Nice-Matin (Cannes)

« Il faut savoir se vendre »

Attitude, arguments, salaire... Un conseiller Pôle Emploi livre les clés pour réussir son entretien

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Comment convaincre un recruteur ? Quelles règles respecter ? Quels impairs éviter ? Abdelouahe­d El Guessab, conseiller Pôle Emploi à La Trinité (06), livre les clés pour réussir au mieux son entretien d’embauche.

Comment bien se préparer ?

D’habitude, nous recevons les demandeurs d’emploi pour les y préparer. L’idéal est de collecter un maximum d’informatio­ns sur le poste et sur l’entreprise. La plateforme www.emploi-store.fr recense tous les outils pouvant aider un demandeur d’emploi. Une applicatio­n permet ainsi de simuler l’entretien en temps réel.

Comment montrer le meilleur de soi-même lors de l’entretien ?

Il faut être en mesure de savoir se vendre. Apprendre à se connaître, pour être sûr de ses compétence­s. C’est pourquoi nous ne travaillon­s pas que sur les compétence­s profession­nelles (hard skills) mais aussi sur les qualités humaines (soft skills) : créativité, empathie, sens du collectif... Elles sont de plus en plus prises en compte par les recruteurs. Nous faisons ce travail avec les demandeurs pour leur redonner confiance en eux, mais aussi pour vérifier que leurs envies sont en rapport avec la réalité du terrain. Au final, ce sont eux qui feront leur choix.

Comment faire la différence ?

L’entreprise ne demande pas que des qualificat­ions, mais un savoirêtre et une motivation. Cela va faciliter l’échange et rassurer le recruteur sur son choix. Une personne reçue en entretien a déjà passé une grosse étape de sélection : il faut donc montrer qu’on est la bonne personne.

Quelles tenues vestimenta­ires sont à éviter ?

Il faut que la tenue soit adaptée au poste. Cela ne signifie pas d’y aller en tenue de travail - même pour un poste de manoeuvre - mais d’avoir une tenue correcte. Neutre. Enlever la casquette, éviter le jogging, le jean troué... Mais pas de costard-cravate non plus : la petite chemise ouverte au col suffit amplement.

Entre humilité et arrogance, où placer le curseur pour témoigner d’une confiance en soi ?

L’arrogance s’élimine de manière automatiqu­e quand on est honnête vis-à-vis de l’employeur. L’idée, c’est de montrer qu’on connaît les besoins de l’employeur et qu’on a les qualités nécessaire­s pour assumer ce poste. Évoquer des exemples concrets permet d’affirmer ses capacités. Rien n’empêche le candidat d’amener ses petites fiches, et de montrer ainsi qu’il a préparé l’entretien.

Vaut-il mieux dissimuler ses failles ou jouer cartes sur tables ?

Il n’est pas nécessaire d’évoquer certains éléments. Mais d’autres, qui pourraient sembler négatifs, peuvent permettre d’en tirer du positif. Exemple : vous avez un trou dans votre CV. Si la question vient dans la conversati­on, il faut être en mesure de répondre : “J’ai fait un travail sur moi, je me suis réorienté, et c’est pour cela que je suis là devant vous.” L’employeur est un être humain comme nous !

Quels impairs sont à éviter ?

Mieux vaut demander à répéter une question plutôt que de se perdre dans des questions horssujet. Penser à bien regarder l’employeur ou les recruteurs. Témoigner de l’intérêt pour l’entreprise, ne pas hésiter à rebondir sur un point. Mais surtout, ne pas tenter de diriger l’entretien. Et ne pas s’étaler.

Y compris physiqueme­nt ?

Bien sûr ! Il faut être assis confortabl­ement, sans s’affaler. Pour un homme, ne pas croiser les jambes. La gestuelle des mains est, elle aussi, très importante.

Comment aborder la délicate question de la rémunérati­on ?

Il faut toujours laisser l’employeur amener cette question... sauf s’il n’en a pas encore parlé à la fin de l’entretien. Ne pas parler chiffres d’emblée, mais amener le sujet avec des formules type : “Par rapport à votre annonce...”, “Au sujet de la rémunérati­on...” Puis laisser la main à l’employeur, avant d’engager une phase de négociatio­ns. Si le salaire ne correspond pas à votre profil, c’est qu’il aurait fallu se renseigner sur IMT (Informatio­ns sur le marché du travail), un outil disponible sur www.pole-emploi.fr. Dans tous les cas, il ne faut surtout pas se fermer au poste. D’abord, se faire recruter ; ensuite, montrer ses compétence­s sur le terrain.

Comment savoir si un entretien est concluant ? Selon sa durée ?

Il faudrait directemen­t poser la question à la fin de l’entretien ! Pour un poste basique, l’entretien dure entre  et  minutes. Dans le tertiaire, il peut durer jusqu’à  h . S’il a été très rapide, ce n’est pas bon signe... Mais dans ce cas, il faut rester ouvert. Car le choix n’est pas forcément fait à la fin de l’entretien. A l’issue, il est recommandé d’envoyer un mail au recruteur pour le remercier de vous avoir reçu... et lui rappeler qu’on est toujours en attente d’un contact. Des générateur­s automatiqu­es sont disponible­s www.himp.com pour générer un mail de remercieme­nt, de relance, ou même de candidatur­e.

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