AUTO « Toujours sur la corde raide » Le chiffre
Au terme de l’une des courses les plus difficiles de sa carrière, Sébastien Ogier est entré dans la légende de la classique hivernale. Cinq triomphes d’affilée : une série inédite en Principauté
Côté piste, il y avait depuis longtemps Ayrton Senna. Le maître du Grand Prix de Monaco. Le seul. L’unique. Six triomphes conquis sur le mythique tourniquet, son terrain de prédilection. Dont cinq glorieuses consécutives, de de . Côté route, il y a maintenant Sébastien Ogier. Indétrônable depuis , le vainqueur en série gapençais a établi une nouvelle marque, hier, en apposant une sixième fois son empreinte au palmarès du Rallye MonteCarlo. Avec cinq succès à la suite, le voilà qui supplante un certain Tommi Mäkinen - quatre victoires enchaînées entre et -, le patron d’une équipe Toyota qui n’a eu de cesse de harceler la Ford Fiesta du leader. Parfaitement épaulé par l’ami copilote Julien Ingrassia, le Numéro du WRC, bien que patraque, est parvenu à éviter tous les pièges, ou presque, d’une e édition fertile en rebondissements où son meilleur ennemi, Ott Tänak, fut finalement relégué à près d’une minute (’’). La force de l’habitude...
Sébastien, ce cinquième succès d’affilée en Principauté a-t-il une saveur particulière ?
Oui, d’abord parce que ce fut une épreuve difficile. Sans aucun doute l’un des Monte-Carlo les plus compliqués que j’ai disputé. L’état des routes, le choix des pneus : d’un bout à l’autre, on a toujours été sur la corde raide. Impossible de faire la course parfaite. Voilà, nous avons commis quelques petites erreurs. Mais moins que les autres.
On a l’impression que vous avez toujours contrôlé la situation. Vrai ou faux ?
Contrôler, c’est un bien grand mot. J’ai essayé autant que possible de gérer les écarts creusés en début de course pour conserver ma position de leader. Cela dit, vous savez, sur ce terrain si atypique, évoluant constamment, on ne maîtrise pas tout. Il y a
“Que
Sébastien gagne souvent ici, ce n’est pas étonnant. Quand il fait une erreur, il perd moins de temps que les autres. Et quand il hausse le rythme, il creuse des écarts plus importants.”
MALCOLM WILSON (directeur de M-Sport Ford) E
toujours des paramètres qui vous échappent...
Au total, il s’agit de votre sixième victoire ici. L’émotion est-elle toujours aussi vive ?
Bien sûr, si vous n’êtes plus ému en gagnant une telle épreuve, mieux vaut raccrocher le casque ! À mes yeux, le Monte-Carlo représente le challenge absolu. C’est le rallye le plus difficile. Le plus beau, aussi. Il me réussit bien. Tant mieux ! Je suis toujours très heureux d’étoffer mon palmarès ici.
Par rapport à l’édition qui marquait le début de votre collaboration avec M-Sport Ford, vous aviez là beaucoup plus de certitudes et de repères, non?
On était beaucoup mieux préparé, en effet. Nous, le team, la voiture... Mais il en allait de même pour nos concurrents. Avec une saison pleine dans les pattes, tout le monde connaît bien son matériel, désormais. On sait que le WRC version - est ultra-compétitif. Il y a quatre équipes capables de gagner des courses et le championnat, je pense. La bagarre s’annonce à nouveau féroce. Voilà pourquoi je suis content de marquer encore une fois des gros points d’entrée.
Quand Neuville fait une petite faute, le premier soir, il perd quatre minutes. La vôtre, le lendemain, ne vous coûte que trente secondes. Comment expliquez-vous cette différence ?
Je n’ai pas vu la sienne, donc difficile de comparer. Bon, vous savez, en rallye, le facteur réussite pèse parfois dans la balance. Ce que je peux vous assurer, en revanche, c’est que j’ai commis une bourde stupide. Pire qu’une erreur de débutant. La revoir à la télé, après l’étape, ça m’a fait un choc. Je n’en croyais pas mes yeux.
Quel est le secret de vos succès à répétition ici ?
J’ai un bon feeling avec ce rallye. Même en petite forme, comme cette semaine, j’arrive à sentir quand il est possible d’attaquer et quand il vaut mieux garder une marge de sécurité. Cela ne me préserve pas d’un écart de trajectoire, de temps en temps. Mais, je le répète, j’en fais moins que les autres...
Cette mauvaise « crève » persistante, elle vous a beaucoup gêné ?
Oui, quand même. Dans le feu de l’action, l’adrénaline me faisait tenir le choc et la distance. Mais après, chaque soir, une fois le boulot terminé, je m’effondrais un petit peu. Quelle que soit la discipline, un sportif professionnel doit pouvoir puiser des ressources supplémentaires pour atteindre un objectif.
Démarrer fort l’ultime étape en signant le meilleur temps lors du
Ford vient d’apposer sa neuvième empreinte au palmarès du Rallye Monte-Carlo. Les précédents succès d’une voiture frappée de l’ovale bleu avaient été décrochés en (par Ion Zamfirescu), (Gerard Bakker Schut), (Maurice Gatsonides), (François Delecour), (Patrick Bernardini), (Marcus Grönholm), (Mikko Hirvonen) et (Sébastien Ogier).
premier Turini, c’était important ?
Il le fallait afin de rouler plus libéré ensuite. Une grosse trentaine de secondes d’avance (’’, ndlr) pour négocier quatre spéciales, ce n’est pas hyper- confortable. D’autant plus quand on a ou bornes de glace à traverser au Turini. Il fallait marquer le coup tout de suite.
Ott Tänak a été votre rival numéro cette semaine. Le sera-t-il aussi ces prochains mois dans la course au titre ?
C’est un peu tôt pour le dire. Ott s’est intégré chez Toyota vite fait bien fait. Il possède une belle pointe de vitesse et un mental d’attaquant. Donc, comme l’an dernier, il sera l’un des trois ou quatre plus sérieux prétendants. Sûr et certain.