06 ou 83 ?
Le Trayas «Favorables, mais avec réserves…» Les riverains, principaux concernés en cas d’éventuel rattachement de ce quartier raphaëlois à Théoule-sur-Mer, prennent la parole
Les maires de Théoule-sur-Mer et Saint-Raphaël n’ont toujours pas pris de décision concernant le rattachement du Trayas aux Alpes-Maritimes.
Pour ou contre, les habitants, premiers concernés, donnent leur avis.
À quelle sauce allons-nous être mangés ? ” Saint-Raphaël nous a abandonnés ”
Pour l’heure, les maires de SaintRaphaël et de Théoule-sur-Mer, Frédéric Masquelier et Georges Botella, sont en pleine réflexion. Ni plus, ni moins, du moins officiellement. Il est donc encore trop tôt pour savoir si le basculement du Trayas – terre raphaëloise – dans le giron de sa voisine théoulienne représente, ou non, un avantage, en matière fiscale notamment. À l’annonce de cette réflexion, les politiques ont été les premiers à prendre la parole. Et bien, c’est désormais au tour des premiers intéressés – les Raphaëlois eux-mêmes, en premier lieu desquels les habitants du Trayas – de s’exprimer sur le sujet... Le Trayas, sourit Henriette Angelier, j’y habite depuis 1968. Le coin est très joli, c’est vrai, tout le monde le dit… Mais nous, habitants, n’y avons aucune commodité! Cela fait bien longtemps que Saint-Raphaël nous a abandonnés.» Assis à ses côtés, Robert Legrand, président de l’association La Girelle – regroupant 97 propriétaires – relève aussitôt: «Que le bureau municipal ait été fermé, en raison du faible nombre de visiteurs par an, je peux le comprendre. En revanche, pourquoi avoir supprimé les tennis ? La clé ne pouvant plus être à disposition au bureau municipal, la Ville aurait pu conclure une délégation de service public avec le comité d’animation du Trayas. C’était la solution évidente pour que nous puissions conserver l’usage de ces terrains. Encore fallait-il la décider…» Mais ce n’est pas tout: «La Poste n’étant plus, elle aussi, il faut désormais aller jusqu’à Agay, soit parcourir un peu plus de dix-huit kilomètres aller-retour pour retirer ses recommandés. Et pour poster ses lettres, il n’y a plus le choix: marcher jusqu’à la boîte qui se trouve en plein virage, à proximité de laquelle il est bien sûr impossible de stationner.» «Il nous reste tout de même le ramassage des ordures et des encombrants, ainsi que les patrouilles des deux polices, raphaëloise et théoulienne», tempèrent Gisèle et Gérard Del Picchia, habitants du quartier depuis plus de cinquante ans. « Certes mais, à côté de cela, il n’y a quasiment plus de bus, hormis trois passages quotidiens correspondant aux horaires scolaires, du lundi au vendredi uniquement», renchérissent en choeur Marie, Daniel et Michael Boulanger, qui comptent aujourd’hui quarante années de vie sur cette portion de littoral. De fait, Robert Legrand en revient : «Le service public n’est plus assuré au Trayas!» Dans l’esprit de ces riverains, la question du rattachement de leur quartier à la commune voisine de Théoule-sur-Mer s’impose donc comme une évidence… « Notre eau, poursuit Henriette Angelier, provient des Alpes-Maritimes. Nos rendez-vous chez le docteur et le dentiste, c’est là-bas que nous les prenons. Idem pour la pharmacie, et les courses que nous faisons aussi de ce côté-là. Nous avons tout à 7 kilomètres seulement, contre plus de vingt pour SaintRaphaël. Sans compter que, bientôt, nous serons reliés à la station d’épuration de Théoule-sur-Mer.» Elle hausse les épaules, tout en jetant un regard aux riverains présents autour de la table. «J’insiste, mais ici nous n’avons rien. Nous sommes abandonnés.» « Sauf fiscalement ! », ironisent Françoise et Jean-Pierre Hostachy. « Bien sûr, reprend de plus belle Henriette, ils ne nous donnent rien mais perçoivent nos impôts. Il serait donc temps de partager avec la commune qui nous offre davantage de services… Ou alors, pourquoi pas, demander notre indépendance!» « Ne soyons pas si drastiques ,la coupe Robert Legrand. Il n’est pas interdit de penser que les maires aient pris conscience que le service public serait meilleur d’un côté que de l’autre. Et c’est évident qu’il l’est. Il ne faut pas leur faire un procès d’intention dès le départ.» D’autant que la question aurait déjà été soulevée par le passé… «Il y a 10-15 ans de cela, des riverains s’étaient rapprochés du maire de Théoule pour évoquer le sujet, mais il n’y avait rien d’officiel. À l’époque, il ne s’agissait que de voeux pieux. Cette fois, ça a l’air d’être autre chose…» Quant à l’ordre dans lequel s’enchaînent les événements, tous s’accordent: « Il est normal que les maires des deux communes aient commencé à discuter pour déterminer ce qu’ils nous proposeront par la suite. Nous pourrons ainsi nous prononcer en connaissance de cause lors de l’enquête publique», à laquelle nul ne se dérobera. Même si… «Désormais, nous attendons de voir à quelle sauce nous allons être mangés. Pour ce qui est des services, le rattachement du Trayas à Théoule tombe sous le sens. Mais, côté fiscalité, il ne faudrait pas que notre facture double. Tout ceci donne matière à réflexion…» Dans un sens comme dans l’autre. In fine, n’y a-t-il donc aucun attachement sentimental à Saint-Raphaël? L’unanimité l’emporte: «Si on aime jouer au tennis et si on n’a pas envie de prendre des risques pour aller poster une lettre, il est difficile d’être encore attaché à Saint-Raphaël. Les sentiments sont parfois condamnés par la réalité. »