« On nous enlève notre histoire, notre patrimoine »
« Cela me révolte. Ce sont des références dans notre région. » Michel a 75 ans. Depuis plus de dix ans, il vient manger ici à Vallauris Plage. Ce matin, il s’est déplacé du Cannet où il réside pour soutenir les employés. Révoltés aussi de voir disparaître ces établissements réputés. « C’est la mort de Golfe-Juan, souffle à côté de lui Guy de Cannes. On ne comprend pas cette décision ! » « C’est surtout la façon de faire qui est scandaleuse, lâche remonté Pierre Guglielmi. Oui, il faut respecter la loi, mais là, c’est d’une brutalité inouie. Ce ne sont pas des bandits tout de même. » Aux côtés des employés, ils sont nombreux à être venus les soutenir. Parce qu’ici les souvenirs sont ancrés depuis plus un demisiècle. Alors forcément…
« Ma mère a fait sa communion ici » « Je me rappelle mon grand-père handicapé qui épluchait les pommes de terre chez Tétou », lâche les yeux rougis une dame. On a tous tellement de souvenirs ici. On le vit mal. C’est notre vie. » « Je suis née là, raconte Yvette, 88 ans, qui évoque sa colère et sa tristesse. Je faisais des pâtés de sable à deux ans sur cette plage. Et en 1932, madame Tétou nous faisait déjà la bouillabaisse. Il n’y avait pas encore le restaurant. Mais cela a commencé comme ça. Ce ne sont pas des commerçants tombés du ciel ! » « Cela fait partie de notre histoire. On ne comprend pas. Que l’on enlève des plages pourquoi pas. Mais là c’est un pan de notre patrimoine ! », s’offusque Michèle Mercier venue avec des photos noir et blanc datant des années 30. On y voit sa mère devant l’établissement chez Tétou. « C’est pour expliquer pourquoi cela nous tient à coeur et pourquoi je suis venue soutenir les employés : ma mère a fait sa communion ici. » Et cette Golfe-Juanaise de lâcher : « On le vit mal de perdre tout ça. On est blessés. »