Tous chauffards?
La délinquance routière a fait victimes dans le département en , cinq depuis le début de l’année. Comment se déroule un stage de sensibilisation? Un motard renversé par un automobiliste témoigne.
Cinquante-cinq tués dans les Alpes-Maritimes en 2017. Déjà cinq en janvier en 2018. La tragédie permanente. Nice-Matin est allé à la rencontre des chauffards de la route. Non pour juger, mais pour comprendre. Par quel mécanisme se retrouve-t-on responsable d’un accident ? Nous nous sommes glissés dans un stage de sensibilisation à la sécurité routière. Y participent des gens qui viennent récupérer des points. Mais surtout des conducteurs contraints par la justice à être là : par le biais de la composition pénale, de la peine complémentaire et de l’alternative aux poursuites judiciaires. Ce qui frappe ? L’absence de profil type. Des gens comme vous et moi. Des étudiants, des commerciaux, des cadres, des commerçants, des ouvriers.
Une réalité complexe
Mais s’ils sont impossibles à reconnaître, comment les distinguer ? Le Larousse nous enseigne qu’un chauffard, c’est un « conducteur d’automobile d’une imprudence dangereuse ». Un fou du volant, un trompe-lamort, un casse-cou roulant à tombeau ouvert ? La réalité est plus complexe. «Tout le monde va faire des erreurs sur la route qui vont avoir des conséquences plus ou moins importantes, indique une psychologue intervenant régulièrement dans le domaine de la prévention routière dans les Alpes-Maritimes. Quand le niveau de risque n’est plus absorbable par l’environnement, le véhicule, les personnes autour, à ce moment-là on appelle ça un accident.» Un accident est donc avant tout la conséquence d’une conjonction de facteurs et nous sommes l’un de ceux-là par nos petites ou grandes imprudences. « La part de grands chauffards, il n’y en a pas beaucoup. C’est surtout Monsieur et Madame tout le monde qui, a un moment donné, commet une erreur. Il la minimise souvent, et s’il réussit à la commettre sans qu’il ne se passe rien, il la commet de nouveau. Jusqu’à la sanction, l’accident.» Notre rencontre avec Karim, dans la salle des pas perdus du tribunal correctionnel de Nice (voir ci-contre) est instructive sur l’aveuglement de certains face à leur comportement routier. Alors, sommes-nous les bons conducteurs que nous pensons être ? Peut-être pas tant que ça. S’interroger sur nos pratiques, voire les remettre à jour via un stage, c’est déjà progresser sur le chemin d’une meilleure sécurité routière.