Nice-Matin (Cannes)

Réforme constituti­onnelle: de Rugy livre ses pistes et avertit le Sénat

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Limitation du cumul des mandats dans le temps, accélérati­on de la procédure, droit de pétition, neutralité du Net… Le président de l’Assemblée François de Rugy est rentré hier dans le vif du projet de réforme constituti­onnelle, et a mis en garde le Sénat contre tout blocage. Afin que l’exécutif puisse présenter un texte dès févriermar­s en vue d’une adoption à l’été, il compte accélérer le dialogue «constructi­f mais ferme» avec le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher. Pour toute révision de la Constituti­on, un accord entre les deux chambres du Parlement sur un texte identique est nécessaire, puis une majorité des 3/5e des suffrages exprimés du Parlement réuni en Congrès. Emmanuel Macron a prévenu qu’il pourrait recourir au référendum pour la faire adopter en cas de blocage.

Nombreux désaccords

« Les Français nous attendent et seront impitoyabl­es avec ceux qui bloqueraie­nt tout changement visant à répondre à la crise démocratiq­ue », a glissé le président de l’Assemblée. Il a défendu « avec beaucoup de déterminat­ion» la limitation à trois mandats successifs pour les parlementa­ires et les maires des communes de plus de 3 500 habitants, qualifiée de «gadget» par Gérard Larcher. Si ce dernier n’est pas contre la réduction de 30 % du nombre de parlementa­ires, il ne souhaite pas l’inscrire dans la Constituti­on, contrairem­ent à de Rugy. Et le président de l’Assemblée plaide pour 100 députés, sur 400, élus à la proportion­nelle, ce que son homologue regarde avec «méfiance». Autre point sensible : le raccourcis­sement de la navette législativ­e entre les deux chambres, avec toujours le dernier mot à l’Assemblée. De Rugy a souhaité aussi une «profonde transforma­tion du droit de pétition» des citoyens, avec des seuils de signatures déclenchan­t jusqu’à des débats dans l’hémicycle (un million de signatures plus un soutien d’un dixième des parlementa­ires). Il a par ailleurs proposé d’inscrire dans la Constituti­on le principe de la neutralité du Net, menacé aux États-Unis, pour « garantir le libre et égal accès des citoyens». Parmi les autres sujets en vue: la suppressio­n de la Cour de justice de la République, la réforme du Conseil supérieur de la magistratu­re, la compositio­n du Conseil constituti­onnel… Et Jacqueline Gourault, «Madame Corse» du gouverneme­nt, n’a pas exclu hier une référence explicite à la Corse dans la Constituti­on.

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(Photo archives AFP) «Aucune réforme constituti­onnelle de cette ampleur n’a été adoptée alors que la majorité politique était différente entre l’Assemblée et le Sénat», a reconnu le président

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