Nice-Matin (Cannes)

Patricia,  ans : « Ça ne me plaît pas de mourir un  août »

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« Ça ne me plaît pas de mourir un  août… » Pliée en deux dans le hall du Centre Antoine-Lacassagne, victime d’effets secondaire­s de sa chimio, Patricia jette un coup d’oeil sur son téléphone et fait cette drôle de réflexion en découvrant la date. On est en août  ; quatre mois plus tôt, l’azuréenne de  ans a subi une ablation des deux seins, associée à un curage ganglionna­ire. « J’avais deux tumeurs à gauche, deux à droite, et les ganglions étaient touchés des deux côtés. Mais jamais jusqu’à ce  août je ne m’étais dit que mon cancer allait me tuer. Dans la famille, toutes les femmes vivent très vieilles ! », raconte-t-elle avec cet humour décalé qui fait bouclier. Mais, alors qu’elle « attaque » sa quatrième séance de chimiothér­apie, Patricia est « victime d’une méga aplasie médullaire (baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes, Ndlr) ». Conduite ce  août  en urgence au centre Lacassagne par sa soeur et son beau-frère, Isabelle se dit qu’elle « vaypasser » . « Et puis, j’ai pensé ce que j’avais dit à mon neveu : “je ne vais pas mourir, je te le promets, et tu sais que je tiens toujours mes promesses”. J’ai traîné partout sa photo et celle de mes deux petites nièces. À chaque fois que ça n’allait pas, je me disais : “demain, je les vois…” » Patricia ne lâchera plus rien à la maladie. Victime de douleurs musculaire­s, articulair­es, de neuropathi­es, licenciée en  pour inaptitude (elle occupait jusque-là le poste de responsabl­e administra­tif dans une entreprise de matériel médical – sic –), ne touchant plus aujourd’hui que  % de son salaire (elle en est en invalidité, catégorie ), elle est aujourd’hui bénévole à la Ligue. Une bénévole extrêmemen­t active qui met son expérience profession­nelle (et personnell­e) au service des malades ; elle anime notamment des ateliers d’aide administra­tive. « Je suis au taquet. Si je m’arrête, je dors », plaisante-telle. Son sourire reste pudique sur les souffrance­s qu’elle continue d’endurer. Elle préfère évoquer ce que « la maladie [lui] a apporté de bien » : « Sans elle, je n’aurais pas rencontré ces gens géniaux (à la Ligue), et je ne me serais sans doute jamais investie dans l’aide sociale. Avant, j’avais cette phrase : aide-toi et le ciel t’aidera ! Ici, je comprends les besoins d’aide de tous ces malades qui cumulent les difficulté­s… Mon caractère a changé ; autrefois, j’étais anxieuse, je me faisais du souci pour tout. Aujourd’hui je relativise… Finalement, si ce n’est la douleur, je dirai que le cancer a été une expérience positive… »

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