Nice-Matin (Cannes)

Décès du niçois Jean-Claude Lattès

Issu d’une illustre famille niçoise, Jean-Claude Lattès avait fondé sa maison d’édition en mai 1968 et publié Joffo, Denuzière, d’Ormesson... et bien d’autres

- ÉRIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Un sac de billes fut son premier best-seller. Jean-Claude Lattès a notamment édité Joseph Joffo. En dépit de leurs dix ans d’écart, les deux hommes auraient pu se croiser à Nice. L’un – l’écrivain – était venu s’y réfugier pendant l’Occupation. L’autre y est né, au milieu de la guerre, et conservait pour la ville de son enfance «un grand attachemen­t ». «Mon frère était un vrai Nissart» ,résume affectueus­ement Gérard, un des deux frères de Jean-Claude Lattès. Le célèbre éditeur s’est éteint, hier, à Paris.

Fils d’un conseiller municipal de Jean Médecin

Soixante-seize ans plus tôt c’est donc sur ces rivages de la Méditerran­ée, aux portes du Vieux-Nice, qu’avait débuté l’histoire de sa vie. Dans cette descente Crotti où les Lattès ont installé leur célèbre magasin de tissus... dès 1840. Au lendemain de la guerre, après s’être illustré au sein de la Résistance, Fred Lattès a légitimeme­nt repris l’affaire familiale. Cet ancien conseiller municipal niçois, élu sur la liste de Jean Médecin, passionné de musique et de théâtre, eut trois enfants. Gérard et Éric, frères jumeaux, et Jean-Claude leur aîné qui fréquentât évidemment le lycée Masséna où il eut notamment pour professeur un certain Charles Ehrmann. « Parce qu’à l’époque, c’est lui qui avait en charge les classes préparatoi­res HEC», explique Gérard. C’est ainsi que JeanClaude Lattès intégra l’École supérieure de commerce de Paris. Pourtant, c’est au sein de la rédaction du journal Combat qu’il débute sa carrière en 1966. Dès l’année suivante, il rejoint le monde de l’édition. D’abord en tant qu’attaché de presse chez Robert Laffont. Dont il s’émancipe très vite, puisqu’en mai 1968, Jean-Claude Lattès crée les Éditions spéciales, initialeme­nt avec Jacques Lanzmann, écrivain et célèbre parolier de Jacques Dutronc à France Gall.

« Un réel talent pour dénicher des auteurs »

Quelques années plus tard les Éditions spéciales deviennent les éditions Jean-Claude Lattès dont la marque est aujourd’hui associée à quelques grands noms de la littératur­e: Joffo, bien sûr, mais aussi Maurice Denuzière (Louisiane), Jean d’Ormesson ou encore l’Égyptien Naguib Mahfouz qui obtiendra le prix Nobel. «Mon frère avait un réel talent pour dénicher des auteurs et les conseiller jusqu’à les révéler à eux-mêmes», souligne Gérard qui raconte comment, après avoir publié un reportage d’Amin Maalouf sur les croisades vues par l’Orient, il a incité l’auteur franco-libanais à se lancer dans la rédaction de romans. Ainsi serait né Léon l’Africain, autre best-seller des éditions Jean-Claude Lattès.

Passionné d’Histoire

Cet éditeur indépendan­t aux origines azuréennes a finalement revendu sa maison au groupe Hachette, en 1981, dont il a continué à diriger le pôle livres durant dix ans. Jusqu’à ce que soit venu le temps pour lui de passer de l’autre côté du miroir... ou plus exactement de la page blanche. Jean-Claude Lattès n’était pas seulement un éditeur avisé. Il était aussi écrivain. Son dernier ouvrage, paru en 2012, témoigne de l’une de ses grandes passions: l’Histoire qui n’a peut-être pas retenu le nom du méconnu Agrippa, Le dernier roi des Juifs auquel il a consacré une biographie... Mais qui retiendra sans doute le sien, devenu indissocia­ble de quelques-uns des plus grands auteurs du XXe siècle.

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(Photo AFP) Jean-Claude Lattès lors du Festival du livre à Nice le  mai .

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