Nice-Matin (Cannes)

Laura Garavini (PD italien): « Oui, Grillo est un clown »

L’une des douze députés des Italiens de l’étranger était en visite à Nice. L’occasion de faire le point sur des élections générales qui s’annoncent particuliè­rement incertaine­s, le 4 mars

- STEPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Il y a environ 33 000 Italiens dans le départemen­t. Si l’on compte, seulement, ceux qui sont inscrits, à l’A. I. R. E, le registre des Italiens résidents à l’étranger, ce qui n’est pas une obligation. En réalité, ils sont quatre fois plus nombreux dans les Alpes-Maritimes, selon la Chambre de commerce italienne. C’est, avec Paris, la plus grosse communauté italienne de France. L’Italie est en pleine campagne électorale en vue des élections générales du 4 mars. Un scrutin, plus que jamais incertain, avec – globalemen­t – trois grandes forces politiques qui s’affrontent. Le Mouvement 5 étoiles (M5S), lancé par Beppe Grillo, qui ne cherche pas à faire alliance. Ensuite, il y a la gauche. Le parti démocrate de Matteo Renzi, et Liberi e Uguali. Ils pourraient faire la course en tête, si unis… Mais ce n’est pas si simple. Enfin, il y a la droite qui a réussi l’union de partis très disparates, dont deux d’extrême droite, mais aussi Forza Italia de Berlusconi. Laura Garavini est l’une des douze députés des Italiens de l’étranger. Elle a été élue en 2013, sous la bannière du parti démocrate, dans la circonscri­ption Europe. Elle était à Nice, cette semaine, en lien avec la Chambre de commerce italienne de la Ville.

Plus que jamais, cette élection s’annonce incertaine…

Depuis le vote en décembre , où nous avons perdu le référendum pour changer la constituti­on, le parti est divisé et c’est un problème pour le résultat des élections, c’est vrai.

Une alliance est-elle pourtant possible à gauche?

C’est bien toute la question. Nous avons essayé, nous essayons encore de créer une alliance. Parfois, localement c’est possible, comme dans la région de Rome, parfois c’est impossible comme en Lombardie. La question sera surtout: après le vote pourrat-on avoir une alliance au niveau national?

Face à vous, l’extrême droite qui a le vent en poupe alliée à la droite Forza italia de Berlusconi…

Ils sont très différents, disparates, mais, pourtant, ils ont réussi une alliance et c’est un problème…

Comment se positionne­r face à cette force?

Nous devons convaincre que notre bilan est bon, que nous avons de bons résultats au gouverneme­nt ! Car, très objectivem­ent, c’est vrai. Nous avons fait avancer le pays. Nous avons créé  million d’emplois, mis en place de nombreuses réformes comme celle de la justice. Nous avons fait une loi pour aider les entreprene­urs, nous avons fait beaucoup contre la fraude fiscale et la corruption. Et engagé l’équivalent du Pacs chez vous… C’est ce bilan que nous devons défendre.

Mais il y a aussi le problème des migrants que brandit l’extrême droite…

Le nombre de débarqueme­nts sur les plages italiennes a beaucoup baissé avec Paolo Gentiloni (ministre des Affaires étrangères et de la Coopératio­n internatio­nale dans le gouverneme­nt de Matteo Renzi de  à , NDLR). Il a mené de nombreuses actions en Afrique du nord, en Libye ou au Niger, notamment, pour trouver des accords. Ou avec les leaders religieux. Il pousse l’Union européenne à investir dans ces pays pour éviter que les gens n’en partent. On lui doit une loi contre la traite et le trafic des êtres humains.

Et face à vous, encore, lors de ces élections, le difficile à classer Beppe Grillo et son mouvement des  étoiles… Quelles sont vos différence­s?

Radicales, abyssales ! Il ne propose aucune solution aux problèmes de l’Italie, il agite les peurs des gens. Il change d’avis tout le temps dans le peu de propositio­ns concrètes qu’il a.

Un exemple?

Un jour, il veut abolir l’euro, maintenant il ne veut plus…

Pourtant il séduit, pourquoi?

Parce qu’il parle au ventre des gens plutôt qu’à leur tête.

Parfois la presse le présente comme un clown…

Oui, c’est un clown, contre l’Europe, irrespectu­eux des institutio­ns !

Pierre Moscovici, le commissair­e européen, s’inquiète d’un risque pour l’Union européenne si le mouvement des  étoiles obtient une majorité, et vous?

Ce n’est pas possible qu’il soit une force de gouverneme­nt seul. Mais si toutes les droites s’allient, il pourrait obtenir un résultat important: il y a de tout, du très populiste, du très extrémiste. Si Massimilia­no Salini (de Forza italia, NDLR) s’allie à Beppe Grillo, oui c’est un risque non seulement pour l’Italie, mais pour l’Union européenne.

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Xavier Garcia devant les militants, samedi à la permanence niçoise du PS. Ses derniers voeux de secrétaire fédéral ? (Photo Franck Fernandes)
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(Photo S. G.) Laura Garavini à la Chambre de commerce italienne de Nice.

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