waltz. Durée :  h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★

Pour lutter contre la surpopulat­ion, des scientifiq­ues mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ douze centimètre­s: le « downsizing ». Certains voient dans ce processus une bonne occasion d’augmenter de façon considérab­le son niveau de vie. Après réflexion, Paul Safranek (Matt Damon) et sa femme (Kristen Wiig) décident donc à leur tour d’abandonner le stress de leur quotidien à Omaha, dans le Nebraska pour vivre cette expérience. Sur un postulat fantastiqu­e alléchant, Alexander Payne brosse un portrait au vitriol de notre société de consommati­on et montre des hommes, qui sous l’excuse de la cause écologique, n’hésitent pas à rétrécir à une taille d’insecte pour améliorer leur cadre de vie. Les relations avec les grandes personnes, leurs droits, l’aspect moral de la démarche… Avec l’iconoclast­e Alexander Payne, aux commandes la satire part sur de bons rails… Puis subitement tout déraille ! Une fois l’américain moyen incarné par Matt Damon miniaturis­é et une amusante rencontre avec un Christoph Waltz trafiquant cabotin, l’entreprise patauge. Oubliant son rapport au monde et occultant totalement la notion de danger lié à une telle entreprise (écrasement, insecte géant…) le réalisateu­r de Monsieur Schmidt, montre que malgré les promesses, les inégalités apparaisse­nt. Il s’attarde donc longuement sur la question des réfugiés, par l’arrivée d’une Vietnamien­ne handicapée au tempéramen­t bien trempé, puis sur le problème de l’écologie lors d’un pénible voyage en Norvège. Thématique­s qui tournent à vide, car survolées et appuyées par trop de poncifs. Au fil de ses deux heures, Downsizing voit donc son intérêt décroître, jusqu’à devenir microscopi­que. Un comble.

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