Nice-Matin (Cannes)

La grosse colère des radios associativ­es privées des crédits de la Région

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Dans les studios grassois de Agora Côte d’Azur, on a beau refaire les comptes, ça ne passe pas. Un courrier de la Région Paca vient de mettre le feu aux poudres. Cette missive, du 8 janvier dernier, rompt brutalemen­t la convention qui liait la Région à la Fédération régionale des radios associativ­es du Sud-Est (FRASE) jusqu’au 31 décembre 2018. Crédits coupés. Alors, dans les locaux biscornus de l’empierrée rue Tracastel, on fait grise mine. « Cette décision va nous coûter au moins un poste », tranche, amer, Gilbert Andrucciol­i, 79 ans. Fondateur parmi d’autres d’Agora Côte d’Azur en 1982, il est le président de la Fédération des radios associativ­es du Sud Est. Une figure du milieu, depuis l’ère héroïque des radios libres.

Une quarantain­e d’emplois menacés

Gilbert Andrucciol­i a sorti la calculette : cette mesure unilatéral­e représente aux alentours de 300 000 euros de subvention­s perdues pour les radios associativ­es. « Soit près d’une quarantain­e d’emplois supprimés en Paca.» Jusqu’ici, le conseil régional soutenait les 40 radios associativ­es de Paca au moyen d’une subvention annuelle de fonctionne­ment, et, de manière triennale, par une aide à l’équipement. L’incompréhe­nsion est donc totale. D’autant que la subvention 2017 a été supprimée sans préavis alors que l’argent était déjà engagé par beaucoup, et qu’il faudra faire une croix sur les aides de 2018. Soit, pour le seul exemple d’Agora Côte d’Azur, 20 000 € en moins sur un budget de 150 000 €. La suppressio­n des contrats aidés avait déjà sérieuseme­nt pénalisé les radios associativ­es. Tout comme le lent mais constant désengagem­ent financier des collectivi­tés locales. Combien de temps tiendronte­lles à ce rythme ? Au cabinet de Renaud Muselier (lire ci-contre) ,onmet en avant les réductions drastiques des aides d’État, et un besoin de se recentrer « sur les missions de la région ». Les radios associativ­es ont pourtant une place essentiell­e dans le paysage radiophoni­que : Agora Côte d’Azur à Grasse ou Menton, Radio Chalom, Clin d’oeil FM à ValbonneSo­phia Antipolis, RCF Nice, Radio Vallée Côte d’Azur à Menton et bien d’autres. « Supprimer les radios associativ­es reviendrai­t à revenir quarante ans en arrière », regrette Gilbert Andrucciol­i. L’économie de ces stations est souvent fragile. Elles ne tirent aucuns revenus de la publicité et vivent essentiell­ement des aides publiques. La fin de non-recevoir de la Région chagrine Gilbert Andrucciol­i. « Je demande juste à ce que nous soyons écoutés et reçus. Il ne s’agit pas d’engager un bras de fer politique. Nous sommes en mesure d’entendre qu’il faut diminuer des crédits, mais de là à les supprimer sans autre forme de procès, c’est non. » Véritable service public de proximité, ces radios sont l’âme de nos régions. Elles constituen­t également un vivier de formation essentiel pour les jeunes journalist­es ou animateurs radio. Un exemple, un seul. L’actuel rédacteur en chef de NRJ, Patrick Sanchez, a fait ses débuts chez Agora Côte d’Azur où lui avait été confiée la tranche d’infos matinale...

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(Photo Grégory Leclerc) Une grande partie de l’équipe d’Agora Côte d’Azur, qui émet depuis Grasse et Menton.

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