Ogier toujours devant
Il aura suffi d’une seule spéciale enneigée, hier, dans ses montagnes des Hautes-Alpes, pour que le leader lessive la concurrence. Nanti de 33’’5 d’avance sur Tänak, la victoire lui tend les bras
Enfin, elle est tombée. Recouvrant durant la nuit d’un manteau immaculé de saison les routes des massifs du Dévoluy et du Champsaur. Enfin, ils ont fleuri. Sur les gommes des animateurs du 86e Rallye Monte-Carlo. Des p’tits clous, des p’tits clous, encore des p’tits clous... Après s’être fait désirer deux étapes durant, telle une diva, dame neige a ainsi décidé de mettre son grain de sel dans le scénario de la manche d’ouverture du WRC 2018. Tant mieux pour Sébastien Ogier. Chez lui, l’enfant sacré des Hautes-Alpes l’attendait de pied ferme, manifestement. Hier matin, à l’heure du laitier, mieux valait ne pas avoir froid aux yeux pour partir à l’assaut des 30 bornes de l’ES 9. « L’une des pires spéciales de ma carrière », avoua plus tard le quintuple champion du monde en quête d’un cinquième triomphe consécutif au pied du Rocher. « C’était dingue. Il y avait énormément de neige fondue. Quelle soupe ! Impossible de se lâcher. On allait au ralenti partout. Exercice super compliqué. J’ai vu des traces partir dans tous les sens devant moi. » Au ralenti partout, vraiment ? Roulant en 10e position, selon l’ordre de passage inversé en vigueur, juste après Ott Tänak, le rival numéro 1 revenu le menacer la veille (2e à 14’’9), le maître des lieux se métamorphose là une énième fois en équilibriste hors norme. Il fait le ménage. Lave plus blanc. Affole le chrono dans les grandes largeurs Et colle plus d’une minute, d’un coup d’un seul, à la Toyota Yaris domptée par son ancien coéquipier, tandis que Dani Sordo, l’autre pensionnaire du top 3 provisoire, part dans le décor, histoire d’accentuer la déroute de Hyundai.
« Limiter la prise de risques »
Reste alors gérer ce coquet capital (1’18’’4 !) sans déraper lors des quatre obstacles suivants. « Plus facile à dire qu’à faire quand le terrain s’avère aussi délicat. Je voulais limiter la prise de risques avant de rentrer à Monaco. Peut-être ai-je été trop prudent, parfois. Notre avance est redescendue à une trentaine de secondes (33’’5, ndlr) mais il n’y a pas péril en la demeure. Demain, sauf caprice du ciel imprévu, on bénéficiera de conditions plus ‘‘tarmac’’. De quoi mieux contrôler la situation. » Demain, c’est tout de suite. Place à l’apothéose azuréenne. Les quatre ultimes épreuves spéciales, 64 bornes chronométrées sur les pentes des cols de Turini et de Braus. Sébastien Ogier le chassé implacable contre Ott Tänak le chasseur déchaîné ! Tout près de réaliser un départ tonitruant dans l’habit de lumière qu’il vient d’endosser, l’Estonien aura-t-il carte blanche pour jouer son va-tout jusqu’au bout ? Avec trois cartouches à disposition (Latvala 3e, Lappi 4e) Tommi Mäkinen, le boss de l’armada Toy’, peut se permettre un tel coup de poker. Rendez-vous au dernier virage...