Sauver enfin les palmiers grâce à la lutte collective ?
Ouverte à tous, la réunion organisée, le 31 janvier à Antibes, à l’initiative du Collectif méditerranéen pour la sauvegarde des palmiers, prône une action public-privé. Il y a urgence
Une Côte d’Azur sans palmier ? Ce ne serait plus vraiment la Côte d’Azur. Et pourtant. Décelé depuis de nombreuses années sur le pourtour méditerranéen, constaté en 2009 au cap d’Antibes, le charançon rouge, parasite ravageur du fameux Phoenix canariensis, continue à faire des ravages à grande échelle. Et ce malgré des campagnes d’éradication menées par les communes, dans les parcs et jardins publics et, l’obligation pour les propriétaires, de signaler les cas d’infection et de traiter. Autant de directives qui ont fait l’objet d’un arrêté ministériel le 21 juillet 2010, renforcé le 15 mars 2016. Pourtant, le charançon rouge se porte bien et les palmiers disparaissent… La raison ? L’absence de lutte concertée et de mise en place d’un traitement efficace, martèle le Collectif Méditerranéen pour la Sauvegarde des Palmiers (CMSP), constitué par des associations de lutte contre les ravageurs. « Chacun, particuliers, administrations, collectivités territoriales, travaille de façon éparpillée. On voit le résultat. Quel suivi est réellement effectué pour les cas particuliers ? Quel contrôle ? », interroge Raymond Gallo, vice-président du CMSP et d’ELAN qui regroupe des associations au niveau de la communauté d’agglomération de Sophia Antipolis (Casa). D’où l’importance de la réunion organisée, mercredi 31 janvier, au lycée agricole et horticole. Avec une première partie destinée aux administrations, collectivités territoriales et aux professionnels, puis une seconde dédiée aux particuliers.
Près de arbres auraient disparu…
Le but est de convaincre qu’il n’y a qu’une voie pour sauver les palmiers : la lutte collective ! Il y a urgence. Ce patrimoine végétal disparaît et il y a un enjeu de sécurité, les arbres malades pouvant, en tombant, toucher les passants. Selon le SMSP, en région Paca, le nombre de palmiers perdu, depuis 2010, peut être estimé à ce jour entre 120 000 et 150 000. Comment arrive-t-on à ce résultat ? En se basant sur les déclarations volontaires. Puis, en multipliant le chiffre par 4 au 5, « selon les professionnels du secteur, pour approcher la réalité du terrain» .En plus de la perte patrimoniale de certains palmiers, centenaires, le coût des traitements actuels est également pointé. On atteindrait le montant extraordinaire de 700 millions ! « Dont 75 à 80 % supportés par les seuls propriétaires privés » . Bref, « pour sauver les palmiers, il fallait d’abord s’attaquer au ravageur et disposer des méthodes et de l’organisation nécessaire pour éliminer l’hôte indésirable ». Il n’est pas trop tard. Ouf ! C’est ce que s’attacheront à démontrer les différents intervenants, dont Michel Ferry, éminent expert de la FAO, Frédéric Ferrero, directeur du service environnement de la Communauté d’agglomération Var Esterel (CAVEM), Patrice Miran, adjoint délégué à l’environnement à Vence et responsable de l’opération Palmiers06, etc. Des communes et des agglos ont mis en oeuvre cette lutte collective, public-privé. Et les résultats sont encourageants.
L’ensemble des palmiers traités en même temps
« Il faut intervenir sur l’ensemble des territoires infestés pendant au moins trois ans pour éradiquer la population du ravageur », insiste Raymond Gallo. Avec quel traitement ? C’est là que le débat promet d’être mouvementé. La méthode prônée est l’injection de benzoate d’émamectine dans les troncs, de mars à mi-novembre, période d’envol du charançon. Ce traitement phytosanitaire, autorisé par le décret ministériel, est décrié par certains qui l’accusent d’être à terme dangereux pour la santé. « Le produit confiné à l’intérieur du stipe (ou tronc) du palmier, sans contact avec l’extérieur, a été jugé acceptable par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) le 29 janvier 2014. Il est donc très facilement applicable en milieu urbain » rétorque le CMSP. Le Cannet, Vence, Tourrettes-surLoup, Villeneuve-Loubet et Gattière ont franchi le pas : lutte collective, c’est-à-dire traitement de tous les palmiers, et injection dans les troncs. Les autres communes, vont-elles suivre ?