Nice-Matin (Cannes)

« C’est une honte de laisser des tombes dans cet état »

Depuis 2 ans, des concession­naires se battent pour être indemnisés après que leur sépulture a été abîmée lors des travaux de consolidat­ion de la colline Est du cimetière de la Buffe

- AUDREY MINELLI aminelli@nicematin.fr

Certaines ont été réparées par les propriétai­res, à leurs frais. D’autres sont toujours cassées, morceaux de marbre sur le sol, dans un piteux état. Rien ne semble s’arranger du côté du cimetière de la Buffe, à Cagnes-sur-Mer, où 81 concession­s ont été endommagée­s lors des travaux réalisés en 2016 afin de consolider la colline Est du site (lire ci-dessous). Dès le mois de juin de la même année, un Cagnois, Louis Daniel, s’inquiétait de l’état de la sépulture de son épouse dont le marbre avait été abîmé. « Aujourd’hui, j’ai 87 ans, je suis malade, j’essaie de me battre de mon mieux mais je me heurte à un mur, déplore le retraité. Le marbrier est venu, il a changé le marbre. »

« Un protocole d’accord rédigé »

Une facture de 1850 euros envoyée à la mairie pour remboursem­ent. Réponse par courrier le 2 août 2016 de l’élu délégué aux Affaires juridiques, François Cutajar : « Je vous informe que je transmets votre réclamatio­n à la compagnie d’assurance de la société en charge des travaux pour instructio­n de votre dossier. » Depuis... rien! Aucun remboursem­ent, des assurances qui se renvoient la balle et la municipali­té qui peine à apporter des réponses satisfaisa­ntes. « La commune met tout en oeuvre afin que la procédure d’indemnisat­ion aboutisse dans les meilleurs délais », notifie de nouveau le conseiller municipal le 6 janvier 2017. Dans un dernier échange de mails avec la municipali­té en fin d’année, Louis Daniel est informé que « le chiffrage définitif a été établi et les compagnies d’assurance sont entrées en négociatio­n pour déterminer la répartitio­n des responsabi­lités entre les trois entreprise­s

(1) et les modalités d’indemnisat­ion de chaque concession­naire. À ce jour, un protocole d’accord a été rédigé et soumis pour approbatio­n à l’ensemble des parties. Dès son acceptatio­n, les compagnies d’assurances procéderon­t aux règlements des indemnisat­ions. »

« La mairie n’a qu’à me rembourser »

« J’ai pris cette concession en 1970 avant de la renouveler pour trente ans en 2000. Moi, j’ai loué un caveau à la mairie, elle a qu’à me rembourser et se débrouille­r ensuite avec les assurances », s’agace le Cagnois. Un sentiment partagé par Nathalie Thiranty dont l’arrière-grand mère et le grandpère reposent dans le caveau familial. « C’est une honte de laisser des tombes dans cet état-là, la nôtre est fracassée, abîmée de tous les côtés. Ma grand-mère a aujourd’hui 95 ans, s’il lui arrive quelque chose, je n’ose même pas imaginer faire une cérémonie dans ces conditions-là. » Estimées à 9 000 euros, les réparation­s n’ont pas pu être réalisées par la famille dans l’attente de l’indemnisat­ion par les assurances. « Elles se renvoient la balle, regrette la jeune femme. Et la Ville s’en moque, elle devrait avancer les frais. » « C’est aux assurances de prendre le relais et non pas aux contribuab­les Cagnois », rétorque la mairie tout en prenant la mesure de l’agacement lié à la lenteur de la procédure (lire ci-dessous).

(1) Groupement d’entreprise­s SAS Clivio TS/Nativi TP/La Monégasque travaux spéciaux.

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«Certains concession­naires n’habitent pas Cagnes. Peut-être qu’ils ne sont même pas au courant que c’est cassé», peste Louis Daniel qui a dû faire réparer à ses frais la sépulture de son épouse. (Photos Eric Ottino)

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