Les chercheurs sur tous les fronts Recherche Frapper le cancer au moment où cela lui fait le plus mal Contrer la résistance à la chimiothérapie
Soutenus par le Cancéropôle Paca, de nombreux travaux sont conduits dans notre région. Objectif commun: demain, plus de malades guéris
Si l’on sait aujourd’hui guérir une majorité de cancers (environ 60 %), il ne s’agit surtout pas de déposer les armes. Certains cancers conservent en effet un pronostic sombre, faute de thérapeutiques. Pour d’autres, l’efficacité des traitements existants est insuffisante, ou le prix à payer, en termes de séquelles, très lourd. D’où l’importance de la recherche. Focus sur quelques études prometteuses conduites dans notre région. La recherche en cancérologie menée en région Paca est parmi les plus actives en France. Plusieurs équipes sont connues au niveau international pour leurs découvertes qui, chaque année, contribuent à faire progresser les connaissances sur le cancer et les moyens de le combattre. Exemple unique, le Cancéropôle Paca, dirigé par Clara Ducord, a réussi à fédérer Comme c’est le cas pour de très nombreux autres médicaments, l’efficacité et la toxicité des anticancéreux varie selon l’heure d’administration ; en jeu, ce que l’on nomme l’horloge biologique, qui régule la plupart de nos fonctions physiologiques en fonction du cycle jour/nuit. Forte de ce constat, Franck Delaunay, chef de l’équipe « Biologie du système circadien » à l’Institut de biologie Valrose à Nice, a lancé des recherches pour déterminer quelle heure de la journée est optimale pour cibler les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines. Il a mis au point pour cela une méthode qui lui permet de modifier in vitro l’environnement des cellules en fonction de l’heure et de tester ainsi l’effet de molécules anticancéreuses pendant une fenêtre de temps bien précis. « La chimiothérapie chronomodulée est une approche innovante prometteuse qui pourrait à terme améliorer le traitement des cancers », Et on le croit. Les effets bénéfiques de l’activité physique (AP) pour les malades du cancer ont été maintes fois démontrés. Pourtant la pratique reste rare chez les patients. Grâce aux travaux de recherche du Laboratoire motricité humaine expertise sport santé (EA ) de l’Université Côte d’Azur, soutenus par le Cancéropôle PACA, on sait désormais pourquoi. « Si des barrières à la pratique d’AP existent bien chez les patients, l’attitude des cancérologues est néanmoins primordiale. Bien que certains médecins, souvent sportifs eux-mêmes, soient convaincus, d’autres expriment des résistances principalement liées à un manque de formation et d’information sur les dispositifs et offres d’activité physique adaptée existants », explique le Pr Fabienne d’ArripeLongueville, directrice du laboratoire. La promotion d’un mode de vie actif chez les personnes atteintes de cancer passerait donc par des actions conjointes auprès des médecins et des patients, et à une collaboration forte entre les cancérologues et les professionnels de l’activité physique adaptée dans la continuité des recommandations du récent rapport de l’INCA (). l’ensemble des chercheurs dans le champ du cancer, toutes disciplines confondues, à les faire travailler ensemble, pour produire des résultats scientifiques de très haut niveau. Les meilleurs projets, les plus originaux sont ainsi soutenus, certains pouvant aboutir au développement de molécules utiles contre le cancer. De nombreux organismes marins, notamment des invertébrés, représentent une source sous-explorée de substances naturelles nouvelles dotées d’activités biologiques variées (cytotoxique, antibiotique, antifongique, antifouling, etc.). Ces molécules possèdent fréquemment des structures originales, différentes de celles des métabolites du milieu terrestre, avec un fort potentiel de valorisation dans divers domaines notamment pour la recherche contre le cancer. En juillet dernier, des tests en laboratoire étaient ainsi réalisés qui montraient l’efficacité d’une éponge contre des cellules cancéreuses pancréatiques. Le petit animal marin, découvert au large de l’Alaska, et baptisé « Latrunculia austini » pourrait permettre de mettre au point un traitement efficace contre cette tumeur agressive face à laquelle la médecine a peu de recours. Plus proche de nous, un projet pluridisciplinaire, nommé PEROXYMAR() et porté par le Dr Mohamed Mehiri, enseignant chercheur à l’Institut de Chimie de Nice, a aussi été lancé avec pour objectif d’identifier de nouvelles molécules anticancéreuses à partir d’éponges marines. L’un des défis majeurs dans le traitement du cancer est la résistance aux chimiothérapies. Les travaux conduits par le Dr Isabelle Mus-Veteau, directrice de recherche au CNRS à Sophia Antipolis (Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire, Valbonne), ont permis de montrer qu’une protéine nommée Patched, qui est présente dans de nombreux cancers agressifs, fait sortir la chimiothérapie des cellules cancéreuses. Elle les rend ainsi résistante au traitement. « Nous avons ensuite identifié des petites molécules capables d’inhiber cette protéine Patched et d’augmenter l’efficacité de différentes chimiothérapies classiques et ciblées vis-à-vis de cellules issues de différents cancers comme le mélanome et le surrénalome. Avec le soutien du Cancéropôle PACA, nous espérons obtenir à partir de ces molécules un médicament dont l’utilisation en combinaison avec la chimiothérapie pourrait permettre de diminuer les risques de récidives et de métastases de nombreux cancers. »