Nice-Matin (Cannes)

Isabelle,  ans: « Cette absence, c’est moi…»

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« Allongez-vous! » « Non, pas pour ce que vous allez me dire. » « Vous avez un cancer. » « Combien de temps il me reste?» Isabelle, une Niçoise de 47 ans, est capable, des années plus tard, de restituer mot pour mot l’échange qu’elle a eu avec son médecin à la suite des résultats de la biopsie. « Dans ma tête, j’allais mourir. Mais aussitôt le médecin a réagi : « Ça se soigne, ça se guérit. » «On va tout m’enlever?» «Oui, oui, on va vous enlever tout le sein. » «Non, ce que je veux, c’est que vous m’enleviez les deux seins. » «Vous êtes trop radicale! » Isabelle n’entendra pas raison. Même si l’examen IRM ne révèle la présence de lésions que dans un sein, il lui est « tout simplement impossible » de s’imaginer avec un seul sein. « C’était moche. Et, je ne voulais pas non plus de reconstruc­tion… Ça ne me correspond­ait pas, ce n’était pas moi. » Ses médecins vont accéder à sa demande, et ne le regrettero­nt pas : l’analyse des tissus montrera que le risque de récidive de son cancer sur l’autre sein était finalement très important. Secrétaire médicale de formation, Isabelle ne succombera pas à la tentation de se renseigner sur le Net. « Je ne voulais pas me polluer la tête avec tout ce qui circule sur les forums de nanas Je ne me fiais qu’aux documents « officiels » transmis par mon médecin, par La Ligue (Isabelle va se tourner rapidement vers cette associatio­n, au sein de laquelle elle intervient aujourd’hui comme bénévole). » Avec les années qui se sont écoulées, Isabelle peut l’affirmer : « Je suis rentrée en guerre contre le cancer. Et j’ai gagné. Mais comme guerre, elle a laissé des traces…» Et elle désigne sa poitrine : « L’absence, c’est moi. Je me souviens même plus de moi avec des seins. » La vraie inquiétude d’Isabelle, c’est le travail. Victime des effets secondaire­s des traitement­s, elle est aujourd’hui en longue maladie. « Dans mon travail, on n’a pas pris en compte mon cancer à mon retour. “Vous n’avez plus de cancer”, m’a-t-on dit, sans tenir compte de ma fatigue, de mes douleurs, de mes problèmes de concentrat­ion surtout… Qu’est ce qu’on va pouvoir me proposer lorsque je vais retravaill­er ? »

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