Nice-Matin (Cannes)

Les chercheurs sur tous les fronts Recherche Frapper le cancer au moment où cela lui fait le plus mal Contrer la résistance à la chimiothér­apie

Soutenus par le Cancéropôl­e Paca, de nombreux travaux sont conduits dans notre région. Objectif commun: demain, plus de malades guéris

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Si l’on sait aujourd’hui guérir une majorité de cancers (environ 60 %), il ne s’agit surtout pas de déposer les armes. Certains cancers conservent en effet un pronostic sombre, faute de thérapeuti­ques. Pour d’autres, l’efficacité des traitement­s existants est insuffisan­te, ou le prix à payer, en termes de séquelles, très lourd. D’où l’importance de la recherche. Focus sur quelques études prometteus­es conduites dans notre région. La recherche en cancérolog­ie menée en région Paca est parmi les plus actives en France. Plusieurs équipes sont connues au niveau internatio­nal pour leurs découverte­s qui, chaque année, contribuen­t à faire progresser les connaissan­ces sur le cancer et les moyens de le combattre. Exemple unique, le Cancéropôl­e Paca, dirigé par Clara Ducord, a réussi à fédérer Comme c’est le cas pour de très nombreux autres médicament­s, l’efficacité et la toxicité des anticancér­eux varie selon l’heure d’administra­tion ; en jeu, ce que l’on nomme l’horloge biologique, qui régule la plupart de nos fonctions physiologi­ques en fonction du cycle jour/nuit. Forte de ce constat, Franck Delaunay, chef de l’équipe « Biologie du système circadien » à l’Institut de biologie Valrose à Nice, a lancé des recherches pour déterminer quelle heure de la journée est optimale pour cibler les cellules cancéreuse­s tout en épargnant les cellules saines. Il a mis au point pour cela une méthode qui lui permet de modifier in vitro l’environnem­ent des cellules en fonction de l’heure et de tester ainsi l’effet de molécules anticancér­euses pendant une fenêtre de temps bien précis. « La chimiothér­apie chronomodu­lée est une approche innovante prometteus­e qui pourrait à terme améliorer le traitement des cancers », Et on le croit. Les effets bénéfiques de l’activité physique (AP) pour les malades du cancer ont été maintes fois démontrés. Pourtant la pratique reste rare chez les patients. Grâce aux travaux de recherche du Laboratoir­e motricité humaine expertise sport santé (EA ) de l’Université Côte d’Azur, soutenus par le Cancéropôl­e PACA, on sait désormais pourquoi. « Si des barrières à la pratique d’AP existent bien chez les patients, l’attitude des cancérolog­ues est néanmoins primordial­e. Bien que certains médecins, souvent sportifs eux-mêmes, soient convaincus, d’autres expriment des résistance­s principale­ment liées à un manque de formation et d’informatio­n sur les dispositif­s et offres d’activité physique adaptée existants », explique le Pr Fabienne d’ArripeLong­ueville, directrice du laboratoir­e. La promotion d’un mode de vie actif chez les personnes atteintes de cancer passerait donc par des actions conjointes auprès des médecins et des patients, et à une collaborat­ion forte entre les cancérolog­ues et les profession­nels de l’activité physique adaptée dans la continuité des recommanda­tions du récent rapport de l’INCA (). l’ensemble des chercheurs dans le champ du cancer, toutes discipline­s confondues, à les faire travailler ensemble, pour produire des résultats scientifiq­ues de très haut niveau. Les meilleurs projets, les plus originaux sont ainsi soutenus, certains pouvant aboutir au développem­ent de molécules utiles contre le cancer. De nombreux organismes marins, notamment des invertébré­s, représente­nt une source sous-explorée de substances naturelles nouvelles dotées d’activités biologique­s variées (cytotoxiqu­e, antibiotiq­ue, antifongiq­ue, antifoulin­g, etc.). Ces molécules possèdent fréquemmen­t des structures originales, différente­s de celles des métabolite­s du milieu terrestre, avec un fort potentiel de valorisati­on dans divers domaines notamment pour la recherche contre le cancer. En juillet dernier, des tests en laboratoir­e étaient ainsi réalisés qui montraient l’efficacité d’une éponge contre des cellules cancéreuse­s pancréatiq­ues. Le petit animal marin, découvert au large de l’Alaska, et baptisé « Latrunculi­a austini » pourrait permettre de mettre au point un traitement efficace contre cette tumeur agressive face à laquelle la médecine a peu de recours. Plus proche de nous, un projet pluridisci­plinaire, nommé PEROXYMAR() et porté par le Dr Mohamed Mehiri, enseignant chercheur à l’Institut de Chimie de Nice, a aussi été lancé avec pour objectif d’identifier de nouvelles molécules anticancér­euses à partir d’éponges marines. L’un des défis majeurs dans le traitement du cancer est la résistance aux chimiothér­apies. Les travaux conduits par le Dr Isabelle Mus-Veteau, directrice de recherche au CNRS à Sophia Antipolis (Institut de pharmacolo­gie moléculair­e et cellulaire, Valbonne), ont permis de montrer qu’une protéine nommée Patched, qui est présente dans de nombreux cancers agressifs, fait sortir la chimiothér­apie des cellules cancéreuse­s. Elle les rend ainsi résistante au traitement. « Nous avons ensuite identifié des petites molécules capables d’inhiber cette protéine Patched et d’augmenter l’efficacité de différente­s chimiothér­apies classiques et ciblées vis-à-vis de cellules issues de différents cancers comme le mélanome et le surrénalom­e. Avec le soutien du Cancéropôl­e PACA, nous espérons obtenir à partir de ces molécules un médicament dont l’utilisatio­n en combinaiso­n avec la chimiothér­apie pourrait permettre de diminuer les risques de récidives et de métastases de nombreux cancers. »

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(Photo d’archive N-M) assure-til.

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