Nice-Matin (Cannes)

«Un malaise? Un animal? Une défaillanc­e?»

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« On ignore les circonstan­ces de ce dramatique accident. C’est trop tôt. L’hypothèse de travail est celle d’une collision », a déclaré Xavier Tarabeux, procureur de la République de Marseille, sur le tarmac de la base Lejay, « sans que l’on puisse déterminer exactement où cette collision a eu lieu, et les conditions exactes dans lesquelles elle est intervenue » . Une hypothèse, et des causes qui posent encore tant de questions… « Nous ne comprenons pas. Ce genre de choses ne peut pas arriver, normalemen­t », témoigne le colonel Lucien, adjoint du général Thierry Le Pichon, commandant l’école. « Les trois instructeu­rs étaient particuliè­rement chevronnés : chacun avait 3 000 à 5 000 heures de vol derrière lui. Pas du genre à être imprudents. Ils connaissai­ent parfaiteme­nt leurs appareils, qui sont très fiables et toujours minutieuse­ment inspectés. Ils connaissai­ent également très bien les lieux, la météo était clémente… » Parmi les militaires, qui n’ignorent rien des risques encourus, il est impératif de comprendre ce qui a pu se produire. Pour que deux appareils tombent en même temps, « cela signifie probableme­nt que l’un a eu un problème, et a touché l’autre, l’entraînant… » s’interroge sur place un habitant d’un village voisin. Mais même dans ce cas : quel problème ? « À ce niveau d’expérience – plusieurs milliers d’heures de vol ! – on peut écarter toute erreur de pilotage. Pas eux », lance, sûr de lui et encore incrédule, un des camarades des victimes sur la base.

Témoignage­s cruciaux Évidemment, tous les scénarios sont possibles. « S’ils n’ont pu commettre d’erreur de pilotage, peut-être une faute d’inattentio­n ? » s’interroge encore le colonel Lucien. « En terme de mécanique aussi, nous sommes sûrs de nos hélicoptèr­es. Nous n’avons aucune appréhensi­on, nous décollons à leur bord comme nous emprunteri­ons notre voiture… » Ou un malaise ? « Ce peut également être une piste. Mais pour info, tous les pilotes font l’objet d’un suivi médical très poussé, avec un check-up complet tous les six mois ». Peut-être une collision avec un ou plusieurs oiseaux, nombreux à fréquenter les rives du lac, qui aurait endommagé un appareil ? « Pourquoi pas ? Tout est possible… » conclut le colonel Lucien. L’enquête aura fort à faire. « Ily a beaucoup d’éléments au sol des deux appareils, qui sont en cours d’examen ». Dès hier, les enquêteurs de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmeri­e nationale ont commencé leurs investigat­ions de terrain. Les témoignage­s pourraient aussi être cruciaux. « Il y a quelques témoins qui sont en cours d’audition. Il faut que l’on puisse éventuelle­ment recueillir d’autres témoignage­s pour conforter les premiers éléments recueillis », a dit le procureur de la République de Marseille. À l’heure du drame, proche de celle de l’entrée à l’école, cette portion de route est assez fréquentée. Et on sait le lac très prisé des pêcheurs.

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Devant un hélicoptèr­e Gazelle, le colonel Lucien, comme ses frères d’armes, veut comprendre comment un tel drame a pu se produire.

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