Nice-Matin (Cannes)

A la pointe de l’attaque

Falcao et Guido Carrillo incertains, c’est Keita Balde qui pourrait évoluer en pointe à Montpellie­r. Pas de quoi perturber le Sénégalais, à l’aise partout. Sur et en dehors du terrain

- MATHIEU FAURE

On le présentait comme ingérable, caractérie­l, gueulard, presque une diva. En tout cas, les échos venus d’Italie présentaie­nt Keita Balde (« sans accent », tient-il à préciser) comme un emmerdeur. En fait, c’est tout le contraire. Le Sénégalais est une crème. Un mec qui, à 22 piges, parle Espagnol, Anglais, Français et Italien. « Vous voulez le faire en quelle langue? » demande-t-il avant de se livrer face à la presse. Certains seraient impression­nés. Pas l’ancien joueur de la Lazio Rome sur qui la pression coule comme sur un ciré. Sur le Rocher, il est comme chez lui. « On est à côté de l’Italie, c’est proche dans l’état d’esprit. Ça ressemble aussi à l’Espagne. Je suis bien, ce sont des paysages qui me parlent » détaille celui qui est né en Catalogne avant de partir en Italie à 16 ans. Recrue la plus chère de l’été (30 millions d’euros) et auréolé d’une flatteuse réputation, l’attaquant a dû composer avec l’ombre de Kylian Mbappé qu’il était censé remplacer dans les faits. L’an dernier, le duo Mbappé-Falcao fonctionna­it à merveille. Cette saison, le Tigre a rugi dans un premier temps avec Mbappé, puis avec Diakhaby, Jovetic et Carrillo sans qu’aucun duo ne donne satisfacti­on sur la durée. Alors dans l’esprit de certains, la paire Keita-Falcao est la plus à même de tenir la barre. Un fixeur et un joueur de mouvement. Arrivé avec un déficit physique criant puisqu’il n’avait pas fait de préparatio­n avec son ancien club, le Sénégalais a mis du temps à trouver son rythme. Des entrées ici et là, quelconque­s, et une petite gêne musculaire ont d’abord conjugué ses premières semaines.

Vendredi 

Puis est arrivé le déplacemen­t à Lyon en octobre. Un vendredi 13. Malgré la défaite dans les arrêts de jeu (2-3), Keita livre un match solide, seul en pointe, et donne une balle de but à Rony Lopes. Viennent ensuite trois matchs de haute volée pour autant de buts : face à Caen, à Bordeaux et contre Guingamp. Les deux derniers sans Falcao, blessé. Une prise de pouvoir ? Trop tôt pour le dire. En tout cas, demain à la Mosson, le garçon devrait rejouer en pointe puisque Guido Carrillo et Falcao sont incertains. « J’ai joué à gauche, à droite, dans l’axe. Je me sens bien partout. Je suis disponible pour le coach », étaye Balde.

« Je ne suis pas compliqué à gérer »

Le dribbleur fou est surtout devenu un joueur d’équipe. A Nice, il est à la passe sur les deux buts. Deux caviars. Deuxième meilleur buteur du club en championna­t derrière Falcao (5 buts), le numéro 14 se sait attendu mais ne se dégonfle pas quand on lui demande s’il s’est fixé des objectifs personnels : « Une quinzaine de buts, autant de passes, ça sera alors une bonne saison ». Arrogant ? Pas le genre de la maison. C’est juste un homme de 22 ans avec une immense confiance en lui. Formé au FC Barcelone, il a pris le chemin de l’Italie à 16 ans. Et quand vous survivez à l’enfer de la Serie A pendant 5 ans, vous prenez de la bouteille. Apaisé, l’internatio­nal sénégalais ? Oui et non. « Je n’ai pas changé. En Italie, c’était différent, la situation était compliquée à la Lazio, je ne suis pas quelqu’un de compliqué à gérer poursuit-il. C’était le meilleur choix de venir à Monaco. J’ai 22 ans, c’est le club parfait pour moi à ce moment de ma carrière. » Même s’il trouve la Ligue 1 « très physique et rapide et les contacts très durs », il s’épanouit à la fois en France mais aussi au sein d’un groupe très hétéroclit­e. « J’aime rire, je mets de la musique, je parle avec tout le monde, je suis quelqu’un qui se mélange très vite, c’est facile » lâche-t-il dans un grand sourire. Pour preuve, à peine arrivé, il a déjà pris sous son aile le jeune espagnol Jordi Mboula, arrivé de Barcelone cet été. Balde : « Quand je suis arrivé à Rome, j’avais 16 ans, j’étais très jeune, je conseille Jordi, c’est mon protégé à Monaco, car je me revois en lui.» A Montpellie­r, Balde devrait jouer en pointe et tenter de semer la défense à trois des Héraultais, la meilleure du championna­t (13 buts encaissés). C’est dans ses cordes. On l’oublie peut-être mais le garçon ira au Mondial en Russie avec le Sénégal où il sera dans le groupe de la Colombie de Falcao et de la Pologne de Kamil Glik. Rien que ça. « Je suis focalisé sur Monaco, on y pensera plus tard. Le dernier entraîneme­nt de la saison je fais un tacle à Glik et hop il ne va pas au Mondial (rires) » conclut-il. Il est comme ça, Keita Balde. Simple et drôle. Au-delà des forfaits habituels de Julien Serrano et Adama Traoré, Leonardo Jardim doit composer avec trois incertains pour le déplacemen­t à Montpellie­r, demain à  heures. En effet, Radamel Falcao est toujours en reprise après sa contractur­e au mollet mais le Colombien a été rejoint dans le rang des incertains par Guido Carrillo, touché à la cuisse droite contre Nice, mais aussi Diego Benaglio. Le gardien suisse est en évaluation pour une douleur au mollet. En revanche, Youri Tielemans postule à une place dans le groupe.

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