Nice-Matin (Cannes)

Wauquiez, à droite toute

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Laurent Wauquiez a incontesta­blement gagné ses galons de président de LR. Il avait été élu en décembre par les siens, faute de combattant­s connus ou représenta­tifs, mais il restait néanmoins mal-aimé des Français. En passant son premier oral sur France , jeudi dernier, il a réussi son coup. Du moins auprès de ses militants – mais après tout, pour lui n’est ce pas le plus important ? – qui ont apprécié, lors du Conseil national de samedi dernier, ses tirs tous azimuts contre le président de la République. Comme Emmanuel Macron, mais de l’autre coté de l’échiquier politique, il a bénéficié de l’effet « dégagisme » qui frappe depuis plus d’un an les dirigeants politiques. À gauche, François Hollande et Manuel Valls ont ouvert la porte à Macron. François Fillon a entraîné Les Républicai­ns dans l’abîme, Alain Juppé a marqué ses distances, Jean-Pierre Raffarin a abandonné la politique, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont renoncé à se présenter. Dans ce vide, Laurent Wauquiez a trouvé sa place. Il a désormais quatre ans, ou un peu plus, pour imposer sa ligne, une ligne qu’il construit autour des laissés pour compte de la mondialisa­tion, de la réforme de l’Europe, du protection­nisme, du contrôle des flux migratoire­s, projetant en outre d’abolir la distance qui sépare aujourd’hui les « élites » du peuple. Reste à définir le périmètre de la droite tel qu’il entend la refonder. Il lui faudra trouver le chemin de crête entre le Front national et ceux qui l’ont déjà abandonné pour suivre Édouard Philippe auprès d’Emmanuel Macron. Ramener les frontistes au sein de la droite républicai­ne ? Oui, c’est un de ses objectifs. Mais que se passera-t-il alors, si tous les tenants d’une droite plus ouverte, plus libérale, décident, comme l’a déjà fait une partie des siens, d’aller voir ailleurs ? Laurent Wauquiez a choisi d’incarner une ligne dure. Restée chez les Républicai­ns, Valérie Pécresse, accueillie par les sifflement­s des militants, a fait entendre samedi une autre voix : celle de la réconcilia­tion entre les deux droites. Laurent Wauquiez, lui, n’en voit qu’une, à droite toute. Président élu sans contestati­on de LR, Wauquiez trouvera tout de même face à lui la présidente dynamique de la région Île-de-France. Pas seulement une lutte des ego, mais une vraie lutte politique.

« Ramener les frontistes au sein de la droite républicai­ne ? Oui, c’est un de ses objectifs. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France