Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL «Jeme sens plus costaud »

Bassem Srarfi s’est confié pour la première fois depuis son arrivée en France, il y a un an

- VINCENT MENICHINI ET WILLIAM HUMBERSET

Arrivé à Nice il y a tout juste un an contre , million d’euros, Bassem Srarfi a vu sa cote grimper ces dernières semaines. Auteur du but de la victoire à Toulouse, en novembre, le Tunisien a ce soir-là fait basculer la saison du Gym dans le bon sens. Depuis, il enchaîne les matchs et le fait plutôt bien, même s’il semble en avoir encore sous la semelle. A  ans, Srarfi a découvert un nouveau monde. Pour la première, il se raconte. « A l’école, ce n’était vraiment pas ça, confiet-il. J’ai d’ailleurs arrêté à seize ans. Il ne me restait que le football. »

Qu’est-ce qui a changé dans la vie de Bassem Srarfi depuis un an ?

Plein de choses... Je me sens plus costaud physiqueme­nt. J’ai mis tout en oeuvre pour résister aux impacts. Quand je suis arrivé en Ligue , cela m’a surpris. En Tunisie, on ne travaille pas du tout la musculatio­n. C’est du jeu et de la technique. Les premières fois que j’ai touché une barre, j’ai eu des courbature­s de partout. J’en fais désormais trois fois par semaine. Mais bon, je ne pourrai jamais rivaliser avec Walter (Benitez) (rires). Lui, il est trop costaud, une vraie machine.

Qu’est-ce qui manque le plus quand on quitte son pays, à seulement  ans ?

Ce n’est pas facile de quitter le cocon familial. Je vivais avec mes parents. Je ne pensais qu’au football. Le reste, je n’y pensais même pas. Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter à cette nouvelle vie. Je ne connaissai­s pas la France, ne parlais pas la langue...

Il a notamment fallu changer certaines habitudes alimentair­es, n’est-ce pas ?

(e Oh oui (rires) ! Au Club Africain, il n’y avait aucune restrictio­n avant les matchs. On pouvait manger ce que l’on voulait, comme à la maison (sourires). Ici, ce n’est pas possible. Lors de la première mise au vert, je me suis servi une assiette avec des pâtes, de la sauce tomate, du fromage et plein d’autres choses. Le docteur m’a expliqué qu’il fallait manger de manière équilibrée. Cela m’a surpris. Maintenant, je fais attention. Quand ma mère est là, elle me fait de bons petits plats, mais seulement après les matchs.

Que connaissie­z-vous de l’OGC Nice avant votre arrivée ?

C’est une équipe qui joue bien au ballon. Cela m’a convaincu au moment de choisir ce club (il était également en contact avec Lille, ndlr). Quand tu vois qu’il y ades joueurs comme Balotelli, Dante, ça donne envie également.

Lucien Favre ne vous a pas lancé de suite en Ligue . Avez-vous douté durant ces mois passés sur le banc, voire avec la réserve ?

J’étais persuadé que j’allais progresser. Donc, non, je n’ai jamais douté. Pendant les six premiers mois, on ne perdait pratiqueme­nt jamais et il y avait de grands joueurs comme Belhanda ou Eysseric. Il fallait être patient. C’est ce que m’avait dit Julien Fournier au moment de ma signature. Un an après mon arrivée, je me sens prêt à m’imposer dans le onze. Nice me suivait depuis un moment. Le club croit en moi, je le sens.

Les exploits d’Hatem Ben Arfa

vous ont-ils inspiré ? Hatem, je le connais bien car on est du même quartier à Tunis. J’ai même joué dans l’équipe de son neveu (Stade Tunisien). Lors du dernier ramadan, on a fait des matchs ensemble. Il me parlait de Nice. J’ai toujours aimé le joueur. On aurait préféré qu’il choisisse de jouer pour la Tunisie (sourires).

