Expo: le monde de Mao au Watergate par Marc Riboud
Ses clichés, présentés par le musée de la photo André Villers jusqu’au 4 juin, sont mondialement connus. Que ce soit le peintre de la Tour Eiffel, si intensément parisien, publié en 1953, ou la jeune fille à la fleur, symbole du mouvement pacifiste, en 1967. Marc Riboud, photo reporter à l’agence Magnum, décédé en 2016, est un incontournable de la photo française. Et son oeuvre, esthétique et troublante, marque par la puissance émotionnelle des visages et des postures qu’il a saisi. Elle agit aussi comme un électrochoc en faisant défiler les événements majeurs d’une époque de l’histoire du monde, de 1952 à 1985.
clichés
En visitant l’exposition, et les 42 clichés qu’elle contient, on s’aperçoit à quel point ses images nous appartiennent. Elles ont forgé, comme celles d’autres photographes du vrai, notre perception du monde. Elles flottent, présentes, dans la mémoire collective. Et cet ancrage semble se perdre, irrémédiablement, dans un passé submergé par un trop plein d’images virtuelles sur lesquelles personne ne s’arrête. Cette impression accompagne la nostalgie du noir et blanc et de l’argentique. Et celle d’une époque où l’image était rare, précieuse. Où elle était l’oeuvre de professionnels ou d’artistes. Une époque où elle se méritait et revêtait un sens profond.
La vérité dans le quotidien
Idéaliste, Marc Riboud l’était jusqu’au bout de l’objectif. De la Chine maoïste, au Watergate. De l’enterrement de Fernand Léger, aux dockers de Liverpool. Il a parcouru la planète pour rendre compte de l’histoire. Et il le faisait dans l’élan d’une époque qui croyait en une harmonie possible. Peut-être. Fidèle à la vérité de l’ordinaire, il disait : «Il ne faut pas se laisser aller à photographier l’exceptionnel [...] Dans un reportage, la vérité se situe dans le quotidien. » Et sa vision juste de son apport au monde rend son oeuvre exceptionnelle : «La photographie. Elle ne peut pas changer le monde, mais elle peut montrer le monde, surtout quand il change. La photographie peut apprendre à voir, peut donner envie de voir, et ainsi donner le goût de vivre. »