Une famille grassoise lourdement condamnée pour blanchiment
La riposte n’a pas tardé. Le tribunal correctionnel de Grasse venait de rendre son délibéré, hier après-midi, dans une importante affaire de blanchiment de trafic de stups. Et déjà la défense fourbissait ses armes en vue d’un nouveau procès. Car l’ensemble des avocats avait plaidé la relaxe, lors de l’audience qui s’était tenue du 27 au 29 novembre 2017. Or l’ensemble des prévenus a été condamné. Dès lors, leurs conseils ont aussitôt interjeté appel, imités en cela par le ministère public. Sept prévenus, pour la plupart membres d’une même famille grassoise, comparaissaient libres à la barre. Trois hommes et quatre femmes, âgés de 31 à 49 ans, étaient poursuivis pour une vaste entreprise de blanchiment de trafic de stups. La gendarmerie et le GIR de Nice avaient opéré un coup de filet retentissant, fin 2013, dans le bassin grassois. Rachid Khelif, écroué pour trafic de drogue, était suspecté d’avoir organisé le blanchiment de l’argent sale avec l’aide de ses proches. La justice avait frappé au portefeuille : elle avait saisi au moins 6,5 millions d’euros d’avoirs présumés criminels.
Ils seront rejugés
Criminels ? Impossible, plaidait la défense. Car le trafic n’a pu être établi qu’en avril-mai 2013. Or les poursuites pour blanchiment couvrent la période de... 2009 à 2013. « Une période antérieure aux délits en vertu desquels ils auraient blanchi », pointe Me Jean-Luc Marchio, avocat d’un des protagonistes. Dès lors, les avocats dénonçaient un non-sens juridique, en même temps qu’une enquête menée à charge et des saisies tous azimuts. Le parquet avait requis quatre ans ferme contre Djamel Khelif, frère de Rachid, et quatre ans avec sursis contre les autres. Le tribunal correctionnel présidé par Martin Delage est allé plus loin. Il a infligé cinq ans de prison dont un avec sursis à Djamel, quatre ans dont moitié ferme à son frère Karim et à Sahbi Ganfoud. Certaines compagnes écopent de quatre ans avec sursis. Il a, en outre, ordonné d’importantes saisies de biens immobiliers, loyers, voitures et bateaux, pour une valeur estimée autour d’1,5 million d’euros. Même un parent qui avait bénéficié d’un non-lieu à l’issue de l’instruction a vu ses biens confisqués. La défense a donc fait appel, pour des clients plongés dans l’incompréhension. Le parquet a fait de même. En cas de nouvelle condamnation, la cour d’appel d’Aix pourra ainsi porter la peine jusqu’à dix ans de prison. L’affaire devrait être rejugée fin 2018 ou courant 2019.