Nice-Matin (Cannes)

«On pénalise les cibles habituelle­s »

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Farid Ghehiouèch­e est militant fondateur de Cannabis sans frontières.

Votre sentiment sur ce dossier ?

J’ai été auditionné en septembre par la délégation avec d’autres associatio­ns, et là, je suis en colère… J’ai le sentiment qu’en France on patine. En fait, ils ne vont pas dépénalise­r mais surpénalis­er, avec un renforceme­nt des outils répressifs. C’est une réformette cosmétique qui va ajouter un tuyau à l’usine à gaz. Et surtout, on passe à côté du vrai sujet.

Qui est ?

Comment endiguer la consommati­on chez les jeunes. Sur ce point, les politiques sont en faillite et là, ils vont envenimer le problème.

Pourquoi ?

Déjà, ça ne s’adresse pas aux mineurs. Ensuite, on va encore stigmatise­r et pénaliser les cibles habituelle­s : les pauvres et les gens en situation d’exclusion. Et puis ça ne diminuera pas le temps de police comme ils pensent et ça n’augmentera pas les recettes de l’État. En revanche, ça va renforcer le sentiment d’injustice chez les jeunes, les gens paupérisés. Et renforcer l’arbitraire policier. Enfin, une fois de plus, l’aspect sanitaire n’est pas mis en avant.

Que préconisez-vous ?

Il y a urgence à mettre le cannabis à dispositio­n des personnes qui ont une maladie grave, qui souffrent. Si elles essaient de produire elles-mêmes, elles sont considérée­s comme délinquant­es.

Pourquoi militer en faveur de la légalisati­on ?

Cela permettrai­t de réguler le marché du cannabis, le séparer du reste des drogues illicites. Cela améliorera le message de santé publique et la situation des usagers qui se frottent à des milieux criminels.

Comment l’organiser ?

Mettre en place des filières de régulation via des buralistes, avec de la marijuana contrôlée par l’État ou des échoppes avec licence visée par agence de contrôle. Ce serait plus efficace pour améliorer les recettes de l’État et ce serait une réponse contre la criminalit­é et la délinquanc­e.

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