À Isola, une bataille judiciaire qui dure depuis plus de ans
Depuis la fin des années 70, la station d’Isola 2000 n’a guère eu de chance avec ses aménageurs successifs. A l’hiver 1979, c’est un certain Ziad Takieddine, le même qui s’illustrera des années plus tard dans le Karachigate, qui reprend les rênes de la station. Suit, dans les années 90, un drôle d’attelage au rang desquels figure la bellefille de Jacques Toubon. Ce qui vaudra d’ailleurs aux deux d’être mis en examen avant de bénéficier d’un non-lieu pour des avantages qu’ils auraient perçus. Il faut dire que la gestion de la station est alors à ce point chaotique que la société d’exploitation se retrouve vendue à la barre du tribunal de commerce. C’est l’imprimeur varois Bernard Riccobono qui la sauve de la faillite. Mais son plan de redressement tourne court. La municipalité et le conseil départemental cassent son contrat et exigent la restitution des quelque 130 hectares inclus dans la zone d’aménagement d’Isola 2000. L’imprimeur s’y refuse tant qu’il n’a pas obtenu réparation du préjudice qu’il estime avoir subi. Un interminable bras de fer judiciaire s’engage alors. Il n’est toujours pas terminé. En dépit d’une décision du Conseil d’État qui, selon Jean-Marie Bogini le maire d’Isola, a donné gain de cause à la commune. Mais l’avocat de Bernard Riccobono ne l’entend pas ainsi. Me Gilles Broca accuse la commune de « squatter » des biens, notamment une soixantaine d’appartements, qui appartiendraient à son client, « acte notarié et arrêté de la cour à l’appui ». « Il faut savoir que M. Riccobono est aussi propriétaire du front de neige », assure-t-il.
Aménagement gelé Ce qui est sûr c’est que cette guerre de propriété, qui dure depuis dix-huit ans, a de lourdes conséquences pour la station. Car tant qu’elle n’est pas réglée, impossible de construire le moindre aménagement immobilier : «On a investi 25 à 30 millions d’euros pour avoir un domaine skiable formidable, rappelle le maire, mais pour bien l’exploiter, il faudrait construire 10 à 12 000 lits supplémentaires destinés à la location. Nous disposons de 50 000 m2 disponibles, mais en attendant tout est gelé. »