Le PLU validé Questions à «Au-delà des engagements, il faut des actes concrets»
Michel Dessus, président de la Chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes
En fin de journée, le président de la CAPG a revêtu quelques instants le costume de maire de Grasse. Jérôme Viaud a repris la parole avec le sourire. Celui que l’on tient lorsque l’on a appris une bonne nouvelle. « Je tiens entre mes mains l’avis d’arrêt du Plan Local Urbanisme par le préfet des Alpes-Maritimes, validant les grandes orientations concernant l’agriculture pour les trente prochaines années. Entre et , la commune de Grasse a perdu hectares de terres agricoles, dont ont servi à l’habitat individuel. Il est dit que hectares de terres comportant un potentiel agronomique avéré, ont retrouvé un classement agricole. Cette démarche a vu la surface agricole de Grasse se multiplier par cinq. La politique d’accompagnement des différents acteurs du territoire devra suivre. » Un bilan sur cette journée ? Il est positif. On a des engagements qui vont être écrits et signés par le président de la CAPG. J’estime qu’aujourd’hui, au-delà des engagements, il faut des actes et j’espère que l’année prochaine nous aurons des actes concrets.
Est-ce que l’agriculture est un secteur en crise ?
On ne peut pas dire qu’il soit en crise mais il est en difficulté. Nous avons des freins. Aujourd’hui, on a pu débattre sur certains sujets. On a la chance dans le département d’avoir une spécificité sur des niches de production. On a des consommateurs à la recherche de ces produits-là. On a des difficultés sur le foncier et l’aspect réglementaire, ce sont des soucis quotidiens dans une exploitation agricole.
Ce département est différent des autres ?
Oui car il y a de petites exploitations agricoles familiales, des niches de productions où on a des petites quantités et peu Pour l’occasion, un grand panel de professions agricoles était représenté : maraîchers, éleveurs, apiculteurs, horticulteurs… Tous désireux de parler de leur activité et de participer aux débats.
est éleveuse à la ferme de l’Escaillon, dans le haut pays grassois, à Thorenc. Dans l’exploitation familiale, avec son mari, ils élèvent des vaches Aubrac (pour la viande) et Abondance (pour le lait), des cochons et ont une basse-cour. Ce qu’ils produisent, ils le transforment de salariés. Je n’envie pas les grands éleveurs ou les autres filières aujourd’hui qui sont surendettés et des bâtiments au top du top et des tracteurs énormes mais ils sont endettés toute leur vie.
Et à Grasse ?
Ce n’est pas différent des autres communes. Je remercie le maire d’avoir organisé les assises. Il a montré sa volonté politique de développer le secteur agricole, notamment par le PLU, c’est un acte fort.
L’agriculture a donc sa place ici ?
Bien sûr. C’est une activité et le vendent principalement dans leur ferme pédagogique, qui accueille des groupes de visite. Ils tiennent aussi des chambres d’hôtes. Lors des assises, leurs produits (pâtés, fromages, saucissons…) étaient proposés au buffet, qui a eu un grand succès, et c’est leur viande qui a été cuisinée pour le repas du midi. Fabienne est passionnée de la nature, puisqu’avant de rencontrer son mari, elle était technicienne forestière et elle est convaincue que l’agriculture a un avenir dans le pays grassois. « Cette place, elle l’a déjà, affirmet-elle. D’ailleurs, il n’y a pas beaucoup de terrains en friche. Bien sûr, il ne faut surtout rien perdre et faire attention à l’urbanisation qui ronge les terrains agricoles ». Si elle est positive quant au statut de la profession, elle pointe quand même quelques dysfonctionnements. économique comme une autre. On mérite d’exister et on est fière d’être agriculteur.
Un agriculteur aujourd’hui c’est quoi ?
C’est plus qu’un technicien de la terre, c’est un chef d’entreprise. Il y a tout un volet administratif, de la comptabilité etc. nous sommes soumis à une certaine fiscalité et traçabilité des ventes avec des caisses enregistreuses. Le métier est en train de changer, il faut se remettre en question.
Pour un jeune, c’est un secteur intéressant ? « Ilya un manque de cohérence et de communication pour faire connaître et vendre le territoire, souligne Fabienne. Il faudrait faire quelque chose pour véhiculer une meilleure image qui attirera plus de monde, peutêtre avec l’aide des offices du tourisme. Mais il y a un réel potentiel », conclut l’éleveuse avec le sourire. Des agriculteurs sont parfois venus de loin pour faire entendre leurs voix, comme les membres du syndicat interprofessionnel de l’olive de Nice, qui compte des adhérents dans tout le département.
oléicultrice à Spéracèdes, en fait partie. « J’ai commencé cette activité en 2000, et je fais partie du syndicat oléicole depuis 15 ans. Je suis aussi, entre autres, élue à la commune, et je fais le relais des retours politiques de la CAPG pour mes collègues », explique-t-elle. Claude a repris une exploitation familiale d’oliviers à l’abandon depuis On retrouve des jeunes qui sont dans un changement de vie total. On trouve des anciens informaticiens par exemple. C’est difficile car il faut trouver du foncier, mettre en place un plan prévisionnel, de monter une entreprise agricole, etc. À la Chambre d’agriculture, nous sommes là pour les soutenir et les aider. Il y en a plus de en attentes aujourd’hui qui ont l’idée de s’installer. 50 ans, alors qu’elle travaillait dans la parfumerie avant. Par amour pour le patrimoine. Et dans le respect de l’environnement. « Chez moi, tout est naturel. Nous utilisons plusieurs méthodes de production pour un résultat 100 % bio », raconte l’agricultrice. Le pays grassois, c’est 11 producteurs d’olives et 4 moulins à huile qui font la force du territoire. Le syndicat oléicole était bien sûr particulièrement intéressé par la conférence sur la prédation et plus précisément sur la xylella fastidiosa, bactérie qui transmet des maladies potentiellement mortelles aux oliviers.