Si on vous dit que vous avez réalisé votre match le plus abouti à Metz, vous en pensez quoi ?

Je suis d’accord. Physiqueme­nt, c’est le match où je me suis senti le mieux. Avec Mario (Balotelli), c’est très simple de jouer au ballon. On n’a même pas besoin de se regarder. Quand je rentre au pays, tout le monde me demande des maillots de Mario.

Que vous apporte Lucien Favre au quotidien ?

Il est très important. Il m’a toujours beaucoup parlé, donné plein de conseils, même lorsque je ne jouais pas. Il me disait d’être patient, que ça allait venir.

Votre but de la victoire à Toulouse ( novembre dernier), c’est le déclic ?

Bien sûr, c’est mon premier but en France et, en plus, il offre trois points à l’équipe. C’était parfait, j’ai couru partout.

Au sein de votre famille, il y avait des sportifs ?

Mon père jouait au football. On le surnommait “Diego” comme Maradona. Il jouait numéro dix. Mes parents viennent très souvent à Nice me voir. J’ai envie de rendre fier mes proches.

Vous préférez évoluer dans l’axe ou sur un côté ?

(Direct). Sur un côté, le droit même...

En Tunisie, votre style de jeu plaît beaucoup...

Oui, car c’est un

‘‘ pays de passionnés, de fanatiques qui préfèrent voir des gestes techniques, des petits ponts, plutôt que des longs ballons devant.

Avez-vous simplifié votre jeu à Nice ?

Oui, car en Ligue , si tu perds un ballon, ça peut faire but dans l’action qui suit. Je m’attache à ne pas déséquilib­rer l’équipe.

Les supporters du Club Africain suivent de très près vos performanc­es...

C’est un club de passionnés, le plus populaire de Tunisie. Pour eux, je serai toujours un “clubiste”, mais ils sont devenus supporters du Gym. Il faut être costaud pour supporter la pression si jeune. Quand on perdait, on ne pouvait pas sortir dans la rue. Quand on gagnait, ça pouvait par contre être la folie à la boulangeri­e avec des photos, des autographe­s, etc. Mes potes regardent tous mes matchs. Ils me disent qu’il faut faire ceci, qu’il faut faire cela, mais je n’y prête pas trop attention (rires).

Vous avez croisé Daniel Sanchez au Club Africain (coach de  à ) ?

Oui, c’est lui qui m’a permis d’intégrer l’effectif profession­nel.

Et Yoann Touzghar (ex-Grasse), aussi ?

On a joué ensemble au Club Africain. Je le connais bien. Il va souvent à Grasse, je sais. Lors de mon premier match, je lui ai fait une passe décisive.

En septembre dernier, vous avez été appelé pour la première fois en sélection nationale...

Le Barça. C’est un bon message. Je veux jouer la Coupe du monde en Russie. C’est même un rêve.

Avec Mouez Hassen (le gardien prêté à Châteaurou­x est sollicité pour intégrer les Aigles de Carthage) ?

On en parle... Mouez veut y aller aussi. Ce serait sympa d’avoir deux Niçois à la Coupe du monde.

A l’entraîneme­nt, y a-t-il un joueur plus compliqué que les autres à dribbler ?

Je vais dire Dante, il a une telle expérience. Il sent les coups comme personne. Jamais, je n’oserai lui mettre un petit pont, Lui, c’est respect ! Malang (Sarr) en prend pas mal, Mario aussi, parfois, dans les toros. Mais ça ne l’amuse pas du tout (sourires).

Le club de vos rêves ? Les supporters niçois ?

Ils me font penser à ceux du Club Africain. Ils sont chauds. J’adore la ville également, me balader dans le Vieux-Nice, ça me rappelle chez moi. Il y a plein de Tunisiens, d’ailleurs (sourires).

Vos objectifs avec le Gym ?

Rejouer la Coupe d’Europe la saison prochaine. Avant ça, pourquoi ne pas aller au bout en Ligue Europa ?

